Reportage | Journée médicale portes ouvertes à Zaghouan : Une dimension solidaire

Soulager un malade ou rendre le sourire à un enfant, c’est le comble du bonheur qu’on puisse donner aux autres. Un tel état d’esprit a été réellement concrétisé par l’action et le comportement.

Faire du bien n’est pas un simple vœu pieux, mais bel et bien un vrai acte si humaniste et généreux. Soulager un malade ou rendre le sourire à un enfant, c’est le comble du bonheur qu’on puisse donner aux autres. Un tel état d’esprit, on l’a vu concrètement traduit dans l’action et le comportement. D’autant plus qu’on l’a ainsi constaté de visu, en l’espace d’une journée de santé porte-ouverte à Zaghouan. Ce fut, certes, une première, mais elle ne serait pas la dernière ! 

Tôt le matin, à une soixantaine de kilomètres de Tunis, trop de monde, de divers horizons, avait afflué vers la clinique de la région. A l’entrée, des tentes géantes étaient dressées pour l’occasion, abritant un flux massif de patients. L’initiative fut, tout bonnement, bénévole, cultivant bienfaisance et philanthropie. Elle revêt une dimension plutôt solidaire, voulant venir en aide à une catégorie sociale incapable d’accéder même aux soins nécessaires. Cela est vrai, mais pas qu’à Zaghouan. Près de deux millions des Tunisiens n’ont aucune couverture sanitaire, alors que presque trois quarts de la population ont du mal à bénéficier de soins de qualité dans nos hôpitaux. Et pourtant, l’on paye aussi cher des consultations médicales et continue à consommer assez de médicaments qui ne sont plus à la portée. Pitié pour les indigents !

Cette misère sanitaire dont souffre l’hôpital public a toujours inspiré Dr Lamjed Gahbiche, patron de la clinique qui organise l’action dont il est aussi le chef d’orchestre. L’homme était, alors, au four et au moulin. Méticuleux, il veille à tout. Rien n’est laissé au hasard. Pour lui, la santé, manne divine, est un acquis vital dont on doit prendre soin. A quoi s’en tient cette journée du 26 mars, à laquelle on a choisi pour slogan «faites votre bilan de santé»? Un geste de charité pour lequel s’est engagé, volontiers, un staff médical, pluridisciplinaire, animé d’un devoir professionnel et d’un sens humaniste apprécié. Spontanément et sans calcul ! «C’est du moins ce qu’il faut faire pour rendre service à une région qui m’a beaucoup donné. Là où j’ai parcouru 27 ans de ma carrière en tant que médecin de profession», nous confie, humblement, Dr Gahbiche, issu du Sahel pour s’installer à Zaghouan. Il reconnaît être pris par son charme et profondément ému par l’hospitalité de ses habitants.

Plus de 400 patients bénéficiaires

Mais, cette journée médicale a vu également la participation des acteurs de la société civile locale, ainsi que d’autres partenaires associatifs. En l’occurrence, l’Association régionale de protection des personnes âgées et l’Association tunisienne de soutien à la famille (Atsf). Des médecins de libre pratique dans la région ont aussi mis la main à la pâte. Plus de 400 patients ont bénéficié de consultations gratuites dans toutes les spécialités. Quadragénaire, Lazhar, originaire de Zaghouan, souffre, depuis 2011, d’atteintes articulaires. Il se faisait soigner pour quelques années à l’hôpital local, avant que son médecin rhumatologue ne soit partie travailler ailleurs. Depuis, il a du mal à payer ses frais de soins dans le secteur privé. «Aujourd’hui, j’y suis venu chercher un rhumatologue ou orthopédiste et profiter de la gratuité des consultations. Pour moi, c’est une aubaine d’avoir accès à des examens et explorations médicaux», nous souffle-t-il, épuisé. En fin de journée, statistiques de la clinique à l’appui, 72 consultations ont déjà été réalisées en orthopédie, suivie de la gynécologie dont avaient bénéficié au total 54 femmes. Alors que l’ophtalmo avait enregistré, à elle seule, 83 patients.

Sortie d’une consultation en pneumologie, ordonnance médicale à la main, Fattouma, 70 ans, s’est dit n’avoir plus d’argent pour acheter la liste de médicaments y prescrite. Elle ne sait pas à quel saint se vouer. «J’étais ouvrière de chantier, je touche une pension de retraite de 170 dinars, sans couverture sociale ni sanitaire.

On ne m’a pas donné un carnet de soins gratuits», se plaint-elle. Cette patiente est un véritable cas social. Mais il y en a plusieurs qui n’arrivent même pas à gérer leur quotidien. A Zaghouan ou ailleurs, ces indigents sont victimes d’un système de santé à deux vitesses. Présente sur les lieux, l’Atsf, ONG partenaire de l’action, avait proposé un soutien aux plus démunis, soit la fourniture de médicaments entre autres. «Nous sommes là aujourd’hui pour cela», ainsi réagit sa présidente, plus déterminée à aller plus loin dans son volontariat.

Rendez-vous après ramadan !

Médecine générale, orthopédie, gastrologie, gynécologie, pédiatrie, cardiologie, neurologie, psychiatrie, ORL et bien d’autres spécialités qui ont brillé par leur prestation de qualité. Ce dont on a aujourd’hui plus que besoin. «Pas suffisamment de spécialités dans nos régions, et cela est dû, en partie, à la réticence de nos jeunes médecins à y aller travailler. Mais, aussi à leur migration vers d’autres pays étrangers», explique, mécontent, le patron de la clinique. Toutefois, pense-t-il, ceux qui croyaient faire fortune ont fini par se tromper. Et d’ajouter, dans le même ordre d’idées, investir dans la santé est en soi un projet humanitaire. Il y a quatre ans, l’homme avait mis le paquet pour construire sa clinique, l’unique dans la région. Ce qui a permis à beaucoup de médecins spécialistes de s’y installer. «Soit, un taux de croissance de 480% pour 10 mille habitants, et ce, de 2016 à 2018», selon les chiffres du ministère de la Santé. «L’apport de la clinique est considérable à bien des égards», se félicite-t-il, sans prétention. Et l’écho favorable qu’il a trouvé auprès des habitants l’honore beaucoup. Et ce n’est  pas une opération de marketing.

Pourquoi organiser une telle journée maintenant ? On est dans une période charnière qui intervient en post-Covid dont les séquelles psychosociales continuent à peser sur le moral des gens dont notamment les plus démunis. Autre raison invoquée : l’avènement bientôt du Ramadan, mois de solidarité par excellence, où le besoin d’aide se fait de plus en plus sentir. Pour Dr Lamjed Gahbiche, avoir une bonne santé, c’est un capital inestimable. Du reste, cette initiative ne devrait pas s’arrêter là. Il y aura, certainement, d’autres journées porte-ouverte par spécialité. Donc, rendez-vous après Ramadan !

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