Tribune | La guerre d’agression russe contre l’Ukraine : « La Russie a envahi un Etat souverain, violant le droit fondamental du peuple ukrainien à vivre libre et dans la dignité »

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Par le groupe des ambassadeurs du G7 et de l’Union européenne en Tunisie

« Nous partageons avec la Tunisie un attachement profond à ces principes; les Tunisiens savent la valeur de la diplomatie et du dialogue. Dans cet esprit, tenons-nous côte à côte pour défendre ensemble le droit international, les principes humanitaires et la paix ».

La guerre de la Russie contre l’Ukraine sème la mort et la destruction. Les civils ukrainiens les plus vulnérables souffrent directement des attaques russes contre leurs villes. Cependant, les conséquences politiques et économiques de cette agression caractérisée se feront sentir bien au-delà de l’Ukraine — en particulier au Moyen-Orient, en Afrique et en Tunisie.

Nous ne pouvons pas accepter que la puissance et la force militaire prévalent sur les principes fondamentaux du droit international tels qu’ils sont inscrits dans la Charte des Nations unies. Ces principes s’appliquent de façon égale à tous les Etats, quelle que soit leur puissance militaire, politique, économique, leur taille ou leur population. L’interdiction de l’usage de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de n’importe quel Etat est le principe central du droit international. Le règlement des différends doit être pacifique et se faire par des moyens diplomatiques et légaux.

L’attaque du président Vladimir Poutine contre l’Ukraine viole ces principe centraux, de même que la tentative d’annexion illégale de la Crimée par la Russie et son recours à des supplétifs pour déclencher un conflit en Ukraine orientale en 2014. L’attaque de l’Ukraine n’est en aucune manière une « attaque défensive » ou une simple « opération spéciale », comme le prétend le président Vladimir Poutine. La Russie a envahi un Etat souverain, violant le droit fondamental du peuple ukrainien à vivre libre et dans la dignité. De plus, la Russie a placé son arsenal nucléaire en alerte maximale et menace les pays qui viennent en aide à l’Ukraine.

L’argument russe selon lequel la volonté de l’Ukraine de rejoindre l’Otan fait peser une menace sécuritaire sur la Russie est une mystification complète. Au contraire, c’est parce que l’Ukraine a été menacée par son puissant voisin, malgré le Mémorandum de Budapest de 1994, que le peuple ukrainien a constamment exprimé, depuis 2004, son intention d’adhérer à l’Union européenne ou à l’Otan.

L’Ukraine n’a jamais menacé la Russie. En tant que victime d’une agression unilatérale qu’elle n’a pas provoquée, l’Ukraine, comme n’importe quel autre pays dans le monde, a le droit de la légitime défense, inscrit dans la charte des Nations unies.

Le 2 mars, l’Assemblée générale des Nations unies a envoyé un signal clair en adoptant la résolution « Union pour le maintien de la paix » avec une majorité écrasante de 141 voix, dont celle de la Tunisie. Elle a marqué son unité pour défendre les principes de la Charte des Nations unies, condamnant sans équivoque l’attaque contre l’Ukraine et appelant à un cessez-le-feu immédiat. Seuls quatre pays ont soutenu l’attaque du président Poutine.

De plus, le 16 mars, la Cour internationale de justice de La Haye, la plus haute juridiction des Nations unies, a ordonné à la Russie de cesser immédiatement la violence militaire en Ukraine. La Russie a boycotté l’audience et, aujourd’hui encore, poursuit sa guerre d’agression. Les autorités russes portent seules la responsabilité d’un bain de sang inutile et des morts de part et d’autre.

La guerre contre l’Ukraine ne viole pas seulement la Charte des Nations unies, elle plonge également l’économie mondiale, qui se remet à peine de la pandémie du Covid-19, dans de nouvelles turbulences. Le commerce essentiel est perturbé et les prix des produits de base s’envolent. Alors que l’Ukraine exporte plus de 40% de son blé et de son maïs vers l’Afrique et le Moyen-Orient, les approvisionnements de la région et la sécurité alimentaire de millions de gens se trouvent menacés. La Tunisie, qui reçoit environ la moitié de ses importations totales de blé d’Ukraine, est ainsi particulièrement vulnérable. De même,la flambée des prix du pétrole et du gaz fait que des Etats comme la Tunisie vont devoir réduire leurs budgets affectés aux services publics comme la santé ou l’éducation.

En ces temps troublés, nous devons être davantage solidaires. Nos pays continueront d’apporter leur soutien à la Tunisie pour atténuer les effets de ce choc économique, de même qu’ils l’ont fait pendant la crise du Covid-19, en faisant don de plus de 6 millions de doses de vaccin, sans mentionner les centaines de tonnes d’équipements médicaux et de protection et les centaines de millions de dollars d’aide budgétaire à la Tunisie.

Enfin, l’injustifiable agression russe menace la sécurité et les vies quotidiennes des étrangers vivant en Ukraine, dont des Tunisiens. Heureusement, beaucoup ont pu fuir vers les pays voisins de l’Union européenne. Nous saluons les efforts du gouvernement tunisien pour évacuer ses citoyens, en coopération étroite avec l’Union européenne.

Alors que la Russie continue son attaque massive contre l’Ukraine, une catastrophe humanitaire est en cours.

Des milliers de personnes sont déjà mortes ; des millions d’autres ont dû quitter leur maison et sont en fuite. La solidarité internationale avec les réfugiés ukrainiens est spectaculaire.

Nous resterons fermes en solidarité avec l’Ukraine. Nous ferons usage de tout le répertoire de la diplomatie et des sanctions économiques pour défendre les principes fondamentaux de l’ordre international et de la Charte des Nations unies. Nous partageons avec la Tunisie un attachement profond à ces principes ; les Tunisiens savent la valeur de la diplomatie et du dialogue. Dans cet esprit, tenons-nous côte à côte pour défendre ensemble le droit international, les principes humanitaires et la paix.

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