Détérioration de la situation épidémiologique : Le prix du laisser-aller !

• En juin 2020, c’est-à-dire il y a un an, la Tunisie annonçait sa victoire contre le coronavirus. Pendant ce temps-là, on ne savait pas que le pays ferait face à de nombreuses autres vagues de contamination.
• Les images et scènes qui parviennent de la capitale des Aghlabides sont vraiment douloureuses. Des malades par terre, des hôpitaux hors de leur capacité, des équipes municipales d’enterrement fortement mobilisées, Kairouan est un gouvernorat sinistré.
• Au vu du relâchement observé chez des citoyens et compte tenu de la non-application des différentes mesures annoncées, il fallait s’attendre à ce genre de scènes.
• Si Kairouan constitue l’exemple de l’échec de la stratégie nationale de lutte contre le coronavirus, d’autres gouvernorats connaîtront la même situation dans quelques jours, comme le confirment les spécialistes et les médecins.

Les images et les scènes qui parviennent de la capitale des Aghlabides sont vraiment douloureuses. Des malades par terre, des hôpitaux hors de leur capacité, des équipes municipales d’enterrement fortement mobilisées, Kairouan est un gouvernorat sinistré.

C’est ce qui a d’ailleurs suscité une action gouvernementale que certains qualifient de tardive.

Au vu de la dégradation de la situation dans ce gouvernorat, une équipe de spécialistes et de médecins conduite par Nissaf Ben Alaya a été dépêchée dans ce gouvernorat pour revenir sur les réalités de la situation.

Le Président de la République, Kaïs Saïed, a également décidé d’installer un hôpital militaire de campagne à Kairouan afin de lutter contre la propagation du Covid-19 et appuyer les efforts déployés par le cadre médical et paramédical dans la région. Les unités de la direction générale de la santé militaire se sont déplacées à Kairouan afin d’entamer l’installation de cet hôpital.

Sauf que Kairouan n’est pas le seul gouvernorat touché par cette inquiétante détérioration de la situation épidémiologique. Béja, Sidi Bouzid, Siliana, Zaghouan et Kasserine sont également confrontés à une hausse sans précédent du nombre de contaminations.

En effet, à Béja, un confinement général a été instauré dans les deux délégations de Béja-Nord et Béja-Sud dans l’objectif de faire baisser le rythme de contamination qui atteint des niveaux records.

Onze décès suite à une contamination par le coronavirus ont été enregistrés dans ce gouvernorat durant les trois derniers jours.

Le bilan des décès s’élève ainsi à 260 cas dans le gouvernorat. 390 nouvelles contaminations par le coronavirus ont été également enregistrées dont 261 cas dans la ville de Béja et ses environs.

A Siliana, la situation n’est pas meilleure, les protocoles sanitaires ont été imposés dans plusieurs délégations en vue de freiner la contagion.  

Des cadres médicaux rattachés à d’autres ministères mobilisés

Face à cette situation alarmante, le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a décidé samedi d’imposer un confinement général dans les gouvernorats dont le taux de contamination est de 400 cas pour chaque 100 mille habitants et ce depuis hier,  dimanche 20 juin. Des centres régionaux de mise en quarantaine seront créés pour accueillir les cas positifs et des hôpitaux de campagne à installer pour la prise en charge des cas, tout en prenant en considération l’approvisionnement en oxygène et l’organisation de campagnes de dépistage.

Les laboratoires seront également renforcés pour les aider à pouvoir identifier le variant de Covid-19 tout en accentuant la campagne de vaccination, a encore précisé la même source. La présidence du gouvernement mobilise également des cadres médicaux rattachés à d’autres ministères pour appuyer les efforts du ministère de la Santé à l’échelle régionale.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

En juin 2020, c’est-à-dire il y a un an, la Tunisie annonçait sa victoire contre le coronavirus. Pendant ce temps-là, elle ne savait pas qu’elle ferait face à de nombreuses autres vagues de contamination. Etant actuellement à la quatrième vague, on commence déjà à évoquer une cinquième alors que les structures hospitalières sont saturées et le personnel médical est à bout de souffle.  

Comment en sommes-nous arrivés là ? Pour les médecins et les spécialités, la Tunisie, depuis juin dernier, ne cessait de multiplier les faux pas et les mauvaises décisions. A commencer par l’ouverture des frontières prématurément,  la levée de certaines restrictions d’entrée sur le sol tunisien et le manque de renforcement des infrastructures hospitalières; la Tunisie semble malheureusement perdre sa guerre contre le virus. A ceci s’ajoute certainement le rythme très lent de la vaccination contre le coronavirus.

Alors qu’on annonçait jusqu’à 3 millions de vaccinés d’ici juillet, la Tunisie ne compte que 1.517.895 personnes vaccinées dont 31.367 pour la journée du 18 juin. Les médecins soulignent dans ce sens la nécessité d’élever le rythme de vaccination au vu des risques de nouveaux variants. Sauf que le comportement insouciant des Tunisiens en est également la cause.

Malheureusement, ce que l’on craignait avec les rassemblements familiaux lors de l’Aïd, fin mai, est arrivé. Malgré le confinement d’une semaine, quinze jours après les fêtes, nous avons enregistré de nombreuses arrivées dans les services de réanimation, de plus en plus de jeunes hospitalisés, et les hôpitaux sont débordés dans tous les gouvernorats du pays.

86 décès et 2193 nouvelles contaminations par le coronavirus ont été enregistrés vendredi 18 juin 2021, a annoncé samedi le ministère de la Santé. Le nombre de personnes guéries est de l’ordre de 1.579, a précisé la même source.

Le taux des tests positifs a atteint 29.6 % suite à la réalisation de 7.408 analyses effectuées le 18 juin 2021.

Le nombre total des cas positifs depuis l’apparition de la pandémie en Tunisie est de l’ordre de 381.175 avec 13.960 décès enregistrés, et 331910 le nombre des personnes guéries.

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