Soldes d’été | Démarrage timide et faible attractivité après deux semaines : Le client est-il vraiment roi ?

Il est bien loin l’adage qui affirme que « le client est roi » et bénéficie de tous les privilèges durant la période des soldes, même si certains commerçants font des pieds et des mains pour les attirer vers eux, tant bien que mal.

Les soldes saisonniers pour la saison estivale ont débuté il y a plus de deux semaines déjà. Mais les centres commerciaux et boutiques attenantes ne connaissent pas l’effervescence habituelle et cela depuis au moins deux ans, un déficit de fréquentation aggravé par la crise sanitaire liée à la pandémie du covid-19. Jeudi 19 août, c’est l’entame de la troisième semaine des soldes. Les clients ne se bousculent pas au portillon bien au contraire. Ils prennent le temps qu’il faut pour la recherche de bonnes affaires, même pendant les soldes. Malgré les réductions, il ne s’agit pas d’acheter pour acheter. De nombreuses boutiques sont totalement vides vers midi, notamment les parfumeurs et les vendeurs de prêt-à-porter  non soldés. Les agents de rayon, les bras derrière le dos, attendent patiemment qu’un client acheteur pointe le bout du nez pour le recevoir, l’accompagner dans ses achats et le guider. Pourtant les vitrines ne manquent pas de rappeler des soldes jusqu’à 50% pour nombre d’entre elles. Même si, en majorité, ce sont des taux de 20 et 30% qui sont affichés.

Même du côté du prêt-à-porter pour enfants, c’est la disette. A l’approche de la rentrée scolaire,les familles et les parents semblent avoir d’autres priorités et ne se précipitent pas pour acheter de nouvelles tenues pour leur progéniture. C’est que le pouvoir d’achat en berne du Tunisien y est pour beaucoup. Les Tunisiens n’arrivent plus, avec leurs salaires modestes, à épargner  pour réserver un budget spécial soldes destiné aux vêtements pour toute la famille.

Ruses et astuces commerciales 

A défaut, la clientèle, qui n’a  pas les moyens de profiter des soldes,  afflue sur les étals installés  devant les échoppes et magasins et qui vendent généralement toutes sortes de produits de consommation alimentaire. C’est un phénomène qui prend de l’ampleur et qui n’a rien de désagréable mais revêt un aspect agressif, commercialement parlant. D’ailleurs une des vendeuses dans un stand de parfums et de produits cosmétiques vous prend à la gorge en pulvérisant sur vous sans crier gare de l’eau de parfum d’une parfumerie tunisienne comme pour narguer l’enseigne de parfums de marque internationale quelques mètres plus loin ! Autre détail important, de nombreuses marques de chaussures et vêtements ou jeans importés intègrent des produits de sous-marque dans leur magasin pour pratiquer des prix  en harmonie avec le budget du ménage tunisien et du consommateur qui se fait désirer plus que jamais avec la reprise des affaires. Interrogée sur place, Selma la quarantaine et mère de famille, scrute les prix : «Je pense que les commerçants sont prêts à baisser davantage les prix les semaines à venir. Je préfère donc attendre que les prix baissent même si je risque de ne plus trouver la taille ou la pointure dont j’ai besoin». Le hic par contre réside dans le comportement de vendeurs dans les stands de biscuit, confiserie, chocolat  et gâteaux qui ne font pas de dégustation au grand public même durant les moments de grande affluence comme si le consommateur pouvait acheter sans connaître le nom de la maison, de la marque ou son histoire. Encore un couac qui peut expliquer la désaffection du public, même si pour les stands de l’artisanat, les affaires sont au beau fixe en termes d’originalité et de vente malgré la crise du secteur.

Casser les prix ? 

Pour la ligne vestimentaire masculine, rien n’a changé, surtout  les prix qui sont toujours salés. De simples chaussures de sport sont affichées à 150 d, des mocassins à 200 d, des chemises à pas moins de 70 d, des jeans de qualité supérieure à 100 d au bas mot, les prix suivent la même tendance depuis des années et n’ont rien d’exaltant par rapport aux saisons précédentes. Pour avoir la qualité il faut payer cher, très cher même. Malgré les soldes affichées à 20 et 50%, le prix d’une chemise ou d’un polo de qualité tourne aux alentours de 70 et 80 d. Bien sûr, on trouve des tee-shirts coton à 15 et 20 d mais c’est une denrée rare! ! Le compte n’y est vraiment pas. Pour pouvoir descendre sous la barre des 100 d, on a des shoes de moindre qualité.

L’offre est plus abondante que la demande, le client a toute la latitude pour acheter à sa guise et en temps opportun. Dans une société d’abondance comme la nôtre, le client devrait, en principe, être le roi, mais ne l’est pas malgré tout dans nos contrées. C’est à s’arracher les cheveux de voir comment certaines marques de chaussures étrangères n’exposent que des stocks  limités  dont ils veulent se débarrasser au plus vite. C’est une opération de déstockage en pleins soldes !

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