Billet | Une énième dégradation…

Inespérée. La réalité est bien là.  La Tunisie ne pouvait espérer une meilleure performance pour l’année 2022, après avoir clôturé 2021 sur une détérioration de tous ses indicateurs macroéconomiques: réduction significative de son déficit budgétaire qu’elle traînait comme un boulet de canon depuis des années, outre la lourde facture de la crise des finances publiques et de la pandémie de la Covid-19 qui a ébranlé les économies de tous les pays de la planète. Dire que le pays n’a pas pu se sortir de ce marasme et dépasser cette réalité amère qui ne peut être occultée par tout expert économique ou institution financière internationale.

On n’a cessé de le dire et de le redire. La situation économique du pays ne cesse de se détériorer avec des répercussions sociales incommensurables sur la population, notamment la plus défavorisée. Pour 2022, de nouveaux facteurs internes et externes concourent encore plus à son exacerbation.

Cette situation est mise, depuis des années, sous surveillance négative par les agences de notation financière internationales. Fitch Ratings, en l’occurrence,  a annoncé la semaine dernière, avoir abaissé la note de défaut émetteur à long terme en devises étrangères de la Tunisie, de B- à CCC. A travers cette décision, « l’agence avance encore une fois le retard dans la conclusion d’un accord avec le FMI sur un nouveau programme d’appui financier, qui accroît les risques liés à la liquidité ».

L’agence évoque, d’un autre côté, « l’opposition sociale contre certaines réformes  qui touchent la marge de manœuvre du gouvernement, et compliquent les négociations avec le FMI. Fitch Ratings estime que le déficit restera élevé, à 8,5% en 2022, contre 7,8% l’année dernière, pour descendre à 6,9% en 2023, avec l’accalmie des  prix internationaux, qui réduira les dépenses de subventionnement, notamment énergétiques. Pour cette année, les coûts des subventionnements consommeront, selon l’agence, la hausse attendue des revenus de l’Etat, avec une masse salariale qui en accapare 70% ».

L’agence prévoit aussi que la dette rapportée au PIB atteindra 84,0% en 2022 et 84,7% en 2023. Les besoins de financement du gouvernement restent élevés, en raison du déficit important et des échéances de la dette qui seront de 9,2% du PIB en 2022 et de 8,9% en 2023.

Les conséquences de ces indicateurs ne se font pas attendre, puisque le doute et l’inquiétude sont installés au sein des marchés financiers et  des investisseurs. L’impact des indices émis par cette agence et autres est si important, au point de semer la panique, comme l’observent beaucoup d’analystes. Les intervenants sur le marché financier européen, eux, ne négligent, aujourd’hui, aucune opinion ou appréciation faites par ces agences incontournables de la finance et de l’économie en général. D’autant que la notation financière constitue, pour les investisseurs, un critère-clé dans l’estimation du risque qu’un investissement comporte.

Tags

Laisser un commentaire