«Hades-Hjar El Oued» de Mohamed Khalil Bahri, actuellement dans les salles:  Psychodrame saccadé

Après «Li Akher Nfass» (2020), le réalisateur Mohamed Khalil Bahri rempile pour un 2e long-métrage, avec en tête d’affiche Ahmed Landoulsi, Majd Belghith, Marwa Agrebi, Raouf Ben Amor, Ahlem Fekih, Malek Ouni, Lamine Belkhodja, Aziz Bey, Youssef Bouguerra et Mohamed Khammessi. Présenté comme un psychodrame, «Hades-Hjar El Oued» est distordu et entêtant.

Dans la même lignée que son premier long-métrage cité ci-dessus, Mohamed Khalil Bahri tente, sur 1h30, d’entraîner son public (en vain ?) dans les méandres d’un psychodrame saccadé, dont on parvient difficilement à rassembler les morceaux. «Hjar El Oued», titre du film, est une appellation en dialecte tunisien courant qui désigne les personnes gardées, vraies, authentiques, résistantes aux aléas de la vie.

Le film tourne autour de la disparition intrigante de l’ami d’un présentateur télé connu. Ce dernier est sans cesse hanté par les dessous sordides entourant (la mort ?) de son ami dans des circonstances étranges. Commence alors une quête, dans le but de lever le voile sur cette affaire où se mêlent le personnel, le professionnel, les personnes malveillantes, les complots et les coups bas. Une sortie de crise qui peine à aboutir…   

Dans ce scénario, dont le fil conducteur reste à peine saisissable, les personnages se perdent dans une spirale d’aller-retour temporelle. Des protagonistes finalement aliénés, distanciés. Entre présent et passé, les flash-back enquiquinent au bout d’un moment l’œil et les neurones. Dans le but d’adopter un style ou un genre précis, la narration perd toute concordance, impactant au final l’ensemble de la trame dramatique. Techniquement, la caméra se perd dans des mouvements nonchalants et la lumière finit par s’effriter. Les personnages sont endossés par une poignée d’acteurs dont le jeu reste globalement correct. Leur construction psycho-tragique est initialement bien tissée, mais finit par s’embourber dans des événements et diverses visions éclatées. Une manière peut être voulue de la part de l’auteur de relater à sa façon son histoire, mais qui peut empêcher le spectateur de bien tenir les ficelles de l’intrigue de bout en bout.

Traitant pourtant de thématiques dans l’ère du temps autour des relations humaines, de l’influence des médias et leur instrumentalisation à des desseins louches, ou encore de la corruption, un flou persistant et des interrogations restent en suspens laissant le public de «Hades-Hjar El Oued» sur sa faim.

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