Samir Rekik, expert financier

«En Tunisie, tous les moteurs sont bloqués et 25% des ressources de l’Etat sont dédiés au remboursement de la dette extérieure. La Tunisie s’est adressée au Fonds monétaire international quatre fois depuis la révolution, car il est impossible, pour l’instant, de ne pas s’endetter, puisqu’on s’endette pour payer les salaires. Je rappelle que 66% de la dette de la Tunisie sont une dette publique. Il est nécessaire de penser à restructurer notre dette. La paix sociale a son prix malheureusement. La Tunisie a également connu la hausse inégalée du nombre des fonctionnaires, passant de 340 mille en 2010 à 650.000 en 2021. D’ailleurs, 40% du budget de l’Etat sont affectés au paiement des salaires.  Les entreprises publiques sont dans une situation lamentable et plusieurs sont déjà en difficulté. Il alors impératif de nouer des partenariats stratégiques en vue de sauver ces entreprises dont les pertes pèsent lourdement sur le budget de l’Etat. La loi de finances 2022 est dépourvue de mesures rigoureuses, particulièrement celles relatives à la politique d’austérité. Près de 1.200 millions de dinars sont payés pour le renouvellement de l’arsenal des voitures administratives. Ce qui est illogique et inadmissible. J’appelle à l’organisation d’un dialogue avec l’Ugtt, puisque le recours au FMI est inéluctable, faute de quoi la Tunisie sera contrainte de solliciter le Club de Paris ».

Amine Ben Gamra, expert comptable, commissaire aux comptes et membre de l’Ordre des experts-comptables

« Plus de dix ans d’économie vaudou et d’opportunisme politique, pratiqués par neuf gouvernements successifs de différentes couleurs politiques, que ce soit l’islamiste Ennahdha, le désormais décadent Nidaa Tounes ou l’allié des islamistes Qalb Tounes, ont mis le pays à genoux.

Jusqu’à présent, il n’y a aucun signe d’une feuille de route économique, malgré les conditions économiques et financières désastreuses du pays.

La dette s’est envolée en raison de l’augmentation considérable de la charge salariale de fonctionnaires et des travailleurs dans les entreprises publiques. Les sources de financement étrangères se tarissent et les investissements dans l’industrie et les services sont à leur plus bas niveau.

Dans tous les cas et quelles que soient les recommandations que le FMI fera dans les prochains mois, elles n’échapperont pas au sort de celles faites précédemment et qui n’ont pas été entendues. Les intérêts des entreprises privées existantes et du syndicat principal, l’Ugtt, enserrent les gouvernements en étau, rendant les réformes impossibles ». 

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