
Nul ne sera surpris d’apprendre que la totalité des intervenants de la première édition de «Tunisian Women and Data + AI Summit» sont des femmes.
La première édition de «Tunisian Women and Data + AI Summit», le premier sommet qui a réussi à regrouper des femmes exceptionnelles dans le domaine de la recherche, l’enseignement, l’Intelligence artificielle (AI), l’industrie 4.0, la Data Scientist…, a été organisée du 17 au 19 mars à Tunis, avec plus de 2.000 participants en présentiel et distanciel. L’événement, dont 100% des intervenants et 85% des personnes invitées sont des femmes qui comptent dans le domaine des nouvelles technologies et, notamment, la Data et l’Intelligence artificielle, était l’occasion pour ouvrir ce secteur très masculin aux femmes, inculquer cette culture de l’IA afin de pouvoir mettre en place une stratégie nationale en la matière et identifier les pistes pour se préparer aux changements que l’IA va entraîner.
L’IA en piste pour le décollage
Sami Ayari, fondateur et président de l’association tunisienne basée en France, Re*connectt, organisatrice de l’événement, indique, dans une déclaration accordée à La Presse, que cette première édition a été l’occasion pour donner la voix à nos jeunes femmes et leur expliquer les enjeux de l’IA, cette technologie qui ne cesse de bouleverser nos manières de vivre, de travailler et qui fait, désormais, partie de notre quotidien… «Tunisian Women and Data + AI Summit» a aussi été l’occasion pour connaître où en est la Tunisie dans ce domaine futuriste, étudier la capacité de l’Etat à anticiper les évolutions numériques, identifier les ingrédients aptes à développer un nouveau modèle économique digitalisé…
«Mais ce chantier énorme ne se concrétisera que s’il existe une vraie volonté politique pour encourager la création de ponts entre le monde académique et le secteur privé, étant donné, qu’aujourd’hui et dans les années à venir, les programmes intelligents vont se développer fortement et vont transformer tous les domaines. Mais malgré cette situation, il faut voir la moitié pleine du verre. Nous constatons, aujourd’hui, qu’il existe beaucoup d’initiatives visant à promouvoir l’IA, que ce soit au niveau académique ou celui de l’entreprise. Mais cela est insuffisant si on veut rattraper les pays qui sont bien en avance sur ce sujet… Nous pensons qu’il est primordial d’avoir un engagement de l’Etat, et ce, par l’élaboration d’une stratégie nationale. Mais pour la concrétiser et la mettre en place, on a besoin d’une forte impulsion du gouvernement, des grandes entreprises technologiques du pays et un partenariat public-privé», a-t-il souligné.
Un métier à féminiser de toute urgence
Sur un autre plan, M.Ayari affirme que, contrairement à plusieurs autres pays, la Tunisie regorge de compétences en matière d’intelligence artificielle, de l’industrie 4.0, de la Data Scientist… et que les femmes, qui ont déjà fait leur preuve dans l’univers du digital, sont tout aussi compétentes que les hommes en matière de conception et de réalisation de projets scientifiques et digitaux.
«Il ne s’agit pas d’une estimation, c’est un fait scientifique et une réalité bien prouvée à travers des études internationales. Mais ces mêmes études ont montré qu’à l’échelle internationale, seuls 22% des professionnels de l’intelligence artificielle sont des femmes… Par contre, en Tunisie ce chiffre est un peu rassurant, étant donné que, dans les écoles d’ingénieurs et du numérique, les femmes représentent en moyenne 60 à 70% des effectifs… Ainsi, à l’instar des autres domaines, l’intelligence artificielle peut aussi compter sur des pionnières, expertes, professionnelles qualifiées, entrepreneuses… Mais qu’on le veuille ou non, sur terrain et, d’une manière générale, ces secteurs sont encore fortement masculinisés et un effort reste à faire, malgré l’existence de nombreuses femmes aux parcours incroyables qui excellent dans les domaines de l’IA et de la data science par leurs réalisations et leurs ambitions», explique M.Ayari.
Selon lui, «cette première édition vise à identifier les divers facteurs qui freinent cette parité en intelligence artificielle et Big Data afin de promouvoir les femmes en technologie dans les pays sud-méditerranéens en IA, IT, les technologies quantiques, Industrie 4.0, Digitalisation, les technologies vertes…, le tout dans un objectif de valoriser les chercheures, les universitaires, les leaders dans ces secteurs dans notre pays… Nous sommes convaincus que la reconversion des femmes en Stem (Science, technologie, ingénierie et mathématiques) et IA est relativement facile sur le plan scientifique et que leur présence dans ces domaines devient essentielle pour réduire l’écart entre les sexes sur le marché du travail et permettre le développement d’une IA plus humaine et plus représentative des particularités du genre. En un mot, l’absence des femmes dans le monde de l’IA est un problème bien réel, alors que leur place dans ce monde est stratégique… Il suffit d’avoir une vraie politique de l’Etat pour passer à l’action…».