Quand l’Ugtt se rebiffe

FINALEMENT, les syndicalistes ont décidé, à travers leur commission administrative nationale réunie, mercredi 16 juin, d’activer leur plan B, c’est-à-dire organiser le Dialogue national version 2021 sans que le Président, Kaïs Saïed, n’y préside les travaux ou n’y participe même de n’importe quelle manière.

Hier, les membres de la commission administrative nationale ont pris la décision de rompre définitivement le dialogue, les concertations et les pourparlers avec le Chef de l’Etat en vue de mettre au point les conditions matérielles relatives à la tenue du Dialogue national, de définir les objectifs qu’il est censé atteindre et de choisir les partis politiques, les organisations et associations de la société civile ainsi que les personnalités dites «nationales» qui devraient y prendre part.

Pour être plus clair, on peut affirmer que l’Ugtt a, enfin, désespéré du Président Kaïs Saïed, de la nouvelle approche qu’il cherche à imprimer au prochain Dialogue national dont il exige que les conclusions soient différentes des dialogues nationaux précédents (le Dialogue national de 2013 sous la conduite du Quartet et les deux éditions du Dialogue tenues au Palais de Carthage baptisées Carthage I et Carthage II), et les syndicalistes de passer à l’acte en concrétisant leur promesse-menace de tenir le dialogue tant attendu même en l’absence du Chef de l’Etat ou du boycott par les services présidentiels de cette nouvelle rencontre dont les Tunisiens ne donnent pas l’impression d’attendre monts et merveilles, comme ce fut le cas en 2013 quand Nida Tounès, qui venait à peine de naître, Ennahdha, les partis de la gauche et certaines personnalités nationales avec «la compromission» de Mustapha Ben Jaâfar, président de la Constituante à l’époque, sont parvenus à déloger Ali Laârayedh de La Kasbah et à y introniser Mehdi Jomaâ en le chargeant de veiller à la préparation des législatives et de la présidentielle d’octobre 2014 sans que lui-même et ses ministres n’aient le droit d’y participer.

Et la question qui reste posée et dont on attend la réponse de la part des protagonistes de la scène politique nationale actuelle est la suivante : l’Ugtt et Noureddine Taboubi ont-ils réuni les conditions objectives pour que le Dialogue national puisse se tenir. Autrement dit, sont-ils armés des garanties nécessaires pour que les acteurs principaux du paysage politique national les suivent, consentent à tenir ce même dialogue et s’engagent à accepter et à appliquer les conclusions qui en résulteront ?

Laisser un commentaire