Huile végétale subventionnée: Une pénurie chronique

Dès sa commercialisation sur le marché, cette denrée a rapidement tapé dans l’œil des spéculateurs qui, appâtés par son prix bon marché, l’ont détournée des circuits de commercialisation officiels en la faisant disparaître à maintes reprises pour la stocker clandestinement avant de la revendre au prix fort et au plus offrant.

La pénurie de l’huile subventionnée sur le marché est un feuilleton qui continue à faire couler beaucoup d’encre depuis plusieurs mois malgré les promesses vaines des hauts responsables de mettre fin à l’indisponibilité de cette denrée et à la spéculation dont elle fait l’objet. En dépit du fonctionnement à plein régime des 43 usines de conditionnement d’huile alimentaire subventionnée, les stocks, qui sont écoulés sur le marché, sont à chaque fois insuffisants et loin de répondre aux besoins de la population. C’est, a priori, en amont de la chaîne qu’il faut  rechercher les raisons à l’origine des pénuries récurrentes qui caractérisent l’approvisionnement du marché local en huile subventionnée. En effet, les quantités importées connaissent des variations constantes.

En théorie, la moyenne annuelle des importations d’huile s’élève à 160 mille tonnes par an, mais il arrive que celles-ci enregistrent une baisse drastique, ce qui a, non seulement, occasionné à maintes reprises, des perturbations au niveau de l’approvisionnement du marché en huile végétale, mais poussé, par ailleurs, des unités à fermer temporairement leurs portes à cause de la suspension de leur activité. Mais ce qui mine le plus le secteur c’est bien la spéculation dont fait l’objet ce produit compensé par l’Etat, destiné aux catégories les plus pauvres de la société et qui est supposé être commercialisé à neuf cents millimes le litre sur les circuits de distribution officiels, sachant que son prix initial s’élève à 1 dinar cinq cents millimes le litre.

Mesures ponctuelles et non suffisantes

Mais la réalité des faits est tout autre. Dès sa commercialisation sur le marché, cette denrée a rapidement tapé dans l’oeil des spéculateurs qui, appâtés par son prix bon marché, l’ont détournée des circuits de commercialisation officiels en la faisant disparaître à maintes reprises pour la stocker clandestinement avant de la revendre au prix fort et au plus offrant sans se soucier d’en priver les catégories sociales qui en ont le plus besoin. Plus que récurrente, la pénurie de ce produit est devenue tout simplement chronique. Afin de pallier l’absence de ce produit sur le marché, en juillet dernier, l’Office de l’Huile a décidé d’injecter neuf mille tonnes d’huile subventionnée —à peine de quoi couvrir les besoins pour une période ne dépassant pas une vingtaine de jours— et qui se sont évaporées comme par magie des circuits. 6 mille tonnes devront être commercialisées au courant de cette semaine et la vente de neuf mille tonnes est prévue pour le mois de septembre prochain.

Si ces mesures permettent d’apporter une solution ponctuelle à la pénurie de l’huile végétale subventionnée, elles ne mettront pas fin aux pratiques spéculatives ni aux desseins de monopolisation des spéculateurs qui se sucrent sur le dos des catégories les plus démunies. Ils ne sont pas seuls à en profiter. Bien qu’interdite par la loi, une autre pratique, couramment usitée dans les points de vente de détail qui commercialisent l’huile végétale subventionnée, a la peau dure . Les commerçants vendent non seulement l’huile à la tête du client à un tarif plus élevé que le prix compensé et exigent, par ailleurs, du consommateur d’acheter d’autres produits, sans quoi pas de vente d’huile végétale. Une pratique qui horripile aujourd’hui grand nombre de consommateurs en quête de cette denrée «rarissime», à l’instar de Habib, originaire de Korbous, vendeur de «bambalounis». «L’ épicier du coin me vend l’huile végétale subventionnée à deux dinars le litre au lieu de neuf cents millimes. Il ne la commercialise qu’à condition qu’on achète d’autres denrées avec. C’est la vente conditionnée, une pratique commerciale qui est normalement interdite. Ce n’est pas suffisant d’injecter des litres d’huile végétale subventionnée sur le marché, il faut accompagner cette mesure par de vastes opérations de contrôle économique afin de mettre un frein à de telles pratiques».

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