Ils portent tous la responsabilité de la défaite contre le Covid-19 qui fait rage dans notre pays avec plus de 14 mille morts. Les trois présidences, la classe politique, les organisations nationales patronales et syndicales, les instances indépendantes et le corps des magistrats qui observe d’un regard froid un meurtre à large échelle sans porter d’accusations. Et ce n’est pas la férocité du virus ennemi qui leur permettra de tirer leur épingle du jeu ou en faisant porter la responsabilité à la passivité des citoyens et leur négligence. Il y a eu une défaillance énorme et dans les pays démocratiques, les démissions auraient été en pareil cas en cascade. De leur propre chef, les acteurs impliqués de près ou de loin, tels que la Commission scientifique, les membres du Conseil de sécurité nationale, les membres du Comité de lutte contre les catastrophes et autres instances liées auraient dû admettre leur inaptitude à gérer la situation.
Pour leur part, les prédateurs financiers qui profitent de la crise pour amasser plus de gain sur le dos des personnes pauvres et vulnérables faisant du commerce de la mort un circuit juteux feraient l’objet de mandats d’arrêt et l’objet de confiscation de biens. Et la grande couleuvre qu’on essaye de nous faire avaler — celle de la réquisition des lits de réanimation dans les cliniques privées mais qui n’a jamais été appliquée car on connaît la mainmise du lobby médical sur les rouages de l’Etat a mis à nu la férocité des capitaux santé.
La non-prise en charge de la pandémie par les assureurs privés et publics, par le système de sécurité sociale, le refus d’admettre le congé maladie lié au Covid comme étant payé, poussent des milliers de personnes positives à reprendre le travail, à dissimuler la maladie à leurs collègues par crainte de voir leurs émoluments s’effondrer à la fin du mois, exposant ainsi plus de personnes à la menace de la contamination dans les moyens de transport et dans le milieu social et professionnel.
Ne parlons pas du bide sans nom de la vaccination tardive, de l’absence de tests rapides, du manque de moyens de protection, qui sont tous la responsabilité de l’Etat.
Mais maintenant que nous comptons les morts, que nous pleurons les disparus et que nos cœurs battent pour ceux qui sont livrés à leur sort dans l’espoir ténu de voir un malade rendre l’âme pour prendre sa place dans le lit de réanimation, on ne peut que regarder vers le ciel et implorer la clémence et la pitié du Bon Dieu pour les pauvres que nous sommes : un peuple gouverné par des incapables.
L’histoire retiendra cet épisode noir de la Tunisie et les foudres populaires s’abattront sur tous ceux qui nous ont conduits à cet échec mortel. Continuez votre combat de coqs sur des questions futiles telles que la Cour constitutionnelle, le remaniement ministériel, le système politique et la répartition des postes clés dans les rouages de l’Etat alors que nous dansons sur un volcan dont les éruptions feront vaciller le socle d’une démocratie fragile mais irrespirable à cause du chômage grimpant, du pouvoir d’achat qui s’érode, du dinar qui perd sa valeur, de la levée progressive de la compensation et de l’effondrement total de notre système de santé.
Restez bien dans votre confort, profitez bien de vos privilèges qui vous ont aveuglés. La réalité sur le terrain vous rattrapera un jour. Le peuple tunisien est imprévisible et l’histoire l’a montré plus d’une fois. Le compte à rebours est enclenché.