La Tunisie doit fournir un effort additionnel afin de combler un trou budgétaire de près de 5,1 milliards de dinars, a souligné l’économiste Ridha Chkandali, dans un entretien accordé à l’agence TAP .
Si elle parvient à exploiter davantage les droits de tirage spéciaux et à obtenir des aides financières, ce trou pourrait être réduit, a-t-il ajouté.
À en croire Chkandali, si des mesures d’austérité n’avaient pas été adoptées, durant les sept premiers mois de 2021, ce trou aurait atteint 8,8 milliards de dinars.
D’après lui, la formation d’un gouvernement dans les plus brefs des délais pourrait aider la Tunisie à bénéficier de plus de droits de tirage spéciaux, soit une enveloppe de 775 millions de dinars. Cela est de nature, a-t-il dit, de réduire le fossé budgétaire à 3,1 milliards de dinars, en 2021.
L’expert a évoqué, également, la possibilité d’obtenir quelques aides financières provenant de » pays amis » ou de recourir à un financement direct de la Banque centrale.
Cependant, a-t-il fait observer, cette option pourrait poser problème avec le Fonds Monétaire International.
Sur un autre volet, Chkandali a estimé que les projections économiques et budgétaires prévues par le budget de l’État de 2021 restent très loin de la réalité, ajoutant que le taux de croissance de 4% est impossible à atteindre puisque le pays a réalisé des taux négatifs, au cours de la première moitié de 2021.
Chkandali a souligné que le comportement d’austérité de l’État se réflète, essentiellement, aux niveaux de la réduction des dépenses de gestion d’environ 700 millions de dinars, des dépenses d’investissement d’environ 900 millions de dinars, en particulier, les crédits financiers non distribués d’une valeur de 1,9 milliard de dinars.
Les données relatives à l’exécution du budget de l’État pour l’année 2021 ont montré que la Tunisie est en mesure de mobiliser qu’un montant de 19,2 milliards de dinars, ce qui laisse un gap de financement d’environ 5,5 milliards de dinars.
« Ce manque à gagner est principalement dû à la difficulté de mobiliser des ressources externes d’un montant important d’environ 6,4 milliards de dinars, ainsi que des ressources fiscales et non fiscales et des dons d’un montant de 2 milliards de dinars ».
Chkandali a ajouté que par rapport au budget de l’État pour l’année 2021, dont les dépenses totales sont estimées à 51,7 milliards de dinars, la Tunisie a pu mobiliser, à fin juillet 2021, environ 26,9 milliards de dinars.
Et de souligner que la Tunisie est appelée à mobiliser 24,8 milliards de dinars supplémentaires au cours des cinq mois restants afin de pouvoir exécuter le budget de l’État pour l’année 2021.
Il a considéré que le recours à l’emprunt interne n’est pas efficace surtout avec la difficulté d’assurer la sortie de la Tunisie sur le marché financier international et la suspension des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI).
Pour l’expert, si le recours à l’emprunt interne se poursuit au même rythme jusqu’à fin 2021, le plafond autorisé pour le budget de l’État pour cette année sera dépassé avec un montant estimé à 2,9 milliards de dinars, avec ses répercussions inflationnistes.
Ceci aura, également, des impacts sur le pouvoir d’achat et des répercussions négatives sur l’investissement et la croissance économique (les liquidités du pays seront destinées au financement des dépenses de l’État au lieu de financer l’économie).