La diplomatie économique a pris une dimension véritablement nouvelle avec le développement de la mondialisation. Elle concerne chacun de nous, puisqu’elle englobe, à la fois, la liberté d’exporter, d’investir au-delà des frontières et d’importer aussi. La diplomatie économique, c’est elle qui s’active aux côtés des entreprises qui travaillent à l’étranger. Il est vrai qu’elle n’a pas remplacé la diplomatie politique, mais elle en est devenue le complément inséparable. Elle est même au cœur de la politique la plus brûlante, puisque c’est à elle qu’il revient d’ordonner et de gérer la globalisation de l’économie mondiale.

Ces dernières années, tout a changé. La diplomatie n’est plus seulement l’expression d’une politique étrangère, puisqu’elle descend au plus profond des économies nationales. En prendre conscience est essentiel pour tous ceux qui veulent que leur pays ne rate pas les innombrables possibilités de choix et d’action que le monde extérieur met à la disposition de ceux qui veulent s’en servir.

La diplomatie économique comporte désormais trois principaux objectifs : le développement des investissements directs étrangers (IDE) et de l’attractivité du pays, la promotion du tourisme, et enfin le soutien à l’export. Pour développer ce créneau, une série de mesures visant à contribuer concrètement à la promotion de la diplomatie économique doit être mise en place. «Il est désormais primordial de mettre en place un réseau interactif des chargés d’affaires économiques et commerciales auprès de nos missions diplomatiques et consulaires à travers le monde», déclare un professeur universitaire, spécialiste du commerce international.

Selon lui, la diplomatie économique poursuit plusieurs objectifs : «La diplomatie économique soutient nos entreprises à exporter sur les marchés extérieurs, attire vers notre pays des investissements étrangers et des compétences, créateurs d’emplois, fait connaître le dynamisme de nos entreprises et de notre territoires».

Sans elle, l’économique ne peut s’épanouir

Il considère également que la crise du covid a créé un monde nouveau où tout change. Les entrepreneurs ont appris, durant cette crise, à mieux gérer leurs entreprises face aux pénuries et aux nouvelles réalités des marchés. Les relations avec la clientèle, surtout étrangère, ont, elles aussi, subi des transformations et glissé vers une gestion à distance, dont notamment le développement des webinaires et les contacts instantanés inimaginables, il y a quelques années. L’information économique instantanée est désormais à la portée de tous à travers les moyens de communication moderne».

Un ancien diplomate nous fait savoir que «la diplomatie, autrefois épaulée par la puissance militaire et des systèmes d’alliances pour acquérir des marchés, a perdu aujourd’hui de sa verve. L’usage de la force militaire n’est plus d’actualité en raison, entre autres, de la dissuasion nucléaire. Les sanctions économiques, en diplomatie internationale, semblent plus efficaces et opérantes qu’une guerre directe, dont les conséquences désastreuses peuvent avoir des effets néfastes à long terme sur la paix mondiale».

D’après ses déclarations, limiter la diplomatie moderne au seul domaine politique est devenu vain, tant la puissance n’est opérationnelle que si elle est intrinsèquement liée à une stratégie économique efficace. «Celle-ci accompagne donc la diplomatie et lui permet ainsi d’atteindre ses buts. La diplomatie économique est devenue une conquête et les termes guerriers, jadis utilisés pour décrire les relations entre pays, ont glissé, subrepticement, vers le langage de la diplomatie économique». Il explique que longtemps fascinée par l’économie, la diplomatie politique reprend, elle aussi, le vocabulaire des hommes d’affaires. Ainsi, chaque initiative politique devient un investissement, chaque aboutissement d’une action est un retour sur investissement, et chaque partenaire est avant tout un bon client.

L’ancien ambassadeur assure que «l’importance de l’économique dans la diplomatie n’enlève rien à l’utilité de la diplomatie politique. Sans elle, l’économique ne peut s’épanouir. La coopération politique internationale, le maintien de la paix, l’entente entre les peuples, les échanges culturels ne peuvent que conforter l’épanouissement des échanges économiques». Le diplomate estime toutefois que les diplomaties politique et économique obéissent à des rythmes et approches différents. «La diplomatie politique nécessite un travail feutré, basé sur la discrétion, la patience et la confidentialité, la diplomatie économique cherche, quant à elle, à communiquer agressivement et tous azimuts pour arracher des parts de marché, s’accaparer des gains, et défendre tout simplement ses intérêts».

Le face-à-face bilatéral classique !

En admettant l’importance de l’économique en diplomatie, la Tunisie, comme tous les Etats du monde, doit se rendre compte que, pour une meilleure efficacité, les acteurs économiques doivent se mobiliser pour défendre les intérêts du pays à l’étranger.

«Dans ce nouveau monde, la diplomatie économique, autrefois bilatérale basée sur le négoce, a laissé place à une économie multilatérale et globalisée», explique le diplomate. Il poursuit : «Les objectifs qui s’exprimaient en termes commerciaux, d’ouverture de marchés et sécurité des moyens de communication terrestre et maritime, ont été remplacés par des accords multilatéraux, sous l’égide d’organisations internationales, comme l’OMC ou le FMI, dont l’objectif principal est de réguler au mieux l’économie mondiale».

En effet, dans ce monde de plus en plus interdépendant, le face-à-face bilatéral classique n’est plus le seul à encadrer les échanges. Les affaires les plus importantes se traitent donc à plusieurs, dans un cadre multilatéral. Les grandes entreprises et la finance sont devenues parties prenantes et acteurs de la diplomatie économique mondiale. De plus en plus sollicitée, la diplomatie économique tend à impliquer davantage les entrepreneurs à la prise de décisions pour arrimer l’économie nationale au reste du monde. Cette synergie est nécessaire pour harmoniser les lois aux fins de favoriser les exportations et encourager les investissements. «Les entrepreneurs reprochent souvent le manque d’informations opérationnelles sur les marchés extérieurs et la retenue des rapports économiques utiles pour leur expansion à l’étranger dans les méandres de l’administration. Quand on sait que le temps est précieux pour déjouer la concurrence et déclencher une opération commerciale, on imagine facilement les opportunités économiques qui échappent au pays, faute d’une communication fluide et instantanée», analyse l’ancien ambassadeur.

L’objectif primordial de la diplomatie économique moderne est de préparer les marchés extérieurs aux hommes d’affaires et aux entrepreneurs, en leur fournissant des informations rapides et fiables. Les ambassades comme les consulats sont les acteurs sur le terrain quotidiennement et peuvent leur communiquer les opportunités dont ils disposent. L’entrepreneur est avide de recevoir ces éclairages pour ajuster sa stratégie.

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