Au fil de l’actu | Grande muraille verte d’Afrique : La Tunisie ou la belle au bois dormant…

En Afrique, une lueur d’espoir a émané, il y a près de cinq ans, avec le projet de la Grande muraille verte, qui ne cesse de défrayer la chronique, ces jours-ci. Ce projet piétine, néanmoins, faute de financements.

Initié en 2005 et lancé effectivement en 2007, cet important projet qui n’en est qu’à 4% consiste à reboiser une bande de 15 km de large sur 7.000 km de long, de Dakar à Djibouti, pour stopper l’avancée inexorable des déserts, selon la Banque africaine de développement (BAD).

Un projet «prometteur» pour les populations du Sahel, de l’avis de Siré Sy, géo-économiste sénégalais. Sauf qu’à l’exception du Sénégal qui a, jusque-là réalisé «147km de reboisement sur 503 sur le tracé national», d’après le président Macky Sall, le projet traîne encore du côté des autres pays concernés.

«Le Sénégal a ouvert la voie, en plantant, depuis 2006, environ 5.000 hectares par an, soit 2 millions d’arbres et arbustes. Mais il reste encore à convaincre tous les autres pays de lui emboîter le pas», précise Gilles Boetsch, directeur de recherche de l’Observatoire hommes-milieux international (Ohmi) à Téssékéré au Sénégal, dans de récentes déclarations à la presse sénégalaise. Les raisons de cette lenteur sont «avant tout financières», selon Sy.

Les Africains sont appelés à compter sur eux-mêmes

Après l’engouement des premiers temps, les bailleurs de fonds internationaux (dont la Banque mondiale, l’Organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Union européenne) semblent avoir «mis de l’eau dans leur verre».

«Il y a eu un changement de l’agenda international en matière de préoccupations majeures. La question sécuritaire a primé sur le reste, du fait de la montée de la menace terroriste dans plusieurs régions de la planète, plus particulièrement au Sahel», commente Sy.

Après plusieurs années de conception stratégique et d’enquête de terrain, la Grande muraille verte n’aurait ainsi réussi qu’à atteindre un budget de 2 milliards USD, largement financé par la Banque mondiale, l’Union européenne et l’Union africaine, selon les parties précitées. Or, le montant annoncé au départ était de l’ordre de 3 milliards de dollars, d’après le site spécialisé irinnews.org

«Les Africains devraient compter sur eux-mêmes pour bâtir la muraille verte», fait observer l’analyste sénégalais Sy, d’autant plus que ce projet leur est profitable à plus d’un titre.

Globalement, ce projet permettra la réduction des carences alimentaires, de nouveaux revenus pour les ménages, la réduction des distances de transhumance pour les grands troupeaux, grâce à la multiplication des forages et zones de pâturage, l’engagement citoyen des familles qui s’approprient véritablement le projet, somme toute, le verdissement du désert.

Pour la Banque mondiale, cette «vision régionale de gestion durable des terres (…) a des effets positifs multiples sur l’environnement et l’économie, et contribue à renforcer la résilience du Sahel, une région où plus de la moitié de la population vit avec moins de 1,25 USD par jour et près de 70 % dépendent des services économiques générés par les ressources de la terre».

«Près de 70% des populations du Sahel vivent de l’agriculture et de l’élevage, donc tributaires des sources de revenus générées par les terres. En fertilisant les terres où ils vivent, on leur assure de quoi survivre. Ils finiront ainsi par arrêter de s’aventurer à traverser les mers et les océans au péril de leur vie», fait encore remarquer le géostratège.

En Tunisie, à quoi ça sert de prêcher dans le désert ?

Le constat est applicable à notre cher beau pays où 75% des terres cultivables sont menacées par le processus de désertification. Pourtant, nos gouvernants, qui semblent avoir bu l’eau des nouilles, s’abstiennent encore de faire le moindre effort pour comprendre l’actualité et l’état du monde qui les entoure.

La Grande muraille verte concerne onze pays, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Egypte, l’Ethiopie et Djibouti. Afin d’assurer la coordination et le suivi de la réalisation de ce rideau vert, les onze pays impliqués ont créé, en 2010, sous l’égide de l’Union africaine (UA), l’Agence panafricaine de la grande muraille verte (Apgmv).

Selon la BAD, la Muraille verte devra être constituée d’espèces végétales et animales. Ces espèces sont choisies pour leur capacité d’adaptabilité à la sécheresse et pour leur intérêt économique. Elle intègre également sur le tracé «un réseau de bassins de rétention et d’autres infrastructures sociales de base».

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