Kaïs Saïed va jusqu’au bout du processus du 25 juillet : « Rendre la Tunisie aux Tunisiens »

Les décisions sont importantes et les messages le sont encore plus. Avec ces décrets-lois, chose faite, Kaïs Saïed honore ses engagements envers la population, mais encore faut-il concrétiser les principes de ces textes, même s’il s’agit d’une rude épreuve, dans la mesure où ces dispositions nécessitent impérativement un engagement citoyen.

Pour le Président de la République, il ne fallait en aucun cas rater cette occasion pour promulguer de nouveaux décrets-lois qui s’annoncent cruciaux pour son projet politique. Dans une heure tardive du dimanche 20 mars, la date est hautement symbolique, le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, a annoncé trois nouveaux décrets-lois portant sur la réconciliation pénale, la spéculation et les entreprises citoyennes.

Mais il était également essentiel de s’adresser au peuple et de dissiper le flou autour de la poursuite du processus du 25 juillet. Pas d’hésitation, le processus ira jusqu’au bout, pas de changement du calendrier électoral et volonté à préserver la dignité des citoyens et leur droit à décider de leur avenir, ce sont les messages clés qu’a tenu à envoyer le Président de la République, même si, sur un plan médiatique et communicationnel, ces annonces devaient être faites plus tôt dans la soirée, en guise d’un plus grand impact.

Néanmoins, les décisions sont importantes et les messages le sont encore plus. Avec ces décrets-lois, chose faite, Kaïs Saïed honore ses engagements envers la population, mais encore faut-il concrétiser les principes de ces textes, même s’il s’agit d’une rude épreuve, dans la mesure où ces dispositions nécessitent impérativement un engagement citoyen.

Mais avant, pour le locataire de Carthage, pas question de faire machine arrière. Le Chef de l’Etat, qui s’exprimait suite à une réunion du Conseil des ministres consacrée à l’examen d’une série de décrets-lois présidentiels à caractère économique et financier, s’est dit être résolu à organiser le référendum du 25 juillet prochain. «Les différentes composantes du peuple seront concernées par ce rendez-vous et leurs avis et opinions sur un nouveau système politique seront pris en considération», a-t-il promis.

«L’indépendance d’un peuple n’est totale et effective que lorsqu’il parvient à exercer sa pleine et entière souveraineté sur son territoire indépendante», a lancé le Président de la République, Kaïs Saïed, lors d’une allocution prononcée à l’occasion de la célébration du 66e anniversaire de l’indépendance et à l’ouverture d’une réunion du Conseil des ministres tenue, à cette occasion, au Palais de Carthage.

«Des textes historiques par excellence»

Le Chef de l’Etat a affirmé, dans ce sens, que la célébration du 66e anniversaire de l’indépendance est une occasion précieuse pour «mettre en avant les étapes et les dates-phare de l’histoire du pays», soulignant que «les revendications et les aspirations du peuple tunisien à la liberté, au travail et à la dignité seront bel et bien concrétisées». Dans le même contexte, le Président Saïd a réaffirmé son engagement à «bâtir une nouvelle République fondée sur la liberté et le travail».

Pour ce faire, le Président de la République a annoncé trois décrets-lois portant notamment sur sa vision de faire sortir la Tunisie de cette crise économique, même partiellement. Le premier décret stipule des dispositions sur la réconciliation pénale. Ce projet, comme expliqué par Kaïs Saïed, vise à restituer l’argent des Tunisiens spolié. L’argent sera collecté de la part des personnes impliquées dans des crimes économiques et financiers et sera exploité pour améliorer l’infrastructure et renforcer le développement dans les délégations les plus démunies, et ce, via le lancement des projets d’intérêt général à caractère socioéconomique. En contrepartie, l’Etat s’engage à la régularisation de la situation pénale des personnes impliquées dans des crimes économiques et financiers et les intégrer dans le cycle économique.

Le Conseil des ministres a examiné également un projet de décret-loi portant création d’une nouvelle catégorie d’entreprises, celle des entreprises citoyennes. L’objectif étant de «permettre aux jeunes de lancer leurs propres projets».  S’agissant du troisième projet de décret-loi présidentiel, il porte sur la lutte contre la spéculation illégale. Ces décrets-lois sont des «textes historiques par excellence», a martelé le Chef de l’Etat.

«Ils ont été élaborés dans l’esprit de la justice, du respect de la loi et en concrétisation des slogans tant scandés par les Tunisiens», a-t-il renchéri, assurant «qu’ils ne resteront plus jamais dans les tiroirs, dès lors qu’ils viennent exprimer la volonté du peuple».

A travers ces engagements, le Président de la République ambitionne de rendre la décision au peuple et de rendre, ainsi, la Tunisie aux Tunisiens.  C’est du moins ce qu’il ne cesse de répéter, mais encore faut-il que ces décisions se transforment en actes applicables.

Les réactions à ces annonces n’ont pas, comme toujours, manqué. Le ministre des Affaires sociales, Malek Zahi, était le premier à réagir à ces décisions, affirmant qu’il s’agit de «projets nationaux annoncés en cette journée historique qui seront le pilier d’une Tunisie véritablement indépendante».

«Malgré les complots, nous avons réussi à parcourir le chemin avec succès. Monsieur le président, c’était un rêve qui nous a réunis. Nous avons milité avec les moyens qui étaient en notre possession, et nous vous avons chargé de préserver notre espoir. Nous avons récolté les victoires, et nous avons démantelé les complots du système corrompu qui manigance contre les intérêts du peuple», a-t-il dit.

Pour sa part, le chef de la Centrale syndicale, Noureddine Taboubi, a estimé que la Tunisie a besoin plus que tout d’actes concrets, laissant savoir que ces annonces devraient être suivies de «concrétisation des paroles». Car pour lui, «le pays connaît une situation très difficile, et tout processus de salut devra impliquer les différents intervenants».

L’expert en économie Moez Joudi a, lui, estimé que la crise économique est tellement profonde en Tunisie que ces annonces présidentielles ne parviendront pas à résoudre le problème. «Les chiffres sur lesquels sont basées ces approches sont erronés et ne reflètent pas la réalité des choses, ces projets marqueront un échec, car la crise économique est beaucoup plus profonde que cela», a-t-il affirmé.

La consultation nationale, une étape parmi d’autres

Cette nouvelle apparition médiatique du Président de la République était également l’occasion de faire le bilan de la consultation nationale à distance qui a été clôturé dimanche dernier. En effet, évoquant la consultation nationale lancée mi-janvier, il a tenu à préciser qu’il s’agit bien «d’une simple étape devant aboutir à l’instauration d’un dialogue national», estimant que celle-ci était «somme toute réussie malgré les quelques tentatives visant à décourager les gens à exprimer leur volonté»

Notons que selon la dernière mise à jour du portail électronique, plus de 534.915 personnes en Tunisie et à l’étranger ont pris part à cette consultation nationale.

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