Limogé suite à l’élimination par le Burkina Faso : Kebaïer, bouc émissaire d’un système défaillant !

Wadie Jary s’est vite débarrassé de Mondher Kebaïer, lui faisant endosser l’entière responsabilité de l’élimination aux quarts de finale de la CAN du Cameroun, sans même passer par la case évaluation.  Encore une décision prise à la hâte en ce qui concerne le poste de sélectionneur national.

Dimanche, Wadie Jary a décidé de remercier Mondher Kebaïer à peine trois heures après que la délégation a atterri à l’aéroport de Tunis-Carthage.

Et si on se réfère aux déclarations faites par Mondher Kebaïer à l’aéroport, rien ne laisse présager qu’il a été averti, que ce soit au départ du Cameroun ou dans l’avion, qu’il allait être limogé.

«C’est l’heure de l’évaluation», a-t-il lancé aux représentants des médias présents à l’aéroport. La question qui s’impose : pourquoi laisser un technicien se ridiculiser devant les médias en annonçant qu’une évaluation de la participation à la CAN sera faite, alors qu’il y a intention de le mettre à la porte? Quand on est patron d’une fédération nationale de football, on ne se comporte pas de la sorte avec un sélectionneur national. La règle veut qu’une évaluation se fasse sur la base d’un rapport rédigé par le sélectionneur national, qui soit analysé par le DTN.

Ledit DTN émet un avis, à même de trancher. Chez nous, le domaine d’action d’un DTN se limite aux sélections des jeunes et à l’établissement des programmes de formation.

9 sélectionneurs en 10 ans

Wadie Jary a pris les commandes de la FTF en 2012. En février 2013, il a nommé son premier sélectionneur, Nabil Maâloul, à la place de Sami Trabelsi. Maâloul n’est resté que 7 mois. Il a été remplacé par Ruud Krol, dont le mandat s’est étalé sur un an et sept mois (septembre 2013-avril 2014). Les sélectionneurs qui se sont succédé : Georges Leekens (avril 2014-juillet 2015), Henry Kasperczak (juillet 2015-avril 2017), Nabil Maâloul encore une fois (avril 2017-juillet 2018), Faouzi Benzarti (juillet-octobre 2018), Alain Giresse (décembre 2018-août 2019), Mondher Kebaïer (août 2019-janvier 2022) et Jalel Kadri depuis dimanche dernier. Pour la petite histoire, quand Nabil Maâloul est revenu aux commandes en avril 2017, il parlait d’un projet sportif pouvant s’étaler jusqu’à six ans. Il a été remercié au lendemain d’une participation pas vraiment reluisante au Mondial de Russie. Dans la foulée, on a fait appel à Faouzi Benzarti sous prétexte que suite à sa longue carrière, il méritait la chance d’être nommé sélectionneur national. Il n’est finalement resté que trois mois et limogé par téléphone, un samedi après-midi, sur fond de crise de communication avec les joueurs binationaux. Alain Giresse a alors débarqué, lui, dont le nom avait déjà circulé à l’été 2018. Giresse a fait une très bonne CAN en Egypte, quittant la compétition au stade des demi-finales. A ce jour, personne ne connaît les raisons du limogeage de ce grand Monsieur du football. Lui qui a accepté un salaire maigre par rapport à son statut. Lui qui a accepté d’entraîner l’équipe de Tunisie par amour au pays et par respect à l’histoire de notre football. Pour Giresse, entraîner la Tunisie ne pouvait qu’embellir sa carte de visite. Nous ne nous sommes pas si sûr que Wadie Jary ait compris les raisons qui ont poussé Alain Giresse à accepter un salaire qui n’est pas à la hauteur de son nom. Connaît-il vraiment Giresse ? A-t-il l’aptitude pour évaluer son travail ? Certainement pas et que le patron de la FTF excuse notre franchise.

Dimanche dernier, le président de la FTF a eu la même attitude avec Mondher Kebaïer. Un remerciement sous forme de communiqué laconique. D’ailleurs, on ne sait pas si Jalel Kadri conduira l’équipe de Tunisie jusqu’à la double confrontation contre le Mali ou pas comptant pour les barrages du Mondial qatari ou fait-il office de «figurine» jusqu’à la nomination d’un nouveau technicien ? Le communiqué de la FTF ne dit rien.

Kebaïer a sans doute une grande responsabilité en ce qui concerne le parcours de la sélection durant la CAN du Cameroun. Mais il ne mérite pas d’être traité de la sorte. Un entraîneur mérite toujours d’être traité avec respect et son remerciement, quand il s’agit du poste de sélectionneur, doit se faire sur la base d’une évaluation scientifique faite par des professionnels.

Bref, Wadie Jary s’est vite débarrassé de Mondher Kebaïer, lui endossant l’entière responsabilité de l’élimination aux quarts de finale de la CAN du Cameroun, sans même passer par la case évaluation. Encore une décision prise à la hâte en ce qui concerne le poste du sélectionneur national. Encore un technicien qui fait office de bouc émissaire d’un système défaillant où les rôles ne sont pas déterminés. Un système où le président de la fédération n’en fait qu’à sa tête, décide de tout et, parfois, contre l’avis de tous.

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