Manifestation contre les violences policières à l’avenue Habib Bourguiba : Mettre fin à l’impunité !

Suite aux dernières bavures policières, les citoyens et la société civile ne décolèrent pas. Hier, à l’appel du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes) et de plusieurs activistes de la société civile, une marche pacifique a été organisée au centre-ville de Tunis pour protester contre les violences policières et l’impunité des agresseurs.

Dès 15 heures, un dispositif sécuritaire impressionnant a été déployé dans la capitale pour faire face à tout débordement. Des barrières ont été disposées de façon à ce que les manifestants ne puissent pas s’approcher du siège de l’imposant ministère de l’Intérieur. À 17 heures, les manifestants ont commencé à affluer vers l’avenue Habib-Bourguiba, pour se regrouper, comme convenu, devant la statue de Ibn Khaldoun, qui avait écrit que « dans la nature innée des hommes se trouve le penchant vers la tyrannie et l’oppression mutuelle ».

Des centaines de jeunes, indignés par la répression policière et le retour des traitements inhumains et de la torture dans les centres de détention, ont appelé le ministre de l’Intérieur par intérim et Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, à prendre ses responsabilités et à démissionner. « Je ne peux pas comprendre que des agents de police, coupables, aux yeux de tout le monde de traitement inhumains, ne soient pas arrêtés », nous explique Lobna, 23 ans, étudiante. Cette incompréhension est partagée par d’autres protestataires qui s’inquiètent de la résurgence d’une violence institutionnelle, que l’on croyait révolue au lendemain du soulèvement populaire de janvier 2011.

La marche pacifique s’est dirigée vers le ministère de l’Intérieur dont les accès ont été bloqués pour éviter tout incident. Contrairement à la manifestation de la semaine dernière, la marche s’est relativement déroulée dans le calme. Outre les policiers en uniforme, plusieurs parmi eux en civil ont été déployés un peu partout sur l’avenue Habib-Bourguiba, pour prévenir les éventuelles échauffourées. « Ne me déshabillez pas !», ont scandé les manifestants, en référence à la vidéo qui avait choqué l’opinion publique, lorsque des policiers ont dénudé délibérément un adolescent avant de le rouer de coups. Les manifestants ont également scandé des slogans hostiles au ministère de l’Intérieur et ont fustigé le corporatisme qui contribue à diffuser au sein des agents de police une culture de l’impunité.

« Evidemment que nous n’avons rien contre la police, évidemment que la police est nécessaire, mais qu’on en finisse avec l’impunité. Tu fais une erreur, tu paies, c’est aussi simple que cela », affirme Seifallah, 40 ans, venu spontanément participer à la manifestation.

Les manifestants ont par ailleurs rappelé que les violences policières n’ont pas commencé à Sidi Hassine. Ils ont ainsi crié des slogans contre l’oubli, pour se souvenir des autres victimes des bavures policières, à Siliana lorsque, il y a quelques années, la police a eu recours à la chevrotine.

Plusieurs personnalités politiques et de la société civile ont notamment participé à cette marche.

(Crédit photos : Salma GUIZANI. La Presse de Tunisie)

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