L’avis du technicien | Wajdi Essid (entraîneur) : «Le second tour ? Oui, c’est possible !»

Bien qu’il soit conscient de la difficulté de la tâche, notre consultant reste confiant quant à la capacité de notre team national de passer le cap du premier tour, à condition de faire preuve de pragmatisme et d’intelligence dans le jeu.

L’équipe de Tunisie s’est qualifiée il y a une semaine à la phase finale de la Coupe du monde 2022 pour la sixième fois de son histoire. Aux yeux de bon nombre de spécialistes et de journalistes sportifs, c’est une «petite» prestation eu égard au rendement de l’équipe au match retour à Radès lors duquel elle a laissé la totale manœuvre aux Maliens. Un avis que ne partage pas l’entraîneur Wajdi Essid : «Malheureusement, il y aura toujours d’éternels mécontents. Pour ce qui est de la double confrontation contre le Mali, le principal objectif était de nous qualifier à la phase finale de la Coupe du monde. L’objectif n’était pas la manière. Si on me dit que nous n’avons même pas marqué le but de la qualification, je répondrai qu’il y a des sélections, comme l’Algérie, qui ont marqué à l’aller et au retour et, pourtant, elles ne se sont pas qualifiées au Mondial qatari. Il y a d’autres sélections qui disposent d’attaquants tout ce qu’il y a de mieux sur la planète du football, et pourtant, elles n’iront pas au Qatar. Le cas de Mohamed Salah et l’Egypte. Pour moi, il s’agit de deux matches décisifs dans le cadre d’une double confrontation. La sélection qui gère le mieux cette double confrontation va au Mondial et non pas celle qui marque le plus de buts. L’objectif est la qualification à la Coupe du monde, indépendamment de la manière», estime notre interlocuteur pour qui : «C’était au Mali de faire le jeu au match retour sachant qu’il a encaissé un but à domicile. Au match retour, nous devions attendre l’adversaire et réagir. Si nous avions pris le risque de faire des montées et jouer l’attaque, nous aurions pu peut-être encaisser un but et compliquer ainsi notre tâche. Il faut dire aussi que la manière avec laquelle nous avons joué à Radès reflète la grosse pression qui pesait sur les épaules des joueurs. Il y a des joueurs en fin de carrière qui craignaient de laisser passer leur dernière chance de disputer une phase finale de la Coupe du monde, à l’instar de Youssef Msakni, qui a raté le Mondial de Russie pour cause de blessure. C’est aussi le cas des joueurs de sa génération qui sont en fin de carrière aussi, âgés dans les 29, 30 et 31 ans. On comprend dès lors qu’ils ne voulaient prendre aucun risque. Dans les esprits, il y a également le dernier match des éliminatoires du Mondial de Russie contre la Libye. Ce jour-là, nous avons livré une très mauvaise prestation contre une sélection libyenne qui avait perdu toutes ses chances de se qualifier au Mondial. D’ailleurs, nous ne pouvons que remercier les Libyens de ne pas avoir poussé trop et nous laisser gagner. Je garde à l’esprit la fameuse action où l’attaquant libyen avait mis lamentablement la balle hors du cadre. En tout cas, on ne peut que le remercier», se souvient notre interlocuteur avec le sourire.

«Chaque match a sa vérité »

Prenant acte des adversaires de la Tunisie au premier tour, notre spécialiste demeure confiant quant à la capacité des nôtres à se qualifier au second tour du Mondial qatari : «Maintenant que nous avons atteint le premier objectif et sommes qualifiés à la phase finale de la Coupe du monde, nous devons nous concentrer dès maintenant sur notre deuxième objectif, nous qualifier au second tour. Le public sportif n’accepte plus qu’on aille encore une fois à la Coupe du monde pour nous contenter de disputer les trois matches du premier tour et retourner à la maison. Pour moi, du moment que Wadie Jary a déclaré lors de la cérémonie du tirage au sort que notre objectif est de nous qualifier au second tour, c’est la mission de ceux qui iront à Doha en novembre prochain. Nous prendrons au mot les responsables de l’équipe nationale. Toutefois, nous n’aurons pas au menu cette fois-ci la Mauritanie, mais plutôt le champion du monde en titre.  Malgré cela, je reste confiant quant à la capacité de notre team national de passer le cap du premier tour, à condition de faire preuve de pragmatisme et d’intelligence dans le jeu.

En ce qui concerne le Danemark, c’est une grande nation de football. On ne peut dire le contraire. Le Danemark a fait de bons résultats à l’Euro, un peu moins en Coupe du monde. Comme c’est le premier match du tournoi, il ne faut surtout pas le perdre. Au pire des cas, il faudra faire mach nul.

Pour ce qui est du second match, je doute que les Emirats, qui ne sont pas à leur meilleur niveau, iront au Mondial. Entre le Pérou et l’Australie, je préfère de loin les Péruviens. Au moins, contre eux, on peut avoir des chances de nous exprimer sur le terrain et dérouler notre jeu. Les Australiens, avec leur engagement physique et leur jeu direct, seront intraitables.

Contre la France, il ne faudra pas jouer avec le complexe d’infériorité, l’idée qu’on joue contre le champion du monde en titre, que c’est une sélection beaucoup plus forte que nous. Contre la France, la préparation mentale primera.

Notre force réside dans le collectif. La Coupe du monde n’est pas faite pour les joueurs vedettes. Cristiano Ronaldo, Lionel Messi  et Neymar n’ont jamais remporté de Coupe du monde avec leurs sélections respectives.   

A Jalel Kadri de préparer son plan de jeu pour chacun des trois matches du premier tour».

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