Julien Coquet, accompagnateur d’entreprises «Tech & Services» françaises pour le développement de courants d’affaires en Tunisie, à La Presse «Malgré la crise, les opportunités existent»

«La France reste le premier partenaire économique de la Tunisie et les entrepreneurs des deux pays disposent de liens solides, établis depuis de nombreuses années, sur la confiance, le partenariat et le codéveloppement. En 2020, les échanges commerciaux franco-tunisiens se sont élevés à 6,2 milliards d’euros. La France est de loin le premier pourvoyeur d’investissement direct à l’étranger en Tunisie en termes de flux», c’est ce qu’a déclaré Julien Coquet, qui travaille chez Business France Tunisie, un des instruments de la diplomatie commerciale française. Il accompagne les entreprises françaises de la Tech (cybersécurité, télécom, edtech, fintech, logiciels…) qui souhaitent développer des courants d’affaires en Tunisie. Plus de détails sur sa mission en Tunisie.

Pouvez-vous nous présenter votre mission ?

Notre savoir-faire réside principalement dans notre réseau «Team France Export», qui accompagne en France plus de 10.000 entreprises à l’international, et, bien sûr, notre connaissance du marché local en plus des contacts que nous avons développés. Une entreprise française intéressée par la Tunisie bénéficiera de nos conseils et d’un accompagnement sur mesure. Pour la partie Export, nous sommes organisés en quatre filières : «Industrie & Cleantech», «Agrotech», «Art de vivre & Santé», et «Tech & Services». Chaque responsable travaille sur une filière et doit bien connaître son secteur avec ses contraintes et ses inconvénients,  afin de répondre aux besoins des entreprises françaises.

Par exemple, lors du «French Tech Tour Afrique du Nord», organisé en décembre dernier, j’ai accompagné six entreprises françaises sur deux jours en leur faisant découvrir l’écosystème «Tech» tunisien, en organisant des rendez-vous B2B personnalisés, des visites d’incubateurs-accélérateurs (The Dot, Orange Digital Center) et des rencontres avec des acteurs-clés du numérique (Smart Tunisia, la «French Tech Tunis»…).

Comment faire connaître les opportunités existantes auprès d’acheteurs et prescripteurs étrangers ?

Nous travaillons en collaboration avec la «Team France Export», un dispositif rassemblant toutes les solutions proposées par les régions, «Business France», les Chambres de Commerce et d’Industrie et «Bpifrance», pour faire gagner les entreprises françaises à l’international. Les conseillers internationaux, situés en France, accompagnent les entreprises dans leur projet de développement à l’étranger et sont au courant des opportunités détectées par «Business France» en Tunisie et en Afrique du Nord. Ils relaient les informations importantes et proposent un accompagnement pour approcher les acheteurs et faire connaître leur savoir-faire en Tunisie. Nous utilisons tous les outils disponibles : approche directe, webinaires, collaboration avec un partenaire local, y compris nos réseaux sociaux (LinkedIn — le premier réseau BtoB pour les entreprises françaises en Tunisie et Twitter), afin de mieux faire connaître nos offres, ainsi que notre site dédié à l’Afrique du Nord.

Aujourd’hui, quelles sont vos contributions ?

Notre principal enjeu est de rendre visible et accessible aux entreprises françaises les opportunités business qui existent en Tunisie, notamment dans le secteur de la «Tech» pour lequel je travaille. Grâce au «Start-up Act», la Tunisie a pu développer un écosystème Start-up remarquable, une référence en Afrique, et un nombre important de startup. Il est important aussi de rapprocher les entrepreneurs du numérique des deux pays et de se positionner sur les marchés du digital, en Tunisie et dans la région, sur les secteurs applicatifs en pleine accélération avec la crise covid.

