Pénurie des produits subventionnés : La crise persiste !

La montée en flèche des prix et la pénurie persistante des produits subventionnés en disent long sur l’impuissance devant une crise qui perdure et à laquelle on ne trouve pas de solutions.

Ces premiers jours du mois saint sont marqués par une flambée des prix et une pénurie jamais connues. Pas de farine ni de semoule et encore moins de sucre à profusion. D’autres produits alimentaires sont devenus une denrée rare. L’huile végétale subventionnée, n’en parlons pas. Course effrénée au pain, des heures avant la rupture du jeûne. Et une ruée vers des boulangeries de quartier, sans succès. Ainsi va le quotidien ramadanesque des Tunisiens. Mais, cela se passe tous les jours. Une fièvre acheteuse due à un malaise d’approvisionnement régulier du marché. Il suffit de faire le tour des souks et des supermarchés pour s’arrêter sur une véritable crise alimentaire nourrie d’un état dépressif social. 

L’on ne vient pas, jusque-là, à bout d’un vieux trafic mafieux de nos besoins vitaux. Contrebande et spéculation bloquent toujours les circuits de distribution et brisent la chaîne d’approvisionnement en produits de grande consommation. Phénomène récurrent qui a saigné à blanc une large catégorie démunie et même des salariés à faible revenu. Aujourd’hui, le panier de la ménagère n’est pas bien rempli. La colère s’empare même des boulangers et commerçants. L’effet papillon pourrait provoquer un ouragan. Où allons-nous ? Personne ne sait, évidemment. On va dire qu’il y a déjà, sur le terrain, des brigades de contrôle économiques qui veillent au grain, à la chasse de tout contrevenant. Mais, celles-ci, dont le nombre est assez réduit (600 agents environ), n’ont toujours pas pu en venir à bout de ce réseau. Elles ont du mal à l’identifier et à l’arrêter. 

De même, l’on peut évoquer la campagne présidentielle acharnée contre les spéculateurs qui jouent avec les réserves alimentaires du pays. Et contre des magnats et des barons de la corruption qui cherchent à s’enrichir sur le dos d’un pays quasiment à la dérive. Aux médias, on n’a pas cessé de nous impressionner par des opérations chasse à l’homme, des perquisitions de dépôts dits clandestins et de saisie de tonnes des produits alimentaires de base. Ce fut, alors, une action de contrôle sur tous les réseaux de production entamée depuis le 10 du mois écoulé, selon le Colonel Haythem Zannad, porte-parole officiel de la Douane tunisienne, en étroite coordination avec le ministère du Commerce. Bilan : un certain nombre de personnes arrêtées, des procès-verbaux rédigés et d’énormes quantités de produits saisis auraient été réinjectées sur le marché local. Ce qui n’a pas été évident ! Car cette soi-disant campagne anti-spéculation et monopole n’avait abouti à rien. Le besoin en ces divers produits subventionnés se fait encore sentir, sans qu’on en soit satisfait.

La guerre n’est pas encore gagnée

Le directeur général de la concurrence et des enquêtes économiques au ministère du Commerce, Houssem Eddine Touiti, n’avait-il pas assuré, devant les médias, que les opérations d’importation et d’achat de céréales seraient en cours, démentant tout arrêt au niveau de l’approvisionnement. «Nous allons œuvrer à couvrir une partie de nos besoins en céréales à partir de notre production nationale. Pour ce qui est du reste, nous l’importerons», a-t-il encore rassuré.

Certes, le Président Kaïs Saïed avait, alors, l’intention de déclarer une guerre sans fin contre ceux qu’il considère comme des criminels et profiteurs des crises humaines. Mais, ses critiques virulentes et ses menaces proférées de poursuivre en justice les contrevenants n’ont pas été suivies d’effet. Même le récent décret présidentiel qui a été promulgué a, semble-t-il, manqué son coup.

Cela dit, le trafic spéculatif tourne à plein régime, preuve que la guerre n’est pas encore gagnée. Et la montée en flèche des prix, ainsi que la pénurie persistante des produits subventionnés en disent long sur la faiblesse de l’Etat et l’impuissance qu’il fait preuve face à cette nouvelle mafia. Il s’agit d’une menace pour notre sécurité alimentaire nationale. Gare à pareils criminels ! Car ventre affamé n’a point d’oreilles.

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