Coronavirus : Les vaccins protègent-ils contre le variant Delta ?

Le variant Delta n’en finit plus de jouer avec nos nerfs. Considéré par l’Organisation mondiale de la santé comme l’un des plus contagieux, il continue de se propager à travers le monde à un rythme exponentiel et pourrait bientôt devenir le variant dominant dans le monde.

Depuis son apparition fin 2019 en Chine, la souche initiale du Sars-CoV-2 s’est répandue dans le monde et a muté plusieurs fois. Deux ans après ou presque, la souche indienne ‘’Delta’’ du coronavirus est devenue, aujourd’hui, le variant le plus répandu dans le monde. Selon les experts, les derniers séquençages de génome ont montré la propagation du variant Delta en Tunisie, dans une proportion de plus de 60 %, ce qui est deux fois plus grave et requiert deux fois plus d’hospitalisations. Les dernières découvertes des caractéristiques de cette souche ont incité les scientifiques à travers le monde à ajuster leurs orientations, et les établissements de santé des pays développés à changer certaines de leurs idées et politiques dans leur lutte contre l’épidémie.

A quel point est-on protégé ?

D’après le Dr Hatem El Ghezal, directeur du laboratoire de génétique à l’hôpital militaire de Riyad en Arabie saoudite, cette souche est hautement contagieuse, de sorte qu’elle pourrait infecter presque tous les habitants de la terre, peu importe à quel point ils essaient de s’en protéger. Et donc, même les personnes parfaitement vaccinées peuvent être infectées et peuvent transmettre le virus à d’autres personnes. «Le variant Delta peut facilement infecter chaque personne plus d’une fois car son immunité après une première contamination est une «inconnue», et ne lui protège pas contre l’infection comme c’est déjà le cas pour les autres souches…», compare-t-il. C’est-à-dire, explique-t-il encore, que les variants antérieurs ont généralement produit moins de virus dans l’organisme des personnes entièrement vaccinées et infectées que dans celui des personnes non vaccinées. «En revanche, le variant Delta semble produire la même quantité élevée de virus chez les personnes non vaccinées et entièrement vaccinées. Mais malgré cette situation, la protection contre cette souche par la vaccination est bien meilleure que la protection après l’infection, car la possibilité d’une infection avec des symptômes non graves est toujours probable», souligne-t-il.

Une troisième dose ?

Dr El Ghezal ajoute qu’il n’existe pas d’immunité collective contre le variant Delta et que le coronavirus restera avec nous pendant de nombreuses années, même avec une immunité collective, une fois la campagne nationale de vaccination réussit. «Aujourd’hui, il n’y a pas d’autre solution pour coexister avec ce virus que la vaccination pour éviter l’infection par une maladie dangereuse et réduire le risque d’hospitalisation. Pour les vaccins actuels, ils sont conçus pour des versions plus anciennes du coronavirus, ce qui signifie qu’ils ne sont pas forcément adaptés aux nouveaux variants, dont le Delta, et qu’ils risquent donc de ne pas fonctionner aussi bien». Pour ce faire, estime notre interlocuteur, la troisième dose de vaccination est devenue nécessaire pour les personnes à faible immunité, telles que les personnes âgées et les utilisateurs de médicaments immunosuppresseurs qui subissent un traitement contre les tumeurs en raison d’un cancer, d’une transplantation d’organe ou autre… «Cette troisième dose pour tout le monde est meilleure car elle réduit le taux de propagation du virus par rapport à seulement deux doses, et donc, elle est capable d’éviter de nouvelles vagues d’infection à l’avenir», explique-t-il.
A ce niveau-là, il est important de préciser qu’avec des variants plus contagieux comme le Delta, les scientifiques affirment que des recherches supplémentaires sont nécessaires sur la possibilité de proposer une vaccination de rappel, car à ce stade-là, il ne semble pas y avoir de données scientifiques, montrant qu’une troisième dose de vaccin est nécessaire pour la population générale.

Deux peuples différents dans chaque pays

En ce qui concerne l’avenir proche, Dr El Ghezal indique qu’il y aura encore de nouvelles vagues qui vont toucher tous les pays du monde, quel que soit le pourcentage de personnes vaccinées. En ce moment-là, on va trouver deux peuples différents dans chaque pays : les personnes vaccinées, pour qui la vague passera avec moins de dégâts, étant donné que l’infection chez les personnes vaccinées diminue plus rapidement que chez les personnes non vaccinées, et les personnes non vaccinées qui auront les effets les plus graves de la maladie avec un taux de mortalité très élevé et les chiffres vont se confirmer dans un futur proche. «Pour toutes ces raisons, il faut continuer toujours de porter le masque dans les endroits surpeuplés. Et cette pratique devrait être une habitude humaine pour se protéger des infections, comme tout vêtement qui nous protège du froid, du soleil, ou autre», précise-t-il, en conclusion.

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