Nabil Smida, président de l’Association tunisienne du pétrole et du gaz (ATPG): “La guerre nous impose d’accélérer notre transition énergétique”

L’ancien PDG de la SNDP-Agil, Nabil Smida, affirme que face à la fluctuation et l’imprévisibilité du marché de pétrole, atteindre l’indépendance énergétique à travers le déploiement à grande échelle des énergies renouvelables est devenu  une priorité absolue.


 Dans une déclaration accordée à La Presse, le président de l’Atpg, Nabil Smida,  a souligné que la hausse des prix du pétrole est l’effet direct de la guerre sur le marché des hydrocarbures. Il a estimé, dans ce contexte, qu’il y a désormais deux scénarios possibles quant à l’évolution du marché. Le premier prévoit un choc pétrolier où les prix continueront à grimper, et ce, au cas où la guerre devrait s’inscrire dans la durée et impacter l’offre et la demande au niveau du marché. “Si on dépasse la barre de 150 dollars le baril, dans ce cas, il s’agirait d’un nouveau choc pétrolier”, a -t-il précisé. Smida a fait savoir que si les prix ne dépassent pas les  114 dollars le baril ou baissent  en dessous des 100 dollars, ce serait alors une fluctuation. “C’est imprévisible et c’est aléatoire. Ça va dépendre de l’issue  de la guerre en Ukraine”, a-t-il commenté.

Des difficultés d’approvisionnement

Smida a souligné que la Tunisie est un  pays dépendant sur le plan énergétique, sa production nationale n’arrivant pas à couvrir sa propre consommation. “En Tunisie, on dépend fortement des importations des produits finis. Elles représentent  70% de notre consommation totale. De surcroît, nous avons une capacité de raffinage limitée. La solution ? Il faut assurer une sécurité d’approvisionnement”, a-t-il indiqué. Il a ajouté que pour atteindre l’indépendance énergétique, la Tunisie doit miser sur les énergies renouvelables comme mode de production et  renforcer leur  place dans le mix énergétique. “Actuellement, la part  des énergies renouvelables dans le mix énergétique est de  3%. C’est très peu. Je ne pense pas qu’on va atteindre l’objectif de 30% en 2030. La guerre nous impose d’accélérer notre processus de transition énergétique”,  a-t-il noté.

Interrogé sur les potentielles difficultés d’approvisionnement en hydrocarbures, Smida estime qu’il n’y aura pas de perturbation  sur le marché international. Cependant, des problèmes d’approvisionnement peuvent surgir, particulièrement,  en Tunisie en raison des difficultés financières par lesquelles passe le pays. Et de soutenir: “Les capacités de production sont intactes.  L’Europe est approvisionnée. Mais le marché est perturbé parce qu’il y a des risques sécuritaires en Mer Noire et puis il y a le fret qui a été multiplié par 5. Mais je ne pense pas qu’il y aura des difficultés. En Tunisie, s’il y a des problèmes d’approvisionnement, ils seront imputables à des problèmes de trésorerie et à notre capacité de paiement. C’est un problème propre à nous”.

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