Le business juteux des associations

Editorial La Presse

Le Chef de l’État a pointé du doigt, lors du dernier Conseil des ministres, les associations. Il a de ce fait souligné la nécessité de promulguer un texte interdisant le financement étranger des associations qui constituent des «extensions» de partis et des «antennes» de puissances étrangères en Tunisie. Selon Ifeda, il existe en Tunisie près de 24.289 associations, dont 4.912 dans le Grand Tunis, soit le 1/5e, et le reste est réparti sur les régions. Dans son dernier rapport, la Cour des comptes indique que le volume du financement étranger des associations n’est pas exhaustif et précis. Pour sa part, la Banque centrale précise que les montants de ces financements qui se sont élevés respectivement à 27,668 MD et 17,078 MD au titre des années 2017 et 2018 ne représentent que 41% et 22% des montants, estimés respectivement à 68MD et 78 MD. Le faible suivi des programmes de coopération internationale, le manque de coordination et la dispersion des informations ne permettent pas de retracer l’utilisation de cet argent et la vérification de son emploi dans les projets pour lesquels il a été octroyé. Le même rapport souligne que 566 associations n’ont pas respecté l’obligation d’informer le secrétaire général du gouvernement des données relatives aux financements étrangers et leur publication dans l’un des médias écrits.

Ce bilan critique est à l’origine d’inquiétudes sérieuses quant aux modes de financement occultes pouvant présenter une menace pour la sécurité intérieure tels que le financement des campagnes électorales ou pour nuire à l’État. En vérité, l’absence d’une stratégie de pilotage et d’un mode de financement local de la société civile expose le pays à des risques d’ingérence par le biais du tissu associatif. Des pressions sont ainsi exercées pour moduler et orienter l’opinion publique, faisant prévaloir son droit à l’accès à l’information, d’autres associations agissent pour le compte de pays étrangers en leur fournissant documents et bases de données. Un dossier explosif dont les rebondissements seront désastreux pour plusieurs dirigeants d’associations dans les jours à venir.

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