Ukraine | Invasion russe ou incursion en soutien aux républiques séparatistes du Donbass ? : La guerre de trop !

Photo: Daniel LEAL / © AFP)


Au moment où les premiers rayons de soleil annoncent un nouveau jour, le son angoissant des premières sirènes d’avertissement a retenti en boucle, durant de longues minutes depuis des haut-parleurs à travers les rues de Kiev, le berceau de la civilisation russe.
Le président russe Vladimir Poutine a enclenché une opération militaire en Ukraine en soutien aux forces des républiques séparatistes prorusses du Donbass (Donestk et Louhansk), récemment reconnues par Moscou, selon le Kremlin.

Plus de quarante-un millions d’Ukrainiens se sont réveillés, hier, au son des bombardements russes dans une atmosphère lugubre et maussade. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, à 4h30, les premières déflagrations ont déchiré au loin le ciel de Kiev.

Au moment où les premiers rayons de soleil annoncent un nouveau jour, le son angoissant des premières sirènes d’avertissement a retenti en boucle durant de longues minutes depuis des haut-parleurs à travers les rues de Kiev, le berceau de la civilisation russe.

Le président russe Vladimir Poutine venait d’enclencher une opération militaire en Ukraine en soutien aux forces des républiques séparatistes prorusses du Donbass (Donestk et Louhansk), récemment reconnues par Moscou, selon le Kremlin.

«Nous nous efforcerons d’arriver à une démilitarisation et une dénazification de l’Ukraine», a déclaré le chef d’État russe.

Moscou a précisé que cette incursion militaire ayant pour finalité l’imposition d’un «statut neutre» à l’Ukraine, durerait le temps nécessaire, en fonction de ses «résultats» et sa «pertinence».

Mais voilà, aux yeux de l’Occident et du chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, le pays fait face à une «invasion de grande ampleur de la Russie».

Cette opération vise à «détruire l’État ukrainien, s’emparer de son territoire par la force et établir une occupation», a ajouté le ministère ukrainien des Affaires étrangères.

Des hélicoptères militaires russes survolaient, hier après-midi, Kiev et laissaient présager le pire pour le pouvoir ukrainien en place, faisant planer la menace d’un « regime change » avec le renversement du président Volodymyr Zelensky et l’installation d’un nouvel exécutif prorusse.

Washington, l’Otan, l’Union européenne, Berlin, Paris, Londres, Rome, Tokyo, Helsinki, Stockholm, Ankara, entre autres, ont condamné l’attaque.

De son côté, Pékin dit qu’elle «comprend les préoccupations» de Moscou.

Les USA devaient déposer hier un projet de résolution sur la table du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant le Kremlin pour sa «guerre» en Ukraine.

Le Comité des ministres du Conseil de l’Europe avait programmé une « réunion extraordinaire » hier après-midi, tandis que les dirigeants des 27 pays de l’UE devaient se réunir en sommet hier soir.

L’Otan a activé des plans de défense et prévoit aujourd’hui un sommet en visioconférence.

Loin des définitions des uns et les justifications des autres, un vent de panique a soufflé dans les grandes artères et les stations-service de Kiev où de longues files indiennes de voitures se sont formées pour quitter la capitale et se réfugier dans la campagne.

Anticipant un afflux de réfugiés ukrainiens, le ministre polonais de l’Intérieur a annoncé l’ouverture imminente de centres d’accueil tandis que l’UE se disait «pleinement préparée» à accueillir des réfugiés ukrainiens.

Forces terrestres et bombardements

Kramatorsk (ville dans l’est qui sert de quartier général à l’armée ukrainienne), Loutsk, Kharkiv (deuxième ville du pays située près de la frontière russe), Dnipro, Marioupol (plus grande ville ukrainienne proche de la zone de front), Lviv, Odessa (ville portuaire sur la mer Noire et capitale administrative de l’oblast d’Odessa) et Kiev ont subi la foudre des bombardements, avec une série d’explosions entendues, tandis que les forces terrestres russes ont pénétré le territoire ukrainien à partir de la Biélorussie et la Crimée voire à partir de l’Est ukrainien avec pratiquement aucune résistance de l’armée ukrainienne.

« Les séparatistes ont avancé de trois kilomètres dans la région de Donetsk et d’un kilomètre et demi dans celle de Lougansk », selon le ministère russe de la Défense.

En revanche, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a assuré que les troupes de son pays « ne prennent aucune part » à l’opération dictée par Vladimir Poutine.

L’état-major russe, qui a déclaré cibler les sites militaires ukrainiens avec des «armes de haute précision», a annoncé avoir mis « hors service » 74 installations militaires de l’Ukraine, dont des bases aériennes — « 11 aérodromes » — et anéanti les systèmes de défense anti-aérienne, soit « 18 stations radar des systèmes de défense antimissile ».

« Un avion militaire ukrainien s’est écrasé près de Kiev avec 14 personnes à bord », ont annoncé les autorités ukrainiennes.

Des combats avaient lieu dans la zone de la centrale de Tchernobyl, selon Kiev. Des militaires ukrainiens y «sacrifient leur vie» pour éviter une catastrophe nucléaire comme en 1986, a déclaré le président Vlodymyr Zelensky.

Par ailleurs, l’armée ukrainienne a également affirmé avoir abattu « cinq avions et un hélicoptère de l’armée russe » et éliminé une cinquantaine «d’occupants russes» dans l’est du pays.

Cette attaque éclair aurait fait jusqu’à l’écriture de ces lignes « une dizaine de morts » au sein de la population civile et « plus de 40 soldats » seraient tombés au champ d’honneur et des « dizaines de blessés », selon Kiev.

Dans le sud, « 18 personnes auraient été tuées dans un village par des frappes », soulignent les autorités de la région d’Odessa, sans qu’on sache si ces victimes avaient été comptabilisées dans le bilan global.

La fédération de Russie a, également, suspendu le trafic maritime dans la mer d’Azov, bordée à l’ouest et au nord par l’Ukraine, à l’est par la Russie et au sud par la presqu’île de Crimée et la péninsule de Taman (Russie), toutes deux séparées par le détroit de Kertch qui la relie à la mer Noire.

Il est à signaler que l’Ukraine ainsi que la Moldavie ont fermé leur espace aérien pour l’aviation civile. Idem, les vols ont été annulés depuis les aéroports des grandes villes du sud de la Russie, proches de l’Ukraine.

A.A.H. (avec Agences)

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