Les JMC du 18 au 23 décembre 2021: Une version 100% hybride

A l’instar des autres festivals ici et ailleurs, les JMC ont  subi de plein fouet les contraintes de la pandémie du covid, réfléchies en présentiel, basculées sur le numérique, nous arrivons après deux années d’absence, à une version hydrique, qui assume pleinement ses choix. Le numérique avec les JMC n’est plus une sortie de secours, mais un choix et un positionnement portés par une équipe jeune et passionnée. Les JMC 2021 déploient leurs ailes et vont à la rencontre d’un public fait de profanes, d’amateurs, de mélomanes et surtout de professionnels par tous les moyens.

Youssef Lachkhem, directeur général de l’Etablissement national pour la promotion des festivals et manifestations culturelles et artistiques, a insisté lors de la conférence de presse tenue hier à la Cité de la culture, sur l’identité du festival : «Un espace, un lieu, une tribune pour les nouveaux modes d’expressions musicales en particulier celles qu’on nomme la musique du monde. Les JMC sont ainsi une occasion de découvrir une musique tournée vers l’avenir ouverte aux différentes cultures et civilisations, une musique proposant de revisiter le passé pour de nouvelles écritures artistiques du patrimoine. Elles misent sur les nouvelles technologies afin de toucher aussi un nouveau public—les jeunes—dont le digital est devenu sa principale fenêtre sur le monde extérieur.

«L’appui de l’Etablissement national pour la promotion des festivals à la nouvelle conception des JMC s’inscrit pleinement dans la politique de l’institution dans sa démarche d’accompagner les artistes tunisiens pour une meilleure visibilité à l’échelle nationale et internationale, en plus de promouvoir la distribution des créations tunisiennes.

Dans cette nouvelle édition, les prix et les compétitions ont été abandonnés pour mettre en avant la créativité du produit artistique tunisien et la promotion de son exportabilité».Sami Ben Saïd,—directeur artistique des JMC, a partagé avec l’assistance son questionnement des débuts : «Et si l’on cessait de voir les choses uniquement sous l’angle de la crise ? N’y a-t-il pas une moitié pleine dans le verre ? Forcément il y a opportunité quand on se rend compte que les festivals qui ont opté pour une édition 100% digitale (faute d’avoir le choix peut-être) ont réussi à meubler la toile avec un contenu non seulement riche et diversifié, mais aussi offrant une pérennité qui a toujours manqué aux événements éphémères. Le retour des JMC après deux ans d’absence dans des conditions presque normales n’est pas sans passer par cette phase de sidération, d’inquiétude et de remise en question, ce viscéral besoin de contact ne va pas à l’encontre d’opter pour une édition hybride où le présentiel et le digital vont de pair, afin que l’expérience vécue par le « mélomane d’un soir» reste accessible à tout le monde et à tout moment. La compétition qui a toujours été un axe principal des JMC a cédé la place à une rencontre entre artistes et professionnels du secteur, le nombre des groupes participants a été multiplié par trois, permettant à un public aussi averti que curieux de venir rencontrer des artistes de la scène émergente venant de l’Afrique et du Moyen-Orient».C’est ainsi que les JMC s’articuleront essentiellement autour de : la soumission de propositions génératrices d’une offre artistique exceptionnelle, la diffusion, la promotion et la révélation de nouveaux talents et mouvements/actions artistiques, l’incitation, la stimulation et le soutien d’initiatives innovantes, l’élargissement de la base sociale du public cible et la promotion de l’intérêt porté pour la musique.

Et il reprend «Dans un contexte pour le moins exceptionnel, nous croyons fort que la musique sera toujours là, ouverte à toutes les expérimentations qu’on osera, en prenant le risque de plaire et de déplaire, et ce, dans le respect de l’artiste et du citoyen assoiffé d’art et de culture», conclut-il.

Pour son édition 2021, les JMC s’articuleront autour de 3 axes : les Showcases avec 40 concerts en présentiel qui auront lieu dans plusieurs espaces de la capitale, 11 concerts digitaux seront mis à la disposition du public dans l’open space du digital. Car la version digitale a permis au moindre coût d’aller vers des artistes et filmer un concert de haute qualité. Les équipes des JMC sont ainsi parties au Cameroun, Togo, Mali, Mauritanie, Madagascar, Egypte… Onze concerts seront projetés sur un écran géant accompagnés par un documentaire de 5 mn autour de l’artiste ou du groupe. Le deuxième axe est celui des rencontres professionnelles digitales.  Les JMC 2021 sont la concrétisation d’une vision qui a démarré depuis 2014 : celle de renforcer le réseautage entre professionnels et artistes. Se démarquant des autres festivals axés essentiellement sur la musique, les JMC sont avant tout une rencontre professionnelle dans le but de permettre aux artistes tunisiens, africains et arabes une meilleure exportabilité à l’international. Des professionnels venus du monde entier seront présents chaque matin (10h00-12h00), à la salle 4e Art (Tunis) pour donner des masterclass autour des problèmes de l’export à l’international des artistes arabes et africains : la problématique du développement durable de l’industrie musicale, et  la problématique des droits d’auteur en Tunisie, en Afrique et dans le monde arabe.

Le troisième  axe est celui de l’incubation, du producer Lab et des JMC autrement. Destiné aux artistes tunisiens vivant en Tunisie, JMC Artistes Lab est une formation qui a commencé depuis septembre 2021 au profit de 12 groupes tunisiens.  Pour mieux préparer leurs participations aux JMC, les artistes ont suivi une formation et un accompagnement digital pour mieux défendre leur projet face aux professionnels.  Les JMC Producer Lab destiné aux jeunes producteurs tunisiens arabes ou africains ayant des projets musicaux pour suivre une formation dans le but de transformer leurs idées en projets.  Et JMC Autrement qui est une résidence de 8 artistes et 2 responsables incubateurs en plus d’un expert de musique électronique, Zied Hamrouni, et d’un curateur, Aymen Gharbi. Les JMC Autrement, c’est un concert de musique accompagné d’une installation visuelle, le public découvrira l’aboutissement de cette résidence à travers un parcours au cœur de La Médina de Tunis entre Bir Lahjar, Tahar-Haddad et  Midhat al Sultan.

En digitalisant le festival, l’équipe des JMC, en partenariat  avec CFW offre une nouvelle expérience au public d’interagir avec les artistes, d’assister aux masterclass et aux tables rondes, de regarder les livestreams et de profiter au maximum de ces journées. Les JMC 2021 relèvent un énorme défi, le défi d’une version hybride pour sortir de la capitale et les rapprocher d’une audience plus large et diversifiée tout en faisant rayonner cet événement annuel, à la fois en présentiel et à distance. Le but de cette initiative est de démocratiser l’accès à la culture, de décentraliser l’art et, surtout, de mettre en lumière et de répandre l’innovation.

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