L’urgence d’une réelle diplomatie économique pour la création d’un véritable label Tunisie.
L’économie tunisienne est toujours en pleine difficulté. Elle n’arrive toujours pas à réagir, malgré les quelques embellies annoncées ici et là, au niveau du tourisme notamment et qui risquent d’être de simples éclaircies provisoires.
Et cela est d’autant plus vrai que la plupart des fondamentaux économiques sont encore en berne, ce qui empêche encore l’économie nationale de prétendre à un bon rythme d’investissement et surtout de création de richesses.
Et c’est cette défaillance de création qui contraint nos décideurs à recourir, à chaque fois, à la place financière internationale pour répondre à des besoins, de fonctionnement surtout. Le Conseil d’administration du FMI vient d’approuver, d’ailleurs, le versement d’une nouvelle tranche de prêt de 249,1 millions de dollars
Et ce recours instantané et spontané au marché financier international est en train d’alourdir significativement notre dette extérieure qui devrait se situer, d’ici peu, aux alentours de 72%, comme l’affirme justement Moody‘s, dans son dernier rapport.
Cette politique passive, comme ne cessent de la qualifier nos experts économiques et financiers, ne peut plus durer, car à haut risque et pourrait menacer sérieusement notre souveraineté. Nos décideurs doivent en effet penser au-delà du provisoire et se concentrer encore plus sur l’essentiel, c’est-à-dire le stratégique. Et cela suppose, bien entendu, une planification sérieuse et une gestion en profondeur.
Cette gestion en profondeur doit absolument tenir compte, comme le souligne le rapport de redressement économique 2018-2019, réalisé tout récemment par le Centre international Hédi-Nouira de prospective et d’études pour le développement, de certains fondamentaux stratégiques.
De tels enjeux supposent toutefois, comme le soulève le rapport, des dispositions bien particulières.
En plus des questions habituelles, relatives notamment à la réhabilitation économique, l’assainissement de l’environnement des affaires, la compétitivité, et l’apaisement social, et qu’on a déjà évoqué sur ces mêmes colonnes, l’intérêt doit porter d’abord sur la politique monétaire et également commerciale.
• Encadrement et stabilisation du taux de change
• Le rapport donne ainsi toute son importance à la nécessité de «favoriser parallèlement à l’amnistie de change la création de comptes en devises au profit des travailleurs tunisiens à l’étranger même en dehors de l’hypothèse du retour définitif, en appliquant des taux d’intérêt incitatifs».
En parallèle, l’on estime qu’il est nécessaire aujourd’hui de trouver les formules adéquates pour atténuer les pressions sur le dinar. tunisien. Un tel objectif repose certainement sur la stabilisation et l’encadrement du taux de change, à travers surtout «l’adoption d’un tunnel de fluctuation», comme cela a été le cas au Maroc.
Egalement, on pense qu’il est primordial aujourd’hui que l’Etat incite «les opérateurs économiques à négocier des lignes de crédits commerciaux, surtout à moyen terme, pour les importations en provenance des pays avec lesquels la Tunisie accuse des déficits commerciaux élevés».
Le rapport trouve qu’il est important aussi de revenir progressivement sur certaines mesures de libéralisation financières, décidées avant 2011, alors que la situation du pays à l’époque le permettait.
L’on estime par ailleurs que l’amélioration de l’efficacité de la politique aussi bien monétaire que commerciale repose aussi et en grande partie sur l’amélioration de l’image de marque du pays et l’importance d’en faire tout un label.
Reste qu’une telle exigence a besoin de l’instauration d’une véritable diplomatie économique, actuellement quasi absente.
Il est vrai que depuis quelque temps, le pays a, comme le soulève le rapport, de moins en moins de relais à l’extérieur, ce qui explique les revers essuyés tout au long de la période écoulée, les dégradations successives de la notation et la présence de plus en plus fréquente de notre pays sur les listes noires.
Le taux d’inflation a augmenté considérablement en juin 2018 pour atteindre 7,8%, impactant considérablement les capacités financières des ménages et des entreprises.
Le déficit de la balance commerciale à prix courants s’est aggravé, durant le premier semestre de 2018, pour se situer à 8,16 milliards de dinars, a annoncé, hier, l’Institut national de la statistique (INS).
Les avoirs en devise ont baissé pour s’établir à 71 jours d’importation au 6 juillet 2018, selon la Banque centrale de Tunisie. Un niveau assez bas, sachant que le seuil sécurisant est de 90 jours d’importation.
3 article(s) trouvé(s)