Y a-t-il réellement pénurie de médicaments sur le marché ou dans les hôpitaux publics au point qu’on dénombre une liste de 721 médicaments introuvables ?
Les Tunisiens se posent la question et assistent à une polémique qui vient tout juste de commencer entre l’association des pharmaciens et le PDG de la Pharmacie centrale. En attendant que les choses s’éclaircissent, les fabricants nationaux de médicaments sont invités à éclairer l’opinion publique sur leur «possible contribution» à la crise

Désormais, les Tunisiens se réveillent quotidiennement pour découvrir l’éclatement d’une nouvelle affaire ou sur une nouvelle surprise, le plus souvent désagréable.

Hier, vendredi 18 mars, on a eu à entendre deux sons de cloche à propos  de la fameuse liste des médicaments introuvables publiée sur les réseaux sociaux ces derniers jours, montrant que 721 médicaments manquent dans les pharmacies relevant des hôpitaux publics et aussi celles exerçant dans le secteur privé.

Et la polémique de s’installer entre Béchir Yarmani, président-directeur général de la  Pharmacie centrale de Tunisie  (PCT), et  Nadhem Chakri,  président de l’Association tunisienne des  pharmaciens.

Béchir Yarmani soutient, en effet, «qu’aujourd’hui (hier vendredi 22 mars), seulement 7% des  médicaments manquent à l’appel» ajoutant : «Notre stock stratégique nous permet de tenir trois mois».

Il précise, encore, dans une déclaration accordée hier à une radio privée, «que la fameuse liste des médicaments dits introuvables sur le marché contient près de 70% de produits considérés comme des compléments alimentaires et non des médicaments  au vrai sens du terme».

Mais pourquoi, peut-on se demander, l’affaire des médicaments introuvables a-t-elle éclaté au point que les Tunisiens ne savent plus qui croire entre le patron de la Pharmacie centrale (qui dispose du monopole de l’importation des médicaments et non de leur fabrication faut-il le souligner) et le président de l’Association des pharmaciens qui assure avoir alerté depuis le lundi 14 mars «sur la pénurie de certains médicaments, indisponibles ou difficiles à trouver dans les pharmacies privées du pays» et il n’hésite pas à avancer que le nombre de ces médicaments s’élève à 721, ajoutant que parmi ces médicaments se trouve une grande quantité de compléments alimentaires.

Les médicaments les plus importants sont disponibles

Du côté de  la  Pharmacie centrale, le ton  est à l’apaisement et le discours du PDG est  rassurant. Il  reconnaît, toutefois, qu’«il y a des difficultés liées au marché international mais un effort continu a été déployé pour faire en sorte que les médicaments les plus importants soient disponibles».

Dans le même sillage, il tient à dégager la responsabilité de son entreprise au cas où la pénurie dénoncée par les pharmaciens privés par la voix du président de leur association existerait réellement.

Béchir Yarmani éclaire ceux qui ne le savent pas parmi les Tunisiens : «La Pharmacie centrale n’est pas responsable de tous les médicaments vendus en Tunisie, elle assure seulement les produits importés», ce qui revient à dire, même si Yarmani ne l’avoue pas clairement, que ce sont les fabricants nationaux de certains médicaments qui sont en réalité les responsables de la pénurie, s’il y a pénurie.

Quant à Nadhem Chakri, patron des pharmaciens privés, il campe sur sa position initiale et précise : «721 médicaments manquent et notre associations suit l’évolution de la situation pour mettre à jour la liste des médicaments introuvables».

Les fabricants tunisiens ont-ils contribué à l’éclatement de la pénurie de certains médicaments sur le marché, comme le laisse entendre, sans l’avouer clairement, le PDG de la Pharmacie centrale ?

Nadhem Chakri ne le reconnaît pas, lui aussi, avec la clarté requise. Seulement, les précisions qu’il révèle sur la non-modification de la PCT des prix des médicaments depuis l’été 2021, malgré la hausse des prix des médicaments, pourrait, selon lui, «conduire à la possibilité pour les fabricants d’arrêter la production de médicaments dont les coûts de fabrication ont augmenté».

Le patron des pharmaciens ne prétend pas parler au nom des fabricants nationaux de médicaments. Sauf que sa petite phrase sous forme d’une hypothèse explicative dont il fait part avec réserve devrait alerter ces mêmes fabricants afin qu’ils s’invitent au débat général et éclairent l’opinion publique sur leur possible contribution à la crise actuelle.

On attend avec impatience que les patrons de l’industrie pharmaceutique nationale fassent le point sur la situation.

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