Congrès mondial pour la Nature — Espèces menacées d’extinction: Dragon, félins, requins… et piment sur la liste rouge

Par Chokri BEN NESSIR, envoyé spécial à Marseille |


Dragon de Komodo (le plus grand lézard au monde), éléphants, félins, requins, mais aussi arbres, maïs, pommes de terre, haricots, courges et piments. Autant d’espèces animales et végétales fortement menacées de disparition sont mises en avant durant chaque sommet de l’Uicn. La dégradation des habitats au profit de l’activité humaine, le braconnage ou l’accroissement des espèces invasives mettent en danger ces ressources naturelles.


Pour focaliser le halo des projecteurs sur l’état de ces espèces animales et végétales, la liste rouge de l’Uicn trace un aperçu, un portrait utile de ce qui arrive aux espèces à l’heure actuelle et souligne le besoin urgent de prendre des mesures de conservation. Cette année, l’éléphant de savane d’Afrique et l’éléphant de forêt d’Afrique ont été respectivement classés “espèce en danger” et “espèce en danger critique d’extinction” sur la Liste rouge des espèces menacées de l’Uicn. Lors de la publication de la première liste, en 1986, tous les éléphants d’Afrique étaient classés dans une seule et même espèce, considérée comme vulnérable par l’Uicn. La détérioration de la situation de ces animaux est due en partie au fait que l’ivoire de l’éléphant de forêt est plus prisé que celui de l’éléphant de savane.

Etant plus dur, il permet aux artisans japonais de sculpter des détails plus fins. Outre la pression du marché international de l’ivoire, les éléphants de forêt font aussi face à la raréfaction des fruits dont ils se nourrissent. D’après une étude publiée en septembre 2020, il apparaît que sur les trente dernières années (1986-2018), le changement climatique a fait chuter la production de fruits de 81% dans le Parc national de Lope — où des études de longue durée sont menées — au centre du Gabon. La masse corporelle des éléphants a ainsi chuté de 11% entre 2008 et 2018. Comme tous les prédateurs, les félins figurent parmi les plus fragiles des écosystèmes.

Ce n’est hélas pas un hasard si parmi les 37 espèces de félins sauvages, 25 se trouvent sur la liste rouge des espèces menacées de l’Uicn. Répartis des forêts tropicales aux toundras, des côtes aux montagnes, les félins se rencontrent sur quatre des cinq continents : l’Europe (chat forestier, lynx boréal et lynx pardelle, etc.), l’Asie (tigre et léopard de l’amour, panthère nébuleuse, l’Afrique (guépard, lion, etc.) et l’Amérique (lynx roux, jaguar, puma, etc.), la plupart de ces félins vivent dans des habitats modifiés par l’homme et malheureusement les aires protégées ne couvrent qu’une petite partie de leur habitat. Recherchés pour leurs peaux mais aussi pour diverses parties de leur corps, notamment leurs os, supposées soigner diverses pathologies dans la médecine traditionnelle chinoise, les félins sont victimes d’un trafic international, exercé par de puissantes mafias. Aujourd’hui, personne ne peut dire s’il y aura encore des tigres sauvages dans 50 ans.

Avec la dégradation et la disparition de son habitat au profit de l’activité humaine, le braconnage et l’accroissement des conflits avec les communautés locales, la population du félin a décliné de plus de 20% ces vingt dernières années. On estime sa population entre 4 000 et 6 500 individus. Sur la Liste rouge de l’Uicn qui comprend désormais 138 374 espèces marines, 38 543 parmi elles sont menacées d’extinction. Dans cette mise à jour, 37% d’entre elles sont désormais menacées d’extinction. L’ensemble des espèces menacées de requins et de raies sont surexploitées, 31% étant en plus affectées par la perte et la dégradation des habitats et 10% par les changements climatiques.

Le dragon de Komodo

Le plus grand lézard vivant du monde, le dragon de Komodo (Varanus komodoensis) est passé de « Vulnérable » à « en danger » sur la Liste rouge de l’Uicn. L’espèce, endémique d’Indonésie et présente uniquement dans le parc national de Komodo, classé au patrimoine mondial, et sur l’île voisine de Flores, est de plus en plus menacée par les impacts des changements climatiques.

La hausse des températures mondiales, et donc du niveau de la mer, devrait réduire l’habitat favorable au dragon de Komodo d’au moins 30% au cours des 45 prochaines années. Le document a également passé au crible 224 plantes étroitement liées aux cultures de maïs, des pommes de terre, de haricots, de courges, de piments, de vanille, d’avocats, de tomatille et de coton. L’étude a révélé que 35% de ces espèces sauvages sont menacées d’extinction, car les habitats sauvages ont été convertis pour l’usage humain, combiné au passage des systèmes agricoles traditionnels à la mécanisation et l’utilisation généralisée d’herbicides et de pesticides. Les espèces envahissantes et les parasites, la contamination par des cultures génétiquement modifiées, les prélèvements excessifs et l’exploitation forestière constituent d’autres menaces.

Les groupes de plantes sauvages les plus menacées d’extinction sont les Vanilla, dont les huit espèces de la région sont classées « en danger » ou « en danger critique d’extinction » sur la Liste rouge des espèces menacées de l’Uicntm, suivies par 92% des espèces de coton (Gossypium) et 60% des espèces d’avocat (Persea). Deux groupes liés au maïs, Zea et Tripsacum, sont menacés à 44% et 33% respectivement. 31% des espèces de haricots, une espèce de piment sur quatre, 23% des espèces de pommes de terre, 12% des espèces de tomatille et 9% des espèces de courges sont également menacées d’extinction. Ces résultats ont des implications potentiellement critiques pour les moyens d’existence et la sécurité alimentaire

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