Entretien avec Kamel Snoussi (vice-président du stade tunisien) : «Le glorieux ST mérite un bien meilleur sort»

Grâce à ses quatre titres de championnat (1957, 1961, 1962 et 1965), ses six Coupes de Tunisie (1956, 1958, 1960, 1962, 1966 et 2003), sa Supercoupe de Tunisie (1966) et notamment ses deux couronnes arabes des vainqueurs de coupes (1989 et 2001), le Stade Tunisien détient l’un des palmarès les plus glorieux du football tunisien. Aujourd’hui, ce club, jadis huppé, se trouve en Ligue deux et se débat tant bien que mal pour retrouver l’élite nationale. Et si l’expression «grandeur et décadence» colle bien à un club c’est au Stade Tunisien qu’elle le fait à juste titre. Dans cet entretien nous avons choisi Kamel Snoussi, premier vice-président et ancien président du ST pour nous en parler davantage. Propos.

Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs en quelques mots ?

J’ai 52 ans et je suis l’un des enfants du prestigieux club du Bardo dont j’ai porté les couleurs dans les sections d’athlétisme et de handball avant d’occuper le poste de président du club de 2011 à 2013. Aujourd’hui, je reviens à l’administration du Stade Tunisien en tant que premier vice-président au sein d’un comité directeur présidé par Noureddine Ben Brik, un autre enfant du club. Je pense que nous avons tous un devoir envers le Stade Tunisien qui vit une étape très difficile de son histoire et qui a besoin de tous ses enfants afin de retrouver la place qu’il mérite parmi l’élite nationale. Mais cela doit passer par une nécessaire restructuration bien réfléchie. Et c’est cela notre objectif primordial.

D’abord pourquoi le ST n’est plus ce qu’il était autrefois ?

Personnellement, je pense que la principale déficience du Stade Tunisien est la perte du soutien de son public dont le nombre s’est notablement amoindri au fil du temps à cause de la longue disette qu’il a connue. Ce qui est logique car pour alimenter l’amour du club, à travers les générations, la meilleure façon consiste à offrir des titres aux supporters. Bien sûr, il y a d’autres facteurs qui ont contribué à l’extinction de la flamme du Stade Tunisien. Il y a, par exemple, la politique de «décentralisation» du rayonnement des clubs dans leurs régions par le biais du soutien accordé pour d’autres nouveaux venus dans la région du Sud, du Sahel, du Nord, etc. Le ST en a payé les frais en quelque sorte car il n’est pas suffisamment favorisé comme l’Espérance ou le Club Africain pour continuer de «représenter» la capitale tel qu’il le faisait au début de l’Indépendance.

De plus, il ne faut plus taire le fait que le ST a été «volé» plus d’une fois au grand avantage des autres grands clubs. C’est ainsi qu’il a perdu plusieurs titres qui auraient pu être épinglés dans son tableau  de chasse.

Et quand on ajoute à tout cela la mauvaise gestion et la cession maladroite (voire magouilleuse) de plusieurs jeunes talents sans la contrepartie adéquate, on aboutit inéluctablement à la destruction du club. Le malheur c’est que tous les «fauteurs» échappent toujours aux sanctions en la présence d’une incompréhensible impunité trop permissive.

Comment envisagez-vous la meilleure stratégie pour faire sortir le ST de l’auberge?

Il faut d’abord chercher l’origine du mal aussi bien pour le ST que pour tous les autres clubs qui sont confrontés à une multitude de difficultés, particulièrement financières.

Je pense que le déclic des maux qu’on connaît tous a été le professionnalisme (ou le semi-professionnalisme) qui a démarré au début des années 90. Depuis, le clivage n’a fait que grandir entre les clubs nantis et favorisés par plusieurs types de traitement et les autres qui sont devenus des laissés-pour-compte voués à l’extinction.

Et c’est ce que nous projetons d’éviter à notre club dont l’histoire plaide largement en sa faveur. Le ministère de tutelle et la FTF doivent être des acteurs influents dans la large opération de sauvetage  et de restructuration que nous avons commencée à entreprendre.

Les supporters s’interrogent à quand la fin du calvaire de l’«ascenceur» entre les Ligues 1 et 2?

Malgré vents et marées et les énormes trous budgétaires, le ST n’a été relégué en Ligue 2 que deux fois dans son histoire en 2015/2016 et 2020/2021. Nous espérons que cette fois-ci sera la dernière et que notre club arrive, dans le futur, à avoir la place qu’il mérite vraiment au sein de la Ligue 1.

Le ST a toujours enfanté des sportifs de haut niveau spécialement en football. Les noms de Noureddine Diwa, Moncef Chérif, Brahim Kerrit, Abdallah Trabelsi, Ahmed Mghirbi, Mohsen Jendoubi, Néjib et Jamel Limam, Abdelhamid Hergel, Youssef M’sakni, Bassem Srarfi et la liste des talents qui est vraiment très longue en témoigne. Est-ce qu’ il va pouvoir continuer d’être un vivier de talents à l’avenir ?

«Sans aucun doute et c’est cette manne que nous comptons fructifier à bon escient pour renflouer la trésorerie du club du Bardo grâce à une gestion saine sans pour autant dégarnir la section seniors. Je tiens à souligner que le ST réalise de très bons résultas dans toutes les disciplines. Il a le mérite de perpétuer sa vocation de club omnisports servant l’intérêt général  du sport tunisien malgré le tarissement de ses ressources.

C’est d’une jolie performance qu’il s’agit là en dépit du fait que notre association aura besoin d’un million et demi de dinars pour boucler la saison 2021-2022. Je saisis cette occasion pour lancer un pressant appel à tous les concernés par la situation qui sévit au ST pour qu’ils lui viennent en aide le plus rapidement possible.     

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