Impossible de faire machine arrière : Kaïs Saïed ou la marche en funambule !

Actuellement, Kaïs Saïed est bien placé pour aller jusqu’au bout dans son projet politique. Mais tant que les attentes sont énormes, le Chef de l’Etat semble porter les espoirs de tout un peuple, comme il l’affirmait à maintes reprises, toutes ses actions, ses déclarations et notamment ses décisions seront passées au crible par l’opinion publique nationale mais aussi par la communauté internationale, car actuellement c’est la démocratisation même du pays qui est mise en jeu.

Les yeux du monde entier se tournent vers la Tunisie, un pays présenté comme une démocratie naissante dans un contexte régional de chaos et de pouvoir autoritaire. Sauf que c’est seulement l’image que voulait donner la Tunisie à l’étranger, à l’intérieur la situation est tout autre. Un Parlement paralysé par les divergences, trois présidences opposées et une situation sociale au bord de l’explosion. Pour Kaïs Saïed, compte tenu de ces conditions, l’Etat était exposé à un danger imminent, il fallait, donc, agir et c’est fait. Kaïs Saïed, ce président qui a toujours appelé à l’application de la loi, a longtemps essayé de se tenir à l’écart des tiraillements politiques et même de la prise de décision, mais ce 25 juillet, un tournant dans l’histoire du pays, le Chef de l’Etat a décidé de prendre le pouvoir et de diriger, seul (pour le moment), le pays.
Après avoir réussi son coup de passage en force en limogeant Hichem Mechichi et en mettant fin aux travaux du Parlement, Kaïs Saïed semble, actuellement, être le premier et l’unique responsable qui dirige les rouages de l’Etat, une situation qui ne peut pas demeurer. Si ses premières décisions étaient de démettre plusieurs ministres, il a placé son conseiller sécuritaire à la tête du ministère de l’Intérieur en attendant le dévoilement du nouveau chef du gouvernement qui sera, en fait, un Premier ministre, selon l’annonce présidentielle.
Sauf que le temps presse et le Président de la République ne bénéficie plus d’une grande marge de manœuvre pour faire avancer les choses. Qu’attendil pour désigner un nouveau chef de gouvernement ? Selon certains échos, c’est tout un gouvernement restreint que va annoncer le Chef de l’Etat dans les prochains jours pour ne pas dire les prochaines heures. Mais pour le locataire de Carthage, chaque faux pas pourrait coûter très cher à l’intérieur comme à l’étranger. Si le Chef de l’Etat bénéficie actuellement d’un soutien de taille en Tunisie, celui du peuple, comme à l’étranger celui de l’Algérie, de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte, cet état euphorique observé le 25 juillet pourrait se transformer à tout moment en vague de protestations si le Chef de l’Etat commet la moindre fausse manœuvre.

Bain de foule

Résumé de la situation : actuellement Kaïs Saïed est bien placé pour aller jusqu’au bout dans son projet politique. Mais tant que les attentes sont énormes, le Chef de l’Etat semble porter les espoirs de tout un peuple comme il l’affirmait à maintes reprises, toutes ses actions, ses déclarations et notamment ses décisions seront passées au crible par l’opinion publique nationale mais aussi par la communauté internationale, car actuellement c’est tout l’enjeu de la démocratisation du pays qui est mis en jeu.
N’empêche que Kaïs Saïed jouit toujours d’une forte popularité. Hier, fidèle à luimême, il a eu un bain de foule en allant se promener à l’avenue Habib-Bourguiba dans une visite inopinée, une manière de réconforter davantage sa position politique et son poids populaire.
Mais comme évoqué auparavant, cette situation assez confortable pour le Président de la République pourrait basculer à tout moment dans l’inconnu, d’autant plus que les fronts auxquels il fait face sont devenus nombreux. Il est tout d’abord question de maîtriser la situation politique, notamment face à son principal adversaire politique Ennahdha et son président Rached Ghannouchi. Ensuite, il est de son devoir de convaincre la communauté nationale de la justesse de ses décisions et de la rassurer sur la question des libertés. Et enfin, et c’est le plus important, il doit impérativement se pencher sur la situation sociale et économique du pays en multipliant les décisions de sauvetage, et ce, en désignant une équipe gouvernementale extrêmement efficace.
En tout cas, désormais nous avons dépassé la polémique autour de la constitutionnalité des décisions prises, le moment, actuellement, est politique par excellence et le Chef de l’Etat doit sortir indemne de cette marche sur le fil !

Un commentaire

  1. Brahim

    02/08/2021 à 12:37

    Excellent article qui repose sur une perception pragmatique des événements. Oui, le Chef de l’État (loin d’être légaliste comme on l’a prétendu – la relecture des articles 80 et 89 de la Constitution s’impose au regard de ses décisions hâtives légitimées par l’euphorie populaire) n’est pas au bout de ses peines. Je crains pour lui quelques faux pas inévitables qui ne seront pas pardonnés. Son inexpérience politique évidente sans socle solide représenté par un parti ou un mouvement structuré est un handicap majeur.

    Répondre

Laisser un commentaire