Sport d’élite : Cnot, lâchez du lest SVP !

Le Cnot fait son travail. Il est capable de faire mieux, en aidant davantage le sport national,  surtout en ces années difficiles, en contribuant à l’amélioration de l’infrastructure tunisienne dans des sports où la Tunisie est souvent dignement représentée, en tirant le maximum de ce qu’accorde le CIO pour contribuer à l’expansion du sport dans le monde.

Nous avons pu accéder à la liste des athlètes qui bénéficient d’une bourse olympique. Mais nous avons voulu être sûrs que nos informations étaient fondées et nous avons demandé au Cnot de nous la fournir de manière officielle.  Voici la réponse qu’il a bien voulu nous donner :

– Natation : Mohamed Ayoub Hafnaoui

– Taekwondo : Khalil Jendoubi, Firas Gattoussi, Chaima Toumi

– Lutte : Marwa Amri, Khadija Jelassi, Sarra Hamdi

– Judo : Nihel Cheikhrouhou

– Haltérophilie : Karem Ben Hnia, Aymen Bacha, Ghofrane Belkhir

– Athlétisme : Marwa Bouzayeni

– Escrime : Farès Ferjani, Hamed Ferjani

– Tir : Olfa Charni

Nihel Cheikhrouhou (judo) et Marwa Amri (lutte) s’étant reconverties en entraîneurs, la liste ne contient plus que 13 athlètes. Une commission mixte Cnot-MJS-DTNs retiendra les athlètes les plus aptes à réaliser des performances aux JO Paris 2024 pour continuer à bénéficier de la bourse olympique.

Cela a été fait de manière parfaitement professionnelle et rapide. Nous les remercions, mais…

Il y a un mais en effet. Jenhaoui et Jaziri, champion universitaire américain, pour ne citer qu’eux, qui étaient en Championnats du monde d’athlétisme n’y figurent pas.  Tout en précisant que Jenhaoui a été envoyé en Italie sur intervention de la Fédération tunisienne d’Athlétisme. Le ministère de la Jeunesse et des Sports s’en inquiète très peu. Le Cnot lui accorde une enveloppe de vingt mille dinars pour… l’aider. D’autres noms manquent à l’appel alors qu’ils ont du potentiel et ont fait leurs preuves.

Comment expliquer que des athlètes puissent être  négligés de cette manière et comment élucider le mystère, qu’à onze mois des Jeux Olympiques de Paris, on doit  attendre une… réunion pour décider de la mise à jour de la liste?

A quoi servent dès lors leurs performances et leurs participations à des meetings de haute valeur ?

Ses quatrièmes JO… 

Contactées, un certain nombre de fédérations, nous ne dirons pas lesquelles, nous ont assuré que les athlètes leur appartenant ont reçu l’argent leur revenant fin décembre 2022, alors que le Cnot l’a perçu fin mai. Pourquoi ce retard, si retard il y a ? Ces contretemps de toutes les manières sont malvenus. Ils empoisonnent l’atmosphère et déconcentrent les athlètes.  Y a-t-il au moins un seul qui comprenne  ce que ressentent des athlètes qui ont une famille et qui sont bien obligés de tout sacrifier pour s’entraîner et être au niveau requis ?

Dans le même ordre d’idée, Marwa Amri s’est convertie en entraîneur. C’est une excellente opportunité, mais il n’en demeure pas moins qu’elle a encore du potentiel. Qui a décidé cette reconversion  qui pénalise cette lutteuse  et la prive d’une revalorisation de sa carrière ?  Cela aurait pu être en sa qualité de sportive africaine et arabe, ses quatrièmes JO ! Et cela n’aurait pas été un cadeau,  au vu de sa valeur et de son expérience. A-t-on posé la question ? Son retour à la compétition reste toujours possible et nous espérons qu’il en sera ainsi. Quelle est la position de la Direction des Sports d’élite ?

Corps et âme

En attendant, sera-t-elle définitivement à l’abri et ses vieux jours garantis ? Aura-t- elle une retraite digne de ce qu’elle a sacrifié ou finira-t-elle comme beaucoup de ceux qui ont joué à la cigale en s’adonnant corps et âme à leur sport?

C’est un point d’interrogation auquel il faudrait répondre, car la reconversion des athlètes d’élite est une des préoccupations du CIO. Le Cnot a-t-il tenu compte de cet aspect de la question pour toutes et tous ceux qui ont servi et risquent de rester à quai, faute de programme de reconversion digne de ce nom, à même de permettre à ces sportifs d’élite de vivre une vie décente? Nous y reviendrons.

Pour revenir aux bourses, celles prévues  pour l’année 2023 ne semblent pas encore à l’ordre du jour.

Dans le cas contraire, il faut l’expliquer à qui de droit et ne pas laisser le doute planer.

Pourtant,  la liste prévisionnelle était prête depuis 2021. A quatre vingt dix pour cent des noms qui y figurent, il n’y avait pas de changements notables en 2022. Cela fait, en fin de compte, tout un budget non exploité depuis.

Un  besoin vital

De toutes les façons, il aurait fallu se réunir immédiatement en fin de saison sportive pour examiner la liste des athlètes éligibles. Ceux qui ont démérité devraient être rappelés à l’ordre, alors que ceux qui sont en voie de percer ou de s’affirmer devraient être immédiatement pris en charge. Il y a des décisions qui n’attendent pas et si les réunions tripartites sont nécessaires, il faudrait savoir anticiper pour mettre à l’aise des bénéficiaires, souvent dans le besoin.

Ces bourses, considérant le niveau social de presque tous les athlètes, représentent plus qu’une aide à l’entraînement. Ce n’est un secret pour  personne. Le fait de les servir en retard est pénalisant  pour  ceux qui en ont un  besoin vital, provoque  des remous au sein des familles des athlètes et des fédérations et fait régner une sensation d’abandon.

Le Cnot fait son travail. Il est capable de faire mieux, en aidant davantage le sport national, surtout en ces années difficiles, en contribuant à l’amélioration de l’infrastructure tunisienne dans des sports où la Tunisie est souvent dignement représentée,  en tirant le maximum de ce qu’accorde le CIO pour contribuer à l’expansion du sport dans le monde. Sans calcul. Tous les pays du monde le font, sans exception, car le CIO est conscient que certaines disciplines trouvent des difficultés pour suivre le rythme infernal des dépenses à faire pour avancer et progresser.  Il consacre des enveloppes conséquentes et refuse rarement de collaborer à différents niveaux à l’essor du sport et de l’olympisme.

Au vu des dépenses consacrées par d’autres nations pour préparer leurs athlètes, nous ne pouvons conclure qu’une seule chose : nous ne nous battons pas à armes égales.

Cnot, MJS, fédérations, entreprises privées et autres ne sont pas de trop pour unir leurs efforts pour que nos représentants aient de meilleures chances.

Ce n’est un secret pour personne que ce n’est pas le cas et chacun continue à défendre  «son territoire» !

En 2016, le président du CIO est venu en Tunisie. Il a posé la première pierre du siège du Cnot. Depuis, on n’a rien vu. Parce que, semble-t-il, le projet a changé et on compte édifier plus qu’un siège. Très bien, mais il aurait fallu commencer par le siège tout en engageant des pourparlers pour des projets futurs. La politique des étapes. Depuis, les prévisions financières ont eu le temps d’évoluer et le budget prévisionnel  s’est sans doute multiplié par deux ou trois avec la dévaluation de notre monnaie.

Mais, malheureusement le Cnot semble être lent à la détente. C’est bien dommage pour le sport national !

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