Cette étonnante artiste surfe sur différents moyens d’expression. L’essentiel est que les messages passent. On la connaissait comédienne, humoriste, scénariste, et réalisatrice. On la découvre peintre et dessinatrice.
Sarroura Libre, qui ne s’est appelée ainsi qu’avec l’assentiment unanime de ses cent mille followers consultés, est une icône de la révolution. Ses sketches, pleins d’humour et de gouaille typiquement tunisiens, dénoncent les maux de la société, défient, par le sourire et le ridicule, les noirceurs du terrorisme, en un mot se font l’écho du Tunisien dans ce qu’il a de meilleur. Plus d’un million d’internautes les ont visionnés, appréciés, commentés, en ont ri, et ont suivi cette «dédramatiseuse», qui refuse le pathos et qui a pour devise « mieux vaut en rire qu’en pleurer».
Mais on ne savait pas tout de Sarroura. Cette étonnante artiste surfe sur différents moyens d’expression, l’essentiel étant pour elle que passent ses messages. On la connaissait comédienne, humoriste, scénariste, et réalisatrice. On la découvre cette semaine peintre et dessinatrice, car on avait oublié, tant elle avait de cordes à son arc, qu’elle était issue de l’Ecole des Beaux-Arts.
Sans se départir de son regard, sans jamais se prendre au sérieux, elle nous offre une ballade enchantée dans la pop culture tunisienne. Occultant pour un temps, mais pour un temps seulement, ses combats menés avec la plus redoutable des armes, celle de l’ironie et de la dérision, elle nous fait partager un délicieux album de la culture populaire tunisienne, avec ses héros, ses vedettes, ses stars et ses emblèmes : tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, dans un domaine ou un autre, ont marqué de leur empreinte notre vécu.
La promenade est plaisante. Autour d’un Bourguiba se détachant sur un fond rouge, et portant un carreau « afset essid » à la boutonnière, on reconnaît Omi Traki, Tahar Haddad, Moncef Bey, Habiba Msika, Ali Riahi et tant d’autres qui, par leur charisme, leur courage, leur talent, leur action, ont laissé une empreinte indélébile dans nos mémoires.
La technique sied bien au sujet : une composition de photographies retravaillées digitalement et projetées sur un support en plexi. Qu’on ne s’y trompe pas : le travail de recherche effectué sur la Tunisie des années 40 à nos jours est un véritable travail scientifique, et si le résultat est ludique, il n’en est pas moins historique.
S’inspirant de Warhol, ou peut-être de Murakami, Sarroura Libre n’a d’autre ambition que d’offrir une bien belle déclaration d’amour à son pays. Car si elle ne vit pas en Tunisie, personne ne partage autant qu’elle notre quotidien.
En attendant, elle porte haut et fort nos couleurs : aux Nations unies où elle exposait récemment, et à l’Institut du Monde Arabe à Londres où elle sera prochainement.
Courez la voir à la galerie Musk and Amber avant qu’elle ne s’envole à nouveau.
Au mois de mars prochain, des citoyens suisses débarqueront dans cette ville du nord-ouest pour un week-end cinéphile.
Il y a mille et une façons de garder le contact avec le pays. Mais l’une des meilleures prend la forme d’activités culturelles.
Tout le monde parle de la possible fermeture de l’espace «Cinévog» ces jours -ci . Quelles sont les raisons de cette décision?
J’ai annoncé la fermeture mais je n’ai pas dis que c’est une fermeture définitive. J’ai évoqué les raisons économiques principalement. Cinévog, après une période de grâce, est rattrapée par la gestion au quotidien et les tracasseries financières car tout le monde sait qu’un projet culturel n’est pas financièrement rentable, par contre, il est rentable et bénéfique vu qu’il participe à créer des générations plus éclairées et moins confrontées à la dérive.
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