Un grand manquement à ses obligations de la Télévision tunisienne prive le public tunisien, et les clubs aussi, de leurs droits.

La direction générale de la Télévision tunisienne n’a pas voulu comprendre que le football est aujourd’hui du business, un produit très demandé sur le marché, qui rapporte gros et qui se vend rubis sur l’ongle. Pour elle, la diffusion des matches des différentes compétitions nationales (Championnat et Coupe de Tunisie) est un droit quasi automatique avec des règles qu’elle fixe et dicte elle-même sans prendre en considération qu’il y a un prix fort à payer et des sacrifices financiers énormes à faire pour s’octroyer ce monopole.

Avant chaque début de saison —c’est devenu une habitude inadmissible et écœurante— elle se plaît à entrer dans un bras de fer avec la Fédération tunisienne de football pour revoir à la baisse et renégocier les conditions et clauses du contrat précédent concernant les droits exclusifs de diffusion des matches, se croyant en position de force en tant qu’audiovisuel public pour arriver à l’usure par obtenir gain de cause. Un coup devenu trop classique, celui de prendre les téléspectateurs en otage, les priver de la diffusion des premiers matches jusqu’à ce que la FTF, devant le tollé général et la grogne qui monte, finisse par céder. A titre d’exemple, les résumés des matches du championnat professionnel de la Ligue 2 très suivi n’ont vu le jour durant les deux saisons écoulées qu’à la phase retour. Et pourtant —il faut l’avouer et le reconnaître—, la Fédération ne cède pas ces droits de diffusion et de retransmission à la Télévision nationale à prix d’or, lui accorde même de larges facilités de paiement et ferme souvent les yeux sur les retards de paiement qui autorisent une rupture unilatérale de contrat pour juste cause financière. Ainsi, la Télévision est encore redevable à la Fédération d’un montant de 3,5 milliards pour l’achat des droits de la saison passée qu’elle n’a pas jusqu’à ce jour honoré, malgré l’échelonnement de la dette. Elle doit en principe s’acquitter aussi d’une avance de 1,4 milliard pour les droits de l’actuelle saison.

Un mauvais payeur

Avec 4,9 milliards au total d’impayés, la Télévision nationale est devenue un mauvais payeur, manquant de plus en plus de solvabilité et de crédibilité. De plus, elle fait la sourde oreille à la concession nouvelle de la Fédération de l’autoriser à retransmettre les matches de la Ligue 1 dès la première journée jusqu’à l’arrivée à un accord sur la régularisation de ces dettes. Au lieu d’accepter cette perche tendue, la direction générale la refuse carrément et catégoriquement en vue de faire toujours pression sur la FTF pour gommer un montant important restant (2,5 milliards) de la saison 2020/ 2021. Et quand on sait qu’elle est l’une des rares pour ne pas dire la seule à ne pas avoir acquis de la Fifa les droits de retransmission des matches éliminatoires de notre équipe nationale pour le mondial 2022 et que les Tunisiens ont été forcés à les regarder sur d’autres chaînes étrangères, on comprend l’immensité de cette nonchalance. Les droits TV, qui reviennent aux clubs et qui sont leur principale source de vie et de survie et la condition indispensable pour l’amélioration de leur capacité économique et financière et l’assurance de la continuité des compétitions, sont un sujet et un volet qui doivent être abordés et traités avec sérieux sinon tout l’édifice de notre football risquera de s’écrouler. Des droits cédés à la Télévision pour un montant dérisoire de 7 milliards, qu’elle peut récupérer doublement et même plus en revenus publicitaires, c’est un tarif préférentiel et un gros sacrifice fait de la part de la FTF pour privilégier l’audiovisuel public au détriment de l’intérêt de nos clubs. Et si, en plus, les contrats conclus ne sont pas respectés, personne ne portera désormais grief à l’instance dirigeante de notre football si elle change de direction vers le privé et les chaînes étrangères qui investissent à fond dans le business du football et qui sont prêtes à conclure des contrats plus volumineux pour avoir l’exclusivité de diffuser les matches chocs de nos compétitions. C’est à ce moment-là que la Télévision nationale se rendra compte qu’elle est la grande perdante d’un bras de fer qu’elle a elle-même cherché et qui aura été un échec des plus cuisants.

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