Ugtt-Gouvernement : Vers l’apaisement ?

A analyser les déclarations de Noureddine Taboubi et de ses adjoints, d’une part, et celles du ministre des Affaires sociales, d’autre part, on a le sentiment ou l’intuition qu’on s’oriente vers l’apaisement entre La Kasbah et la place Mohamed-Ali
On attend que les positions soient encore plus claires pour saisir sur quelle base et pour quels objectifs les syndicalistes et le gouvernement auraient décidé d’œuvrer ensemble

Entre l’Ugtt et le gouvernement et plus particulièrement la présidence de la République, il faut désormais se lever de bonne heure, écouter attentivement et analyser à la loupe les déclarations de Noureddine Taboubi, le secrétaire général de la centrale syndicalise ouvrière, et de ses lieutenants les plus proches, dont en premier lieu Sami Tahri, Samir Cheffi, Hfaïedh Hfaïedh et Monaem Amira, dans l’espoir de pouvoir saisir si les syndicalistes et le gouvernement vont travailler ensemble ou si le divorce est consommé et le torchon brûle ou si l’on s’oriente vers l’apaisement et la réinstauration des rapports de dialogue et de concertation dans le cadre du strict respect des attributions de la partie syndicale et celle gouvernementale.

Il importe également de creuser dans les déclarations de certains ministres du gouvernement pour savoir si l’Ugtt continue à s’opposer aux mesures du 25 juillet, plus particulièrement certaines dispositions contenues dans la loi de finances 2022 et la circulaire ministérielle n°20 sur les négociations salariales ou si l’Ugtt a changé de position pour que son secrétaire général annonce, à l’issue de sa rencontre,  lundi 3 janvier,  avec le  ministre des Affaires sociales, Malek Zahi, que «la Centrale syndicale ouvrière soutient les mesures du 25 juillet mais dans le cadre de la participation».

Qu’est-ce que les observateurs et les analystes politiques qui suivent de près   l’évolution quotidienne des rapports entre l’Ugtt et le gouvernement (lequel gouvernement applique scrupuleusement les instructions présidentielles) peuvent-ils ou doivent-ils saisir en écoutant la petite phrase de Taboubi sur le soutien «dans le cadre de la participation»?

Qu’est-ce qu’on doit tirer également de la longue phrase prononcée par Taboubi en parlant de Malek Zahi, qui, faut-il le rappeler, est le fils de feu Moncef Zahi, l’une des  personnalités marquantes du syndicalisme tunisien : «Ce jeune élément représentant la jeunesse tunisienne que nous (l’Ugtt) voulons voir réussir sa mission et son expérience politique et à l’égard de qui nous n’avons aucun grief».

Et Taboubi de conclure: «C’est vrai qu’il fait partie du pouvoir exécutif, mais son rôle est de concilier les partenaires sociaux et même le gouvernement parfois».

En contrepartie de la lune de miel que Taboubi appellerait de tous ses vœux à instaurer entre l’Ugtt et Malek  Zahi, ce dernier annonce, le plus clairement du monde : «Noureddine Taboubi affirme que la centrale syndicale œuvrerait à être un élément d’appui pour le gouvernement afin de pallier tous les obstacles actuels».

Il ajoute même : «Le SG de l’Ugtt a souligné la nécessité d’instaurer une étroite collaboration entre l’organisation syndicale et le gouvernement, en cette période historique».

Les termes et les propos tenus par Malek Zahi, qu’il attribue à Noureddine Taboubi sont clairs comme de l’eau de roche : en cette période historique spécifique, le gouvernement et l’Ugtt ont l’obligation de surmonter les désaccords de conjoncture, de regarder ensemble vers l’avenir en faisant des concessions chacun de son côté.

Et il ne faut pas prétendre être au parfum de ce qui se trame à la place Mohamed-Ali et à La Kasbah (toujours sous la supervision de Kaïs Saïed) pour comprendre que les amabilités Taboubi-Malek Zahi aboutiront à un compromis ou à un accord (qui ne seront pas publics) en vertu desquels l’Ugtt assouplirait ses positions à l’égard de «la feuille de route de Kaïs Saïed», alors que le gouvernement pourrait, en échange, revoir l’approche qu’il a annoncée en matière de négociations salariales avec les syndicalistes.

On attend que ces positions s’éclaircissent un peu plus à la lumière des positions qui devraient découler des travaux de la commission nationale administrative de l’Ugtt dont les travaux ont démarré hier, mardi 4 janvier, à Hammamet et aussi à la lumière de la  possibilité pour le gouvernement de revoir la circulaire n°20.

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