On estime à peu près à dix millions dans le monde le nombre de décès causés par la maladie de l’hypertension artérielle et ses complications. Qu’est-ce qui provoque cette maladie, quels sont ses symptômes et comment la prévenir et la traiter correctement ?
Le Dr Faouzi Addad, professeur de cardiologie au CHU Abderrahmen-Mami (Ariana) et président de la Société tunisienne de cardiologie et de chirurgie cardio vasculaire, répond à nos questions et nous explique comment prévenir la maladie et bien la contrôler une fois installée….
Qu’est-ce que l’hypertension ?
L’hypertension artérielle est une maladie qui se définit par une pression artérielle systolique classiquement dite maximale supérieure ou égale à 14 millimètres de mercure et/ou une pression diastolique supérieure ou égale à 90 millimètres de mercure. Il s’agit d’une maladie héréditaire dès lors qu’on a souvent un ou deux parents qui sont hypertendus dans la famille.
Ce qu’il faut savoir, c’est que c’est le premier facteur de risque en matière de fréquence. Plus d’un milliard deux cents millions d’individus dans le monde ont de l’hypertension artérielle et c’est le facteur qui occasionne le plus de complications cardiovasculaires et de décès.
Qu’est-ce qui provoque la maladie ?
C’est une interaction des facteurs génétiques et facteurs de l’environnement. Quand on parle de facteurs de l’environnement, c’est notamment le stress, la consommation du sel qui joue un rôle capital aujourd’hui dans l’hypertension artérielle. C’est aussi l’interaction de facteurs comme l’obésité, le diabète… Plus ces facteurs vont coexister, plus il va y avoir une altération des vaisseaux sanguins qui vont installer la maladie dans la durée.
On observe chez certains patients une hypertension artérielle modérée. Lorsqu’on maintient une activité physique régulière et qu’on surveille notre consommation de sel, les chiffres tensionnels peuvent se normaliser et on peut ne plus avoir besoin de médicaments.
Quelle est la tranche d’âge la plus touchée par l’hypertension artérielle ?
En Tunisie, pour la population âgée de plus de 18 ans il y a un Tunisien sur trois qui est touché par l’hypertension artérielle
Pour la catégorie de plus de 35 ans, ce sont 40 % de la population qui ont de l’hypertension, et au delà de 65 ans, nous allons avoir deux tiers des Tunisiens qui ont de l’hypertension. La prévalence augmente avec l’âge et on retrouve aussi une proportion non négligeable de l’hypertension chez les enfants aux alentours de 10%.
Quels sont les symptômes de la maladie ?
C’est une maladie qui reste longtemps silencieuse. On l’appelle « l’assassin silencieux », mais parfois on peut avoir des symptômes comme des céphalées, des douleurs au niveau de la nuque, des palpitations…
Peut-ont guérir de cette maladie chronique ?
Habituellement, on va dire que c’est une maladie qui ne guérit pas, mais c’est une maladie qui se contrôle. Les personnes qui ont une hypertension consécutive à une maladie peuvent en guérir. Si on traite la cause à ce moment-là, on peut traiter l’hypertension artérielle. Il y a des causes endocriniennes, congénitales, des sténoses chez les jeunes filles par exemple… Ces maladies peuvent entraîner une hypertension artérielle. Lorsqu’on les traite, on peut guérir de l’hypertension, mais il faut savoir que c’est assez rare : c’est 1 à 2% dans la grande majorité des cas.
Comment prévenir la maladie ?
Souvent, lorsqu’on a une prédisposition génétique, il vaut mieux prendre dès le départ de bonnes habitudes : ne pas dépasser 5 gramme de sel par jour, pratiquer une activité physique régulière comme la marche rapide au moins 30 minutes par jour, veiller à ne pas augmenter de poids. Il s’agit également de réduire sa consommation de sucre et de gras et bien évidemment essayer de pratiquer la méditation, rester positif et bien dormir (entre 6 et 9 heures). Cela permet de prévenir l’hypertension.
Quels sont les traitements adéquats pour traiter la pathologie ?
Les traitements adéquats sont essentiellement médicamenteux. Aujourd’hui, on essaye de réduire le traitement à un seul comprimé qui contient deux molécules.
C’est ce qu’on appelle une combinaison médicamenteuse et maintenant, il y a même des médicaments qui contiennent trois molécules dans un seul comprimé pour améliorer l’adhérence médicamenteuse. Les études ont montré que 50% des patients ont tendance à arrêter, en effet, leurs médicaments dans l’année car ils suivent d’autres traitements (diabète , cholestérol…). Ils sont souvent polymédiqués.
Comment diagnostiquer la maladie ?
Le diagnostic de l’hypertension est relativement simple : c’est le fait de mesurer sa pression artérielle en dehors du cabinet médical. Probablement, la première mesure peut se faire chez le médecin, mais on sait bien qu’il y a un effet de la blouse blanche, qui fait que la pression artérielle a tendance à être majorée en présence de ce dernier. C’est ce qu’on appelle le HTA blouse blanche et cela a été démontré chez 30% des patients. Donc il faut au moins vérifier s’il y a hypertension artérielle, soit par une mesure à domicile ce qu’on appelle l’auto-,mesure avec des appareils automatiques qui sont actuellement sur le marché, ou avec un appareil que le médecin va poser au malade au niveau du bras et qui va prendre la pression artérielle toutes les heures pendant 24 heures.
Quels sont les risques et les complications de l’hypertension artérielle ?
C’est une maladie qui représente le premier facteur de risque en termes de mortalité dans le monde. 10 millions de décès chaque année dans le monde sont liés à l’hypertension artérielle. C’est deux fois plus de complications cardiovasculaires, d’insuffisance cardiaque, de mort subite…, mais c’est aussi des complications rénales et vasculaires. La maladie peut être également responsable de démence..
La consommation excessive du sel est-elle la seule cause responsable de la maladie
La consommation du sel joue un rôle très important dans l’hypertension artérielle. Nos besoins en sel sont estimés entre 2 et 5 grammes par jour. En réalité, nous consommons jusqu’à 12 à 13 grammes de sel par jour, ce qui explique la propagation des maladies cardiovasculaires et la maladie de l’hypertension, notamment chez les personnes âgées. Si on baisse en moyenne la consommation d’un gramme de sel, on réduira de 30% le risque d’accidents vasculaires et cérébraux.