Jacques Perez au Palais Kheireddine: L’ami Jacques se souvient

Il est l’un des premiers à avoir donné une image à la Tunisie. Dans son regard, le pays déploie tous ses charmes, celui de ses plages blondes, de ses vestiges immémoriaux, de ses visages burinés, de ses costumes somptueux, de ses bijoux gracieux. Pendant plus d’un demi-siècle, Jacques Perez a encensé un pays enchanté que nous avions plaisir à reconnaître avec le cœur.

Les plus belles campagnes du tourisme, c’est lui, images iconiques qui ont porté la destination Tunisie à travers le monde. Les grandes expositions institutionnelles, en France, au Japon, en Allemagne, en Belgique, c’est lui. La collection d’ouvrages, raffinés et intelligents, qu’il commença en s’amusant à jouer l’éditeur, jeu auquel il eut tôt fait de se laisser prendre, c’est lui encore et toujours.

Le joli film qu’a réalisé Saïd Mitterrand, c’est à lui qu’il rend hommage. Et la grande exposition que se préparent à organiser au Palais Kheireddine ses amis réunis en un collectif baptisé « Nous Tous », c’est aussi pour lui rendre hommage.

Dieu sait, pourtant, que nul n’est moins vaniteux et moins concerné par les hommages que Jacques Pérez.

Dans sa jolie maison de la Hafsia, un lieu hors du temps et de l’espace que fleurit une magnifique liane de Floride, Jacques Perez est heureux avec lui-même. Au milieu de ses livres, de tableaux d’artistes amis qui, tous, ont une histoire, au milieu de ses photos bien sûr qu’il se refuse de classer, face à son ordinateur qui le relie au monde, il s’amuse à écrire des préfaces insolites pour des livres très loin de ses préoccupations habituelles. C’est ainsi qu’il vient d’en achever une pour un livre de cuisine, et en démarre une autre pour un manuel… de bricolage, avoue-t-il comme une bonne farce.

Et puis, dans son petit jardin croulant sous la verdure, il reçoit les gens qu’il aime devant une citronnade.

Du 8 au 30 octobre, Jacques Perez règnera en majesté au Palais Kheireddine. Sous le titre qu’il a choisi avec son humour grinçant — «Souvenirs d’avant l’oubli» — seront présentées quelque 70 photos à travers quatre salles, sans autre indication que le lieu où elles ont été prises. Le film réalisé par Saïd Mitterrand sera projeté en boucle, cependant que les livres et objets iconiques de l’artiste seront exposés dans une vitrine de la salle d’honneur.

Une table ronde réunira journalistes, amis et collaborateurs de Jacques Pérez.

Alors, même s’il s’en défend, Jacques Pérez sera la vedette de ces journées.

 

C’est le titre de la boite
De père tunisien et de mère allemande, Jacques Pérez, né en 1932 dans la Médina, est le témoin avisé de l’âme et de l’histoire de son pays, à travers ses photographies. Parcourant les époques, les populations, les lieux, en retraçant les activités humaines, il donne de la Tunisie une image réelle et juste. Prix National des Arts et des Lettres de Tunisie, Chevalier de l’Ordre du Mérite Culturel de la République Tunisienne, Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République Française, il a influencé plusieurs générations de professionnels et d’amateurs. Ses collections ont été acquises à l’international par des institutions prestigieuses, telles l’Unesco, la Fondation Aga Khan, la Bibliothèque nationale de France, l’Institut du Monde Arabe, le Musée national palestinien, la Maison européenne de la photographie, ou le ministère de la Culture tunisien. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages photographiques . Jacques Pérez est aussi l’un des fondateurs de la Cinémathèque tunisienne. Il vit toujours dans le quartier de la Hafsia, au cœur de la Médina qu’il n’a jamais quittée.

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