Les partis, fondement de la vie politique

En attendant de réelles et concrètes décisions politiques qui dessinent les contours du nouveau paysage politique tunisien, certaines questions reviennent en force ces derniers jours. L’une d’elles concerne le rôle futur des partis politiques après 10 ans d’exercice. On entend parler un peu partout que le nouveau paysage politique, tel que voulu par le Président,  «étouffera» les partis dans leur configuration classique. C’est-à-dire que les traits du nouveau paysage politique seront plus orientés vers des rassemblements de personnes depuis la base selon des projets et des idées apolitiques, au détriment de la vision centralisée et classique des partis. Peut-on se passer tout simplement de l’idée de partis politiques pour la simple raison que leur rendement était mauvais et inefficace durant ces 10 ans ?

L’idée est réductrice, dure à accepter pour une transition démocratique qui consacre beaucoup l’appartenance politique et la diversité des idées et à un degré moindre des idéologies. Ce n’est pas parce que tous les partis ont raté leurs missions, ou qu’ils ont imposé le culte des personnes et des clans qu’il faudra rejeter tout simplement l’idée de parti politique. Quel que soit le contexte, les partis, avec une meilleure gouvernance et des structures de pilotage et d’apprentissage aussi, restent le fondement d’une vie politique saine. Ce dont les démocraties ont besoin, ce n’est pas une seule couleur, une seule idéologie, une seule conception de l’expression politique, mais plutôt d’outils modernes de pluralité, de nouvelles idées du rôle d’un parti politique.

Ce qui s’est passé en Tunisie, c’est un mauvais exercice de la gestion des partis, et ceci s’explique par plusieurs façons : absence de traditions, tendance à la dictature, gestion ratée des conflits, vieillissement des structures, corruption… Donc, il faudra une réforme des partis et non un rejet. Seules les urnes doivent décider qui gouverne, et les partis restent, aux côtés des indépendants, un élément de cette course électorale. Poussons la réflexion, un parti, ce n’est pas seulement des élections, c’est aussi des jeunes à encadrer, des débats sur l’avenir du pays et sur des questions économiques et sociétales ; c’est également un moyen d’intégrer les gens dans leur société. Halte à ces voix qui veulent nous imposer une vision politique univoque où ce qui est banni l’est sur une observation (subjective souvent) des échecs. Toutes les tares observées et avouées sur les partis ne devront pas leur ôter leur utilité. Il faudra les réformer, les réorganiser et instaurer surtout de nouvelles règles du jeu pour que ces parties ne se transforment pas en des boutiques et des lieux d’intérêts personnels.

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