Festival International du film des droits de l’Homme : Quand le cinéma s’en mêle

Mardi soir, la 7e édition de Human screen festival (Festival International du film des droits de l’Homme) – Karama Tunisie, s’est ouverte avec une œuvre attachante de sincérité, une première œuvre de la jeune réalisatrice égyptienne Neveen Chelbi « it’s a wonderful day ». Quand le cinéma et les arts s’en mêlent et posent les véritables questions des droits humains.

La soirée inaugurale de Human screen festival était marquée par de belles performances chorégraphiques de Thoraya Boughanmi et Amel Aouini ainsi qu’un intermède musical du chanteur tunisien Mortadha Fetiti. Mourad Zeghidi, en maître de cérémonie a offert une prestation marquée par la spontanéité et la légèreté. Il a assuré avec fluidité de fines transitions entre les éléments de la soirée.

À l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la femme, ce festival qui revendique son identité humanitaire et égalitaire, a choisi de rendre homme à trois figures du cinéma tunisien.

La cheffe costumière Lilia Lakhoua qui a fait son apprentissage sur les tournages de films internationaux, qui a fait ses armes auprès des plus grands et qui ne cesse de transmettre son savoir-faire aux nombreuses générations qui lui ont succédé. Discrète et réservée dans la vie, elle devient femme de poigne sur les plateaux.

L’hommage à Lilia Lakhoua était des plus touchant et une initiative louable de la part des organisateurs, un hommage à ces femmes du cinéma qui sans l’ombre des lumières et loin des caméras font, par leur métier, la magie du cinéma. Le second hommage était destiné à la comédienne Amel Hedhili, celle qui a aluminé l’écran par son aura et captivé la caméra par sa présence.

Amel Hedhili qui a choisi, un moment donné de se retirer de ce monde de lumières, revient, depuis quelque temps à ses premiers amours. L’hommage qu’on lui rend est un hommage à toute une génération d’actrice qui a fait du cinéma tunisien ce qu’il est aujourd’hui.

Le 3e hommage était destiné à Dora Zarrouk, était également à l’honneur. Celle qui a pu s’imposer dans le paysage cinématographique égyptien et est devenue une de ses figures de proue.

Le film de l’ouverture était, bien entendu, dans la thématique de la soirée. La réalisatrice Neveen Chelbi avait coécrit « It’s a wonderful day » avec sa compatriote Dina el Sakka d’après un roman de Alaa Soliman.

Pour une première œuvre, le film a réussi à mettre à plat, la sensibilité et la fragilité de la condition féminine dans un pays arabe comme l’Égypte. Le film a une valeur dénonciatrice et analytique. Le point de vue de la cinéaste est clair, nuancé sans être tranchant.

Ce que Neveen a réussi à faire est d’éviter de mettre dos à dos les femmes et les hommes, elle met le doigt sur des questions de l’ordre du subtile et du grossier. La condition de la femme égyptienne quelle que soit sa position sociale est fragile de par les lois qui ne préservent pas ses droits, la société patriarcale qui l’écrase et la violence qu’elle subit dans son quotidien.

Le film de Neveen Chelbi met sous les projecteurs le quotidien de trois femmes magnifiquement interprété par les comédiennes Hana Chiha, Intissar et Najla Badr, mais rate en grande partie son écriture cinématographique. Elle n’a pas pu réaliser le lien entre ses trois réalités, bien que la construction dramatique relative à chacune soit bien menée. Le film ne sort pas d’une structure éclatée et éparse.

Rappelons que l’actuelle session s’inscrit dans la continuité des éditions précédentes avec un focus sur les droits des femmes et ceux des catégories défavorisées. Au line-up, une sélection de 26 films, longs et courts métrages, de fiction et documentaires, issus de 19 pays qui ont été choisis parmi 2800 candidatures.

Les films au programme abordent des questions sur la condition des femmes d’un point de vue culturel aussi bien que social et économique.

Des rencontres autour des droits de l’artiste, l’écriture scénaristique, les films des droits de l’Homme et la structure des rapports sur la défense des droits de l’Homme sont également au menu.

La compétition officielle composée de 25 films enregistre la participation de quatre films tunisiens dont les longs-métrages documentaires PAPI, QU’AS TU FAIT DE TA JEUNESSE (2021) et LE BASSIN MINIER (2022), et de deux courts-métrages de fiction, SALWA et BISKLET (2021).

Le jury de la compétition des films de fiction est composé des Tunisiens Ala Eddine Slim (réalisateur-scénariste) et Nadia Bousetta (actrice) et l’égyptienne Neveen Shalaby (réalisatrice-scénariste). Les cinéastes Yves Comte (France), Soumaya Bouallagui et Karim Ben Hammouda (Tunisie) sont au jury de la compétition documentaire.

 

 

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