L’entreprise autrement: Des méthodes à revoir

Que se taisent les canons, que se taisent les tambours! La guerre entre institutions de l’Etat et celle entre les pour et les contre les décisions du  Président de la République  prises depuis le 25 juillet dernier, doivent, en effet  prendre fin.

Oui , elles doivent prendre fin dans ce pays où une bonne partie de la population a faim et où une autre commence à la sentir venir. Les conflits entre lesdites institutions ont, hélas, causé de lourds dégâts et à tous les niveaux.

Place maintenant à la paix et à la sagesse. Et ce n’est pas un dialogue qui réglera le problème, mais un congrès national qui réunira les représentants élus des partis, ceux des organisations nationales, ceux des organisations d’experts et ceux des conseils scientifiques des établissements de l’enseignement supérieur. Revendication que nous n’avons jamais cessé d’exprimer depuis des années.

Un dialogue restera, en effet,  toujours un simple dialogue, alors qu’un congrès national peut pondre une feuille de route, même en ayant recours au vote. Car, ses décisions engageront la responsabilité de chaque partie prenante et celle de la majorité et lesdites décisions auront pouvoir de contrainte pour tous, bien sûr dans le respect de la loi.

C’est l’unique chemin sûr que notre pays devrait emprunter pour sortir définitivement de la grave crise qu’il traverse et qui est devenue aiguë et intolérable à partir du 25 juillet dernier. Le chef de l’Etat ayant pris des décisions et adopté des méthodes en violation flagrante de la Constitution, et ce, afin, a-t-il dit, de remettre les pendules du pays à l’heure et assainir une vie politique et économique.

Décisions qui, malgré la tempête, ont fait de lui le seul maître à bord du navire Tunisie. Un commandant, oui,  mais sans aucune carte ni instruments de navigation, avec en plus un équipage fantôme et des passagers qui risquent de passer aux mains.

Une situation que certains pourraient qualifier de «suicidaire», car elle a encore aggravé la crise économique et financière, divisé le pays, au lieu de l’unir et terni son image à l’extérieur. La volonté des puissances occidentales à en finir avec ce que l’on appelle «islam politique», a sans doute atténué un tant soit peu leur réaction.

Seule, la présence, en retrait mais décisive, de l’Armée nationale, qui, elle, a sans doute tout ce qu’il faut pour nous éviter les éventuels écueils,  et celle,  visible des forces de sécurité intérieures, peuvent rassurer les  plus inquiets. L’Armée ayant toujours gardé sa neutralité mais elle a su jouer, à chaque fois, un rôle décisif dans la protection du pays. Infecte. Oui la situation générale du pays l’est et d’une manière inquiétante car elle est en train d’évoluer, hélas négativement  et cela dure depuis fin 2011, début de la période transitoire (2011-2014). Conflits à tous les niveaux est le mot pour en délimiter la cause première.

De plus, l’échec cuisant du processus de justice transitionnelle, les multiples pannes survenues dans le reste du  processus de transition démocratique, l’économie a souffert le martyre et avec elle les finances publiques. Résultats, nous sommes à deux doigts de la faillite généralisée.

Le cercle vicieux — instabilité politique et sociale —, régression de l’économie, nous a, en effet, happés depuis 2011, pour livrer cette dernière pieds et poings liés à la catastrophe sanitaire sociale et économique du covid-19. Celle-ci n’aurait pas eu lieu si les bonnes décisions avaient été prises. Encore une fois, l’instabilité politique est à l’origine de graves dégâts économiques.     

La crise doit se terminer avec un minimum de dégâts. Il est inadmissible que le pays doit continuer à supporter une situation d’exception, sans feuille de route, sans limite dans le temps, sans le pouvoir législatif et avec un gouvernement dont la légalité est à discuter.

Cela ne pourrait avoir lieu qu’avec le retour à la légalité, sans foyers d’infection. C’est-à-dire grâce à des élections législatives anticipées. Celles-ci pourraient survenir soit à la suite d’une sentence de justice à l’encontre des listes accusées d’avoir commis des crimes électoraux, là, Saïed est appelé à faire accélérer les procédures judiciaires en publiant pour cela des décrets-lois ;  soit à la suite de la démission de la majorité des listes.

Afin d’assainir toute la situation, le congrès, que nous avons cité plus haut, doit créer une commission d’enquête afin de délimiter les responsabilités de tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la survenue de la crise actuelle qui a  commencé fin 2019, y compris ceux qui ont nui gravement à la bonne marche du Parlement et ceux qui ont gravement nui à l’économie du pays et à sa population à cause d’une gestion catastrophique de la crise du covid-19.

Saïed doit aussi  faire accélérer le processus d’amendement du code électoral, cesser de lancer ses fusées et ses harangues dignes d’un autre âge, annoncer  un calendrier, organiser un référendum à propos de l’amendement de la Constitution  et appeler ensuite à des élections présidentielles anticipées en s’engageant à ne pas s’y présenter.

Ainsi, il pourrait faire tranquillement la promotion de son projet  et pourquoi  pas le présenter comme programme lors d’élections présidentielles ultérieures et ne pas chercher, comme c’est le cas aujourd’hui,  à nous l’imposer.

(*) VII et fin

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