L’entreprise autrement: Une énième année que l’on risque de perdre(IV)

Une énième année de perdue ? Oui, l’année en cours le sera, hélas. Perdue, tout comme celles l’ayant précédée, et cela dure depuis des décennies. De longues années perdues, depuis 1955, à cause de conflits divers, des effets de la démagogie, du rafistolage, et autres tâtonnements, à tel point que le patriotisme est agonisant et que la construction du vrai citoyen a échoué.

Le vent des conflits à caractère politique ne semble pas, en effet,  vouloir tomber et les nuages orageux  des combats verbaux sont en train de s’accumuler. La situation actuelle est tout simplement infecte, avec une augmentation visible du niveau de la violence générale, du manque de confiance dans les pouvoirs publics et de la peur du lendemain.   

Ce manque de visibilité et cette opacité régnante, aggravés par les imprévus causés par les effets directs et indirects du coronavirus, pèsent lourdement sur le moral général du pays et au-dela sur l’économie. Encore dix longs mois pour espérer voir une issue à la grave crise politique qui est en train de tout détruire sur son passage, car en train de s’aggraver.

Même les soi-disant réformes politiques, qui seront couronnées par un référendum puis des élections législatives, fin décembre, seront de beaux ratages, en termes de résultats, pour la simple raison que le peuple baigne en majorité dans un analphabétisme inquiétant, imposé depuis des décennies et qu’une bonne partie de ses composantes continue de soutenir une politique basée rien que  sur des slogans.

Slogans, recommandations, à caractère populiste, leçons, directives, menaces contre tous  et réflexions en vase clos. Voilà comment l’on pourrait décrire la méthode du locataire de Carthage, qui s’offre encore le luxe de l’absence d’une politique de communication, au niveau institutionnel  et qui n’est qu’un lamentable soliloque au niveau personnel. Une méthode qui semble  s’adosser au paradigme suivant : «L’Etat, c’est moi, je suis pur et les autres non, j’ai raison, les autres non».

Les réformes nécessaires et urgentes, telles, que celle devant sauver notre système de production des compétences ou celle devant sauver notre système de santé ou encore celle devant toucher l’administration publique qui a été toujours inefficace et corrompue, vont encore traîner.

Quant à l’économie, dans son ensemble et ses répercussions directes et indirectes sur les autres aspects de la vie, elle continuera de souffrir du politique et du manque de visibilité et sera victime de graves dégâts.  Et il serait presqu’impossible de les évaluer.

Des secteurs stratégiques, tels que l’agriculture, vont encore en  faire les frais et les principaux facteurs de croissance, tels que les IDE, l’épargne  et la consommation, vont encore se rétracter.

Cette dernière souffrira davantage de la hausse générale et continue des prix et les difficultés d’avoir accès aux crédits immédiats à la consommation. Tout cela avec le spectre des pénuries qui vont toucher des produits de première nécessité (y compris les médicaments) et le rationnement de certains autres.

Confronté à d’énormes difficultés, quant à la possibilité pour lui de réunir l’argent nécessaire à la mise en œuvre de son budget pour 2022, l’Etat, qui se trouve sollicité de toutes parts et bien plus qu’avant, car il constitue pour la bonne majorité des Tunisiens, ne va plus pouvoir assurer  les services sociaux de base. Surtout avec en perspective des séries de  grèves du personnel chargé d’assurer lesdits services.

Rescousse du FMI, dirions-nous. Oui, mais à quel prix, et avec quels délais? Une bonne majorité de la population est, en effet, incapable de consentir davantage de sacrifices. Nous voilà, hélas, en plein dans la spirale de la pauvreté.

Nous risquons donc de voir s’accroître le rythme de fermeture des entreprises, s’amplifier le chômage, flamber encore davantage les prix et avec eux l’endettement aussi bien  privé que public et préparer le terrain pour la faillite totale du pays.

Des mouvements sociaux qui pourraient dégénérer sont  donc à prévoir, avec des répercussions négatives sur l’ensemble des aspects de la vie et avec risque d’instrumentalisation par certains lobbies, locaux ou étrangers  et même par certaines puissances  étrangères.     

Aucun salut, donc en dehors d’un dialogue qui devra déboucher sur l’adoption d’un plan de sauvetage du pays. Un dialogue institutionnalisé sous forme d’un congrès national qui regroupera les représentants  de toutes les structures nationales élues (Présidence, Parlement, organisations nationales, corps élus, conseils municipaux, conseils scientifiques, etc.) avec exclusion de toute personne sujette à des poursuites judiciaires.

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