«Bunkoeur» de Nidhal Chatta, actuellement en tournage: Dans l’antre d’un «Bunkoeur»

L’immersion s’est faite dans une immense demeure coloniale abandonnée qui fait office de plateau de tournage et de décors. «Bunkoeur», prochain long métrage de Nidhal Chatta est actuellement en tournage. Auréolé d’un casting trié sur le volet et d’un scénario ficelé, développé par Sophia Haouas, le film raconte les failles sociales d’un pays en déliquescence et fait échos aux maux persistants d’une société malade sur fond de drame.

«Bunkoeur», jeu de mots, se référant à des états d’âme, ou résumant l’intrigue principale. Le dernier film de Nidhal Chatta est une histoire, librement inspirée de faits réels et que nous nous garderons finalement de dévoiler en détail à leur stade actuel. «Bunkoeur» rassemble plusieurs personnages, des âmes errantes, traînant pour la plupart un vécu lourd. Des personnes aux destins ébranlés et au passé étriqué. Plusieurs vies s’entremêleront au fil du temps, des événements de l’histoire et du lieu. Défini comme une «Faune Humaine», un immeuble colonial très ancien, situé en bord de mer, va être le théâtre d’abominations et d’histoires intrigantes, et non moins sordides. 

Au cœur de cette histoire, une jeune femme, forte et libre, se retrouve emportée par cette spirale. Un tourbillon qui mettra le spectateur face aux complexes d’une société tunisienne rongée par une crise économique profonde, une frustration sexuelle persistante, écrasée sous le poids des traditions, du patriarcat, du racisme, de la haine, du régionalisme, de l’intolérance. «Bunkoeur», s’annonce dur, et riche d’une dimension métaphorique qui interpelle. Ses personnages perdus, épars, forment un microcosme, sur le point d’éclater. Ils sont nichés toutes et tous dans cette vieille bâtisse, hors du temps, génératrice d’une proximité collective qui s’avérera toxique. Dans ce «Bunkoeur», des personnages divers sont perçus couramment dans l’(in)conscient collectif comme souffrant de toutes «les tares sociales». Le film renvoie aux origines d’une société actuelle, foncièrement encore tribale, féodale.    

Rim Hayouni campe le rôle de Malek, victime d’un viol. Oumaïma Bahri est Jihen, trentenaire, originaire de Gabès. Intuitive, et témoin de quelques faits, elle est locataire, venue s’installer à Tunis par amour. Khaled, incarné par Lamine Belkhodja, est l’ami protecteur de Malek. Mohamed Dahech joue le rôle de Mounir, l’homme à tout faire dans l’immeuble : ayant une vie plate et réduite en apparence, juste en apparence… Fatma Felhi incarne Azza, l’amie de Malek, protectrice et aimante, elle lui sera d’une grande aide. Azza a une part de mystère, ayant peut-être des solutions (ou pas) aux problèmes survenus. Elle est passionnée d’arts martiaux. Hichem Rostom incarne l’homme des bas-fonds, mystérieux, et est le décor. «Le lieu est un personnage principal en soi dans ce film», commente l’acteur.  Mayssa Oueslati endosse le rôle de Mouna : femme divorcée, maman, et accumulant les amants, elle est en lien avec plusieurs personnages, Abdelmonam Chouayat interprète le rôle de Lotfi dans le film : un personnage émotionnellement riche et dur. L’acteur, en parlant de son personnage, évoque un film d’emblée abouti. Basma El Euchi est comédienne de théâtre, ayant à son actif de nombreux courts métrages. L’actrice joue un rôle qui parle peu et s’exprime via les expressions, la gestuelle et le langage du corps. 

La genèse du film est inspirée d’un faits divers qui a eu lieu il y a 25 ans et qui a été développé avec la scénariste Sophia Haouas. L’histoire tragique d’une jeune fille qui s‘est malencontreusement déroulée dans «un zoo humain». Tout le challenge de Nidhal Chatta repose sur le fait de trouver les bons acteurs capables d’incarner comme il faut ces personnages complexes, durs, et pouvant porter le film de bout en bout. «Trouver les acteurs capables de pousser aussi loin l’expérience du jeu fut difficile, mais on a réussi», déclare Nidhal Chatta. «J’aime beaucoup m’entourer de la même équipe technique et autres pour travailler. Ça permet d’avancer et de se projeter même. Le déclic pour traiter cette histoire était intuitif. Le déclic est aussi toujours de l’ordre de l’image et de la relation professionnelle de confiance installée sur un lieu de travail», selon Nidhal Chatta. Le tournage prendra fin bientôt. La sortie du film est prévue pour la rentrée de 2022.

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