SHINOHARA Shunei, Représentant Résident de l’Agence japonaise de coopération internationale JICA, à La Presse « Objectif : réussir la conférence Internationale de Tokyo Ticad 8 »

Pour un développement durable en Tunisie, la Jica recherche sans cesse les outils de coopération les plus appropriés pour répondre aux besoins du pays en matière de prospérité économique et sociale. Sa coopération est fournie sous forme de projets de coopération technique, de projets de coopération financière et de dons, en plus de l’envoi de volontaires japonais et des programmes de soutien au secteur privé

Quels sont les projets accomplis par la Jica en Tunisie ?

J’ai occupé le poste de Représentant Résident de la Jica depuis l’été 2020, et ma mission en Tunisie est arrivée à terme à la fin du mois de mars 2022. C’est M. Ueno Shuhei qui me succèdera à la tête du bureau de la Jica Tunisie, chargé aussi des activités en Algérie. Vingt mois à la tête de la Jica Tunisie ont été marqués par l’achèvement de projets et le démarrage de nouveaux, mais aussi l’identification de nouvelles pistes futures, y compris celles déclenchées par la pandémie de la Covid-19, comme le secteur de la santé, la digitalisation et le soutien des startup innovantes, notamment en réponse à la pandémie. Après cette mission en tant que Représentant Résident, qui a été précédée de deux ans (2018–2020) en tant que Représentant Résident Adjoint, et deux ans et demi (2015-2018) en tant que Directeur pour l’Afrique du Nord et le Yemen au siège de la Jica, et aussi deux ans et demi (2006-2008) à la BAD quand elle était installée à Tunis, je ressens beaucoup d’émotions. J’ai d’abord un sentiment de fierté.

Avec nos partenaires tunisiens, la coopération n’a cessé de se renforcer et la Jica restera toujours leur partenaire solide. De nombreux projets structurants, tels que le pont Radès- La Goulette, les deux centrales électriques de Radès, la station de dessalement d’eau de mer à Sfax, les tronçons d’autoroutes Sfax-El Jem et Gabès-Médenine, les projets d’eau potable, d’irrigation et de protection contre les inondations, et un autre focus particulier sur le développement des ressources humaines, industrielles, économiques et également sociales, sont témoins de la profonde relation d’amitié tuniso-japonaise. Je partirai avec de beaux souvenirs de la Tunisie et avec mes vives aspirations de prospérité à ce beau pays. 

En quoi réside la collaboration entre la Tunisie et la Jica et quels sont les supports présents de la collaboration ? 

L’Agence japonaise de Coopération Internationale (Jica) a ouvert son bureau en Tunisie depuis 1975. Ses activités s’articulent autour de deux piliers. Il s’agit de la réduction de la disparité régionale par l’amélioration du niveau de vie et la promotion du développement régional, et la croissance économique par l’aménagement d’infrastructures économiques et le développement des ressources humaines.Pour un développement durable en Tunisie, la Jica recherche sans cesse les outils de coopération les plus appropriés pour répondre aux besoins de la Tunisie en matière de prospérité économique et sociale. Sa coopération est fournie sous forme de projets de coopération technique, projets de coopération financière et des dons, en plus de l’envoi de volontaires japonais et des programmes de soutien au secteur privé, tels que le projet «Kaizen», qui a réussi à améliorer la qualité et la productivité de plus de 80% dans plus de 80 entreprises modèles des secteurs ciblés, soit les secteurs électrique, mécanique, chimique et textile, ou aussi le projet Satreps de coopération scientifique qui vise à développer la co-recherche pour la valorisation scientifique des bio ressources en zones arides et semi-arides pour la création d‘une nouvelle industrie. La Jica fournit son appui d’une façon dynamique avec un objectif de développement social et économique du pays, donnant toujours l’importance à la relation de partenariat.

Le nouvel objectif à atteindre est la réussite de la conférence Ticad 8, prévue à la fin août 2022, dont la Tunisie est le pays hôte et dont la conférence ministérielle a été organisée, le week-end dernier, selon les annonces des deux gouvernements. Les thèmes discutés lors de la conférence ministérielle sont : la croissance durable et inclusive avec réduction des inégalités économiques, la société durable et résiliente fondée sur la sécurité humaine, la Paix et la stabilité durables.De par sa géolocalisation, la Tunisie se présente comme un hub ou un gateway liant le monde, surtout le Japon, l’Europe, le monde arabe et l’Afrique.

La Chambre de commerce et d’industrie tuniso-japonaise (Ccitj) vient d’organiser un séminaire sur le thème : «Economie bleue et agribusiness : perspectives Tunisie-Japon-Afrique». Ce séminaire vise à soutenir les jeunes startuppeurs tunisiens pour un développement Tunisie-Japon-Afrique. Comment évaluez-vous cette initiative ?

La Jica a une bonne relation de collaboration avec la Ccitj et souhaite la renforcer davantage. Nous apprécions ses actions de promotion des activités et les échanges triangulaires souhaités, à mon sens, par toutes les parties, et qui s’alignent totalement au concept de la conférence multilatérale Ticad. La Ccitj a également animé un autre séminaire sur le financement auquel nous avons participé, et que nous avons beaucoup apprécié.

Quels sont les difficultés que vous rencontrez dans la réalisation de vos projets en Tunisie ?

En toute franchise, ce qui semble peser beaucoup sur nos partenaires tunisiens, c’est la lourdeur administrative notamment au niveau de la passation de marchés, et également le suivi, la