Mohamed Bougriba,  président de la Chambre Syndicale des Sociétés de Distribution des Produits Pétroliers: “Le marché des produits pétroliers n’est pas attractif”

Pour que le marché des produits pétroliers soit encore plus attractif et draine davantage d’investisseurs, Mohamed Bougriba,  président de la Chambre syndicale des sociétés de distribution des produits pétroliers, préconise  de mettre en place une feuille de route qui permet d’avoir une visibilité à moyen et long termes, et de revoir les marges appliquées. Il recommande également la suppression progressive du gasoil ordinaire, tout en favorisant le développement des produits premium.

Intervenant dans le cadre de la 6e édition du Forum de la gouvernance, Mohamed Bougriba, président de la Chambre syndicale des sociétés de distribution des produits pétroliers, a mis l’accent sur les acquis et les opportunités du secteur de la distribution.

S’agissant des acquis, M. Bougriba a fait savoir que le secteur est  bien structuré étant donné que le respect des standards y fait loi. Il est également caractérisé par une offre clients de plus en plus diversifiée et un niveau d’expertise reconnu à l’échelle mondiale. Selon le président de la chambre, le secteur de la distribution recèle également des opportunités. Il suffit de rendre le marché tunisien plus attractif, de faire évoluer le cadre réglementaire qui est resté figé, d’adapter  le portefeuille produits aux standards internationaux et, surtout, de trouver une solution radicale à la prolifération du  marché parallèle qui représente 25% du marché de la distribution des produits pétroliers.

La nécessaire revalorisation des prix

S’appuyant sur ce qu’il a appelé la trilogie de l’investisseur, M. Bougriba a expliqué que, pour améliorer l’investissement dans le secteur de la distribution, il faut agir sur trois facteurs. Le premier, c’est l’attractivité du marché. Il a affirmé, dans ce contexte, que le marché n’est pas attractif. Une analyse réalisée sur un échantillon représentatif de pays africains non producteurs a révélé que le marché tunisien est le moins attractif de tout l’échantillon. “Malgré le potentiel que présente la Tunisie, on est classé parmi les derniers, étant donné que le marché est 100% administré au niveau des prix, mais aussi au niveau  des marges. Les marges appliquées  sont aux alentours de 25 dollars pour le m3, alors que le pays qui vient juste après est à 45 dollars, ce qui fait que notre marché n’est pas très attractif”, a-t-il noté. Parmi les propositions préconisées pour un marché plus attractif, M. Bougriba a cité la mise en application  de l’accord-cadre signé en mai 2017, l’élaboration d’un contrat programme qui se base sur une revalorisation des prix et des marges claires et équitables, et une lutte réelle contre le marché parallèle.

Les primes de stockage pénalisent les sociétés de distribution

Le deuxième facteur sur lequel il faut agir pour drainer davantage d’investissements dans le secteur, c’est le cadre réglementaire qui doit être favorable. M. Bougriba a appelé, à cet égard, à revoir les réglementations qui régissent le marché de distribution des produits pétroliers et de les faire évoluer de façon à satisfaire les besoins du consommateur et les attentes des sociétés et des investisseurs. Il a, en outre, souligné que  les sociétés de distribution se trouvent pénalisées, malgré les dispositions prises pour respecter l’ exigence  qui consiste à avoir un stock de sécurité de 60 jours, et ce, en raison d’un rythme d’approvisionnement non soutenu. De surcroît,  les primes de stockage fixées à seulement 4,1 dinars au m3 n’encouragent pas les investissements dans de nouvelles capacités de stockage. “La prime de stockage est  de 4,1 dinars au m3, alors qu’au Maroc avant la libéralisation, elle était  à 16 dollars. C’est une énorme  différence”, a-t-il précisé.

M.Bougriba a, dans ce même sillage, appelé à la mise en place d’un mécanisme de compensation des frais de transport en cas de blocage des zones pétrolières, l’instauration d’ un cadre réglementaire pour l’autogaz et l’adoption d’un montant de consignation de la bouteille GPL équitable pour tous les intervenants du marché.

Privilégier les carburants premium

S’agissant du troisième facteur, en l’occurrence le développement des opportunités, le président de la Chambre syndicale des distributeurs recommande de mettre en place  un plan conjoint de déclassement du gasoil ordinaire qui, non seulement, ne répond pas aux normes internationales, mais qui pèse, aussi, lourdement dans le budget alloué aux subventions.

Il a, en outre, appelé à privilégier les carburants premium moyennant une politique de prix adaptée et à mettre en place un plan d’introduction de l’essence 98.

Pour M. Bougriba, il est nécessaire d’élaborer une feuille de route pour booster le marché des produits pétroliers. Ce plan d’action devrait permettre l’application des termes de l’accord-cadre de mai 2017, la mise en place d’un contrat programme qui permet l’instauration d’une formule automatique de révision des prix et des  marges, le phasing-out du gasoil ordinaire avec un développement des carburants premium, la mise en place de  mesures sectorielles correctives relatives notamment au GPL domestique et au transport et, enfin, d’une commission conjointe pour démarrer les réformes.

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