Foire Internationale du Livre 2021— Rencontre autour de la propriété intellectuelle: La consistance et les interactions font défaut

Le secteur du livre et de l’édition en Tunisie a subi de très lourdes pertes en raison de la pandémie qui a encore aggravé la situation dans un secteur initialement en crise.


La 36e édition de la Foire Internationale du livre se poursuit jusqu’au 21 novembre 2021, proposant, en parallèle de ses activités principales, un programme culturel varié fait de conférences et de tables rondes autour de différentes thématiques, de rencontres et de dialogues entre les écrivains invités, des lectures et des échanges avec le public présent et du fameux rendez-vous «Mon expérience avec…» qui revient sur les expériences d’auteurs tunisiens et d’autres personnalités du monde littéraire. Cette année, la foire a dédié un important espace à la jeunesse avec une importante présence de littérature pour jeunes auxquels on a consacré, également, différentes activités et autres animations. Cette 36e édition rend honneur au livre tunisien et l’on ne peut prétendre à cela sans aborder la question ô combien épineuse de la propriété intellectuelle, qui touche différents métiers artistiques en Tunisie. Chose faite, timidement, il faut le dire, le mercredi 17 novembre, lors d’une rencontre qui a réuni, l’après-midi, différents protagonistes du secteur du livre : l’auteur Jalloul Azzouna, Slaheddine Hamadi de l’Union des écrivains tunisiens, Ramzi El Guerwechi de l’Organisme tunisien des droits d’auteur et des droits voisins (placé sous la tutelle du ministère des Affaires culturelles)  et un représentant de la Direction Générale des Lettres.

Malheureusement le président de l’Union des Éditeurs, Mohamed Riadh Ben Abderrazak, manquait à l’appel. Sa présence, ou celle d’un autre représentant de cette structure, aurait pu susciter plus d’échanges entre les différents intervenants autour de la question de la propriété intellectuelle.  La rencontre, qui a démarré avec du retard, n’a pas drainé du monde côté audience mais a vu la présence et une petite intervention du poète égyptien, le Dr Alaa Abdelhedi, qui est également secrétaire général de l’Union des écrivains arabes. Le secteur du livre et de l’édition en Tunisie a subi de très lourdes pertes en raison de la pandémie qui a encore aggravé la situation dans un secteur initialement en crise. Au coût du papier et d’impression, s’ajoute le manque de circuits de distribution et de promotion du livre. Une situation qui n’arrange en rien le problème de la propriété intellectuelle.

Le terme «propriété intellectuelle» désigne les œuvres de l’esprit tels que les œuvres littéraires et artistiques, les inventions, les dessins et modèles industriels, les emblèmes, les noms et images utilisés dans le commerce. Ces œuvres sont protégées par la loi. Comme pour le brevet qui protège les inventions, le droit d’auteur protège les œuvres littéraires et artistiques.

Concernant le secteur du livre en Tunisie, la propriété littéraire pose peut-être moins de conflits que pour celui de la musique ou de l’audiovisuel. Tout de même, la relation éditeur/auteur au vu de l’opacité de certains points concernant les différents accords entre les deux parties, génère dans certains cas différents litiges. Une situation qui impose des réformes législatives qui protégeraient tout le monde, même si, comme le souligne Slaheddine Hamadi de l’Union des écrivains tunisiens, l’auteur est celui qui subit le plus souvent les infortunes d’un accord non équitable.

Pour garantir ces droits et mettre un terme au flou entre le rapport des deux parties, ce dernier propose l’établissement d’un contrat type avec des points clairs qu’une commission constituée de différents protagonistes du secteur du livre pourrait rédiger.

Ramzi El Guerwechi, de l’Organisme tunisien des droits d’auteur et des droits, a, de son côté, parlé des éditions collectives ou des co-écritures qui peuvent impliquer, également, dans certains cas, l’exigence de contrats avec les différents intervenants qui accepteraient ou pas d’éditer leurs interventions (contenu, forme, etc.).  Il a parlé du contrat type et de la différence entre l’édition classique et l’édition numérique, rappelant que, dans tous les cas, la propriété intellectuelle protège le contenu et non l’idée, mais plutôt la manière de la concrétiser et de la mettre en œuvre.

Enseignant de la langue et des lettres françaises qui possède plusieurs ouvrages de critiques littéraires, membre du Club de la nouvelle depuis 1964 et l’un des fondateurs de la ligue des écrivains libres, Jalloul Azzouna s’est intéressé au patrimoine et a travaillé de manière critique sur le récit narratif et sur les textes de noms importants tels que Bechir Khraïef, Mustafa Fersi, Hassen Ben Othman et d’autres encore. Dans son intervention, lors de cette rencontre, il a surtout incité à la lecture et a appelé à la revalorisation nationale du livre et de la lecture.

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