L’entreprise autrement: Une mise au point générale s’impose

La fuite en avant, tout en pratiquant la politique de l’autruche. Voilà une prouesse, à la limite de l’insensé, qui est en train de se dérouler depuis un certain temps en Tunisie. Fuite en avant avec, pour entre autres conséquences, une aggravation des problèmes et une inconscience pathologique des vrais défis auxquels le pays est confronté, dont celui d’éviter la faillite totale et le chaos.

Si notre pays était dans un marécage, avant le 25 juillet dernier, il est depuis cette date-là en plein dans l’absurde. Un pays resté foncièrement dépendant de l’extérieur même pour se nourrir et se défendre et qui n’a qu’une souveraineté de façade.

Même sa souveraineté culturelle, celle qu’il a su préserver malgré les efforts déployés par l’occupant, pendant trois quarts de siècle, il l’a perdue petit à petit tout au long de ces quelques dernières décennies. Pire, il est en train de détruire la valeur travail et aussi de dilapider ses compétences. Déjà, nous commençons à avoir besoin d’ouvriers pour certaines tâches et bientôt de médecins.

Un pays qui ne cesse de quémander de l’aide et de solliciter l’appui des grandes puissances pour l’accès aux marchés financiers. Et pour quoi faire ? Eh bien pour rembourser ses dettes ; car la croissance est devenue négative et ne donne plus la possibilité de combler les déficits.

Négative parfois dans l’absolu mais surtout par rapport à ce que notre pays est capable de réaliser en termes de création de richesses. D’où ce grave dysfonctionnement qui nous place aujourd’hui face à un triste et sombre destin, la faillite généralisée.

Il s’agit là d’une vérité que personne ne peut nier. Certains, pourtant, n’en sont pas conscients puisque la constitution même de leur perception des choses se réclame d’une autre planète. Ceux qui, pour réparer un édifice, vont jusqu’à le démolir.

Ceux, il s’agit encore d’eux, qui n’arrivent pas à faire la différence entre l’urgent et l’important, entre sauver l’économie, le vrai oxygène de tout le pays, et l’absence d’une bouteille d’oxygène dans le stock. D’autant que ce dernier manque est dû, entre autres, à une économie asphyxiée, pour ne pas aller chercher dans les explications à caractère «complotiste».

Ceux encore qui divisent alors que leur mission leur impose de fédérer, ceux qui, au lieu de jouer le rôle de vrai leader, jouent un rôle qui ressemble à celui d’un contremaître, ceux qui se croient dans le bon chemin alors qu’ils se sont égarés, enfin ceux qui allument le feu, puis se réclament pompiers.

Nous sommes donc en plein dans l’absurde et la situation risque de durer. D’un côté, un pays qui se noie dans les problèmes complexes et structurels, de l’autre, un pouvoir doté d’une vision simpliste des choses, pour ne pas dire… autre chose.

Un pouvoir aux mains d’un seul homme, qui gouverne par le suspense et les devinettes, qui semble habité par l’image d’un Bourguiba, le sauveur providentiel, le guide infaillible, filmé derrière son majestueux bureau en train de donner ses directives, non à des ministres (disons de simples secrétaires d’Etat) mais à de gentils petits élèves.

Oui, nous sommes face à l’émanation de l’esprit de Bourguiba, mais un Bourguiba qui ne sait ni séduire son auditoire, ni marquer des silences éloquents, ni donner des exemples concrets, ni sourire, ni pleurer comme lui. Seul le schéma est visible. Vouloir imposer sa vision des choses, croire qu’il détient la solution magique et persister dans l’erreur.

Un gouvernement ? Pourquoi faire, je décrète le régime présidentialiste. Un Parlement ? Pourquoi faire, je promulgue des décrets-lois. Des partis ? Pourquoi faire, ce ne sont que des repaires de malfaiteurs. Le dialogue ? Pourquoi faire : un questionnaire à distance fera l’affaire. Nous serions alors tentés d’enchaîner, un peuple ? Pourquoi faire, puisqu’il n’y aura bientôt que des sujets.

L’impression que Saïed donne est qu’il se croit le sauveur providentiel du pays, alors qu’il est plus ou moins responsable de la situation d’avant le 25 juillet dernier et entièrement responsable du bourbier dans lequel nous sommes, se confirme de jour en jour. Pire, en donnant l’impression qu’il est l’homme fort du pays, il est en train d’ameuter tous les opportunistes et les arrivistes et ceux-là vont certainement former autour de lui un groupe fasciste.

Le flou d’il y a trois mois est devenu, hélas aujourd’hui un écran opaque, pour ne pas dire un rideau de fer. Ce qui ne laisse rien de bon se présager. Une mise au point générale s’avère donc indispensable. La situation est, en effet, en train de pourrir et tout le système issu des élections présidentielle et législatives de 2019 est à abolir, avec l’obligation pour tous de rendre des comptes.

Laisser un commentaire