«Ghodwa» de Dhafer El Abidine actuellement dans les salles : Le dur devoir des générations futures

Voici un film qui aborde la question de l’avant et l’après-révolution de manière particulière et sans tomber ni dans les clichés ni dans le discours politique. Le film a du mal à s’installer au début et cela pourrait être un choix narratif de la part du réalisateur pour illustrer l’effet de la maladie sur le personnage de Habib et sa manière de percevoir le monde. Mais, une fois la première partie dépassée, le film retrouve un rythme particulier et réussit à nous embarquer dans son souffle.    

Un autre fait remarquable dans ce premier long métrage de la vedette est l’acting. Dhafer el Abidine est sorti de ses gonds pour interpréter ce rôle tout à fait différent par rapport à ses mécanismes d’acteur de séries télé. Un rôle de composition très réussi, écrit par l’acteur pour l’acteur, rappelons que dans une interview accordée à La Presse, il a déclaré que «le rôle de Habib, je l’ai rêvé, puis réfléchi et écrit pour moi, cela ne veut pas dire que je ne voudrais pas diriger d’autres acteurs. Dans mon métier d’acteur je dois respecter le choix des réalisateurs et le casting qu’ils font. Pour «Ghodwa», j’ai joué à contre-emploi et tous les acteurs de mon film aussi d’ailleurs».«Ghodwa» traite de la psychose d’un homme d’un certain âge, souffrant de paranoïa suite aux exactions infligées sous la dictature de l’ancien régime de Ben Ali. Mais ce n’est pas tout puisque cette maltraitance se poursuit même après la révolution et risque d’atteindre les générations futures. Cela dit, au-delà de la problématique politique, «Ghodwa» est une relation particulière entre un père et un fils. Deux générations qui se succèdent et qui se nourrissent l’une de l’autre, mais, dans tout cela, il y a une histoire de transmission de la première génération à la seconde d’un héritage qui n’est pas toujours de tout repos. C’est dans ce sens que le film nous suggère l’idée qu’il y a une lourde responsabilité qui repose sur les épaules des générations futures. Un dur devoir ! Voir «Ghodwa» c’est aussi voir la vedette Dhafer El Abidine sous d’autres oripeaux mais aussi en train de réaliser l’un de ses rêves (caprices?) qui est de réaliser un film. «J’ai des rêves qui ne concernent que moi, “star” ou pas, reconnu ou pas, déclare-t-il à notre journal .  Ce que je ressens, ce que j’ai envie de dire, est un désir profond que je porte depuis des années déjà. Et peu importe pour moi ce que je vaux sur le marché du cinéma en tant que réalisateur ou cinéaste, me tromper de piste ou décevoir sont des risques à prendre qui n’entravent pas ma démarche et mon ambition. Je voulais faire une histoire tunisienne, une histoire qui m’habitait, que je comprenais et que je connaissais sur le bout des doigts».

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