Une crise institutionnelle

Assèchement  aigu des ressources financières extérieures, difficultés presque insurmontables pour boucler le budget de l’Etat de l’année 2021, appréhensions déclarées des bailleurs de fonds internationaux en l’absence totale de signaux clairs et rassurants, une dette publique en manque de soutenabilité, incapacité de redresser une notation souveraine plus que jamais fragilisée, la situation financière de la Tunisie est au plus bas. Les manquements et les défaillances deviennent une véritable menace pour l’avenir d’un pays qui fonctionne sous une prétendue spécificité administrative et financière, mais qui malheureusement ne sert plus que de paravent pour cacher une réalité économique et sociale amère.      

Il s’agit au fait d’une crise institutionnelle qui revêt plusieurs facteurs apparents et d’autres sous-jacents. De façon générale, il est devenu désolant, voire inquiétant, d’évoquer une situation à la fois alarmante et périlleuse des finances publiques. Une situation en manque d’exemplarité et soumise à tous les aléas et à toutes les incertitudes. Une situation plus que jamais exposée aux répercussions fortement négatives des équilibres extérieurs et du marché des changes.

Nous sommes dans une époque où le rythme de l’activité économique et des équilibres globaux et financiers baigne, transpire, dégage et produit l’insignifiance, la faiblesse et surtout l’imperfection. Une époque qui inspire les responsables les plus maladroits, sans idées, ni valeurs. Rien ne prédispose aujourd’hui les parties impliquées à être le modèle de compétence que l’on souhaiterait qu’elles soient. Elles sont loin de pouvoir véhiculer la réhabilitation et le redressement économique  auxquels la Tunisie devrait être particulièrement attachée. Dans un univers déconnecté, dans un milieu où les réformes et la régénération du secteur n’ont plus leur raison d’être, la Tunisie a besoin de changer de trajectoire, de retrouver la voie. Cela nécessite un travail qui cultive les performances, mais aussi qui respecte les obligations mutuelles.

Et si l’état d’urgence dans laquelle se trouve aujourd’hui la Tunisie pouvait servir pour une possible prise de conscience des différents acteurs économiques, mais aussi politiques, et même de réconciliation entre les protagonistes ?

Voilà sans doute l’un des principes sur lesquels devraient désormais agir tous ceux qui se sentent concernés de près ou de loin par les horizons et les opportunités qui s’offrent au pays. Encore une fois, l’avenir de la Tunisie dépend de ses enfants. Le gâchis cumulé ces dernières années est certes énorme. Mais l’expérience a montré que ce qui compte pour un pays n’est pas ce qui lui arrive. Mais ce qu’il fait avec ce qui lui arrive…

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