Agression du docteur Anissa Hamza à l’hôpital de Tataouine : A quand la fin du cauchemar ?

«Après deux ans de bénévolat et sept ans après mon recrutement dans le Sud tunisien, à 600 km de chez moi, je viens de vivre le pire jour de mon existence avec une agression physique et verbale, ainsi que des harcèlements durant trois heures au sein de l’hôpital…». Tel est le cri de détresse lancé par Dr Anissa Hamza, médecin au service des urgences de l’hôpital régional de Tataouine.

Encore une fois, on se réveille sur une nouvelle terrible. Dr Anissa Hamza, médecin du service des urgences de l’hôpital régional de Tataouine depuis 2015, a été agressée verbalement et physiquement par le porte-parole de la coordination El Kamour, Taher Hadded, sa sœur, ainsi que ses acolytes.

Agressée, séquestrée et menacée de mort !

Dans une vidéo largement partagée sur Facebook, la médecin ajoute que ce n’est pas la première fois qu’une telle chose se produit au sein de cet établissement hospitalier, sauf que cette fois-ci, ils sont passés à un niveau plus dangereux ; ils ont mis sa vie en danger en recourant aux violences physiques et en la menaçant de mort au sein de l’hôpital et devant ses collègues. «Pendant des années, j’ai tant donné de ma vie et de ma famille pour cette ville… J’ai toujours défendu le système de santé publique… Mais après deux ans de bénévolat et sept ans de recrutement au Sud tunisien, à 600 km de chez moi, je viens de vivre le pire jour de mon existence… J’ai été insultée et empêchée de sortir de mon bureau… J’ai subi des harcèlements et des menaces de la part de la sœur de Tahar Hadded, ainsi que ses acolytes durant trois heures… Il m’a frappée sur la tête avec une chaise, m’a séquestrée dans mon bureau et m’a menacée de mort… Et je n’ai pu sortir de l’hôpital qu’en présence des forces de l’ordre… Mais là, je dis stop…», a hurlé Dr Hamza, les larmes aux yeux, avant d’ajouter qu’elle a déposé une plainte dans ce sens en espérant une vraie suite, que ça serve d’exemple et que ce genre de comportement ne se reproduise plus !

Un corps médical livré à lui-même…

En effet, depuis mardi, la vidéo, qui fait le tour des réseaux sociaux, a suscité un tollé sur la toile, étant donné que cet accident n’est que passager et sera comme des milliers sans sanction, puisque la multiplication des attaques physiques et verbales dans les établissements hospitaliers est un problème récurrent qui ne semble pas avoir de solution malgré une série indéterminée de promesses qui ont été faites par nos décideurs dans ce sens-là. Cette scène et cette inquiétude, qui deviennent notre pain quotidien, montrent encore une fois que le corps médical et paramédical exerçant, notamment dans les hôpitaux, est livré à lui-même devant toutes ces agressions, dont les chiffres évoluent exponentiellement. Mais même si ces mauvaises pratiques persistent et gangrènent le secteur de la santé — notamment publique —, dans notre pays et même si cette situation s’aggrave davantage depuis le déclenchement de cette crise sanitaire liée au covid-19, cet incident ne peut   passer inaperçu et il est nécessaire et urgent de sanctionner les agresseurs et d’assurer, surtout, la sécurité au sein des établissements hospitaliers pour éviter la reproduction de ce cauchemar. Notons que jusqu’à l’écriture de ces lignes, aucune réaction concrète et officielle n’a été observée de la part des autorités concernées, à part quelques propos d’indignation sur les réseaux sociaux, mais sur le terrain, rien ! Et là, on se demande : faut-il attendre des désastres pour se rendre compte de l’ampleur du problème ? Faut-il baisser les bras et accepter la gabegie ?

Face à ce constat alarmant, le gouvernement et le ministère de la Santé publique, qui semblent toujours prendre à la légère ce problème, devraient bouger rapidement et prendre les mesures nécessaires pour endiguer ce dangereux phénomène et venir en aide de ce secteur, en agonie qui risque de perdre les acquis qu’il a si chèrement gagnés pendant les 50 dernières années. Il est également plus que jamais temps de mener un grand travail de sensibilisation pour pouvoir rétablir la confiance entre les patients et le corps médical, ainsi que paramédical, d’un côté, et faire réduire ce phénomène qui gangrène la société de l’autre côté. Chacun doit être à la hauteur de sa mission !

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