Notre programme 2022 comporte plusieurs actions BtoB à vocation régionale. Un des enjeux est également le développement de nos appuis en Libye. Ce marché est appelé à se reconstruire après des années de trouble et les besoins sont nombreux. Il existe des opportunités à saisir grâce à une triangulation des entrepreneurs tunisiens, français et libyens, que nous souhaitons explorer avec des événements regroupant les deux marchés. Les principaux événements du premier semestre de 2022 concernent les logiciels et les «Data Centers», les industries culturelles et créatives seront nos centres d’intérêt pour l’été. Et, au second semestre, nous ciblons trois actions : un événement Cyber-sécurité qui concernera, en même temps, la Tunisie et la Libye. Il sera organisé en septembre. La deuxième édition du «French Tech Tour Afrique du Nord Tunisie-Algérie» sera pour le mois d’octobre et un événement «Edtech», organisé à Djerba en marge du Sommet de la Francophonie en novembre. Nous souhaitons aussi développer le programme V.I.E, en permettant à plus de jeunes professionnels français de se former en Tunisie, au sein d’équipes multiculturelles et dynamiques. Environ 25 jeunes sont en mission de volontariat, début 2022, sur le territoire tunisien et nous souhaitons, avec l’ambassadeur de France, doubler, d’ici deux ans, ce réservoir de talents au bénéfice des entreprises et de notre relation bilatérale.

Pourquoi avez-vous choisi ce travail ?

Après avoir travaillé quelques mois au Maroc en 2017, j’ai souhaité partir à nouveau dans un pays d’Afrique du Nord. Ce poste de Chargé de développement «Tech & Services», en tant que Volontaire International en Administration, que j’occupe depuis mars 2021, a donc été une formidable opportunité. En plus de découvrir un pays sur le plan personnel, je découvre un marché stimulant et des acteurs passionnés. Il est toujours intéressant de se familiariser à un nouvel écosystème, cela vous oblige à sortir de votre zone de confort et à prendre des risques.

Comment se portent les affaires entre la France et la Tunisie ? Y a-t-il un risque ?

Le risque existe pour réaliser des affaires entre la France et la Tunisie et nous assistons actuellement à une crise économique, sanitaire et sociale, qui touche de nombreux pays et qui peut limiter l’intérêt à court terme pour la Tunisie.

L’une de nos missions consiste, justement, à écouter, conseiller et accompagner les entreprises en présentant les difficultés et les opportunités car, malgré la crise, les opportunités existent, en particulier pour le secteur privé dans le segment de l’Offshoring vers l’Europe et l’Afrique. La visibilité des affaires reste limitée à court terme et s’améliorera progressivement en sortie de crise, mais c’est maintenant que les entrepreneurs doivent se positionner pour rebondir.Il ne faut pas oublier que la France reste le premier partenaire économique de la Tunisie et que les entrepreneurs des deux pays disposent de liens solides, établis depuis de nombreuses années, sur la confiance, le partenariat et le codéveloppement. En 2020, les échanges commerciaux franco-tunisiens se sont élevés à 6,2 milliards d’euros. La France était de loin le premier pourvoyeur d’investissement direct à l’étranger en Tunisie en termes de flux (52 millions d’euros), et le 2e en termes de stock (1,9 milliard d’euros). La présence d’entreprises françaises en Tunisie est très forte. Environ 150.000 personnes sont employées par près de 1.400 entreprises et les filières «Tech» restent dynamiques, avec de nombreuses entreprises développant des activités à valeur ajoutée. Les exemples de «Sofrecom», qui vient de fêter le recrutement de son millième ingénieur en Tunisie, après 10 ans de présence, l’activité africaine de «Vocalcom» depuis Tunis, le développement de «Numeryx», le renforcement des équipes d’Inetum, de «Sopra HR Software», de «Sagemcom» ou le développement d’Orange en Tunisie en témoignent. D’autre part, des entreprises tunisiennes se lancent avec succès à l’international et choisissent souvent d’implanter en France une base européenne, renforçant ainsi, notre relation entrepreneuriale, comme «Enova Robotics» ou «Proxym».

Comment identifiez-vous vos clients ?

Afin d’identifier nos clients, nous réalisons des veilles sur les tendances du marché, les opportunités, les projets de développement. Une part de notre métier consiste également à participer à des événements en France (les rencontres internationales de la «French Tech»,» Ambition Africa»…) et en Tunisie (conférences, salons), même si le covid-19 a complètement transformé ces échanges qui se déroulent souvent à distance. Notre organisation s’est adaptée à la crise avec plus d’agilité et de technologies, mais la même préoccupation de qualité de services et d’impacts en termes de courant d’affaires et d’environnement est là.  Étant donné notre présence en Tunisie depuis de nombreuses années, nous nous appuyons également sur un réseau important de partenaires sur lesquels nous pouvons compter. Je pense notamment à l’UIB – Société générale et à «Sofrecom» qui ont su nous accompagner pendant le «French Tech Tour». 

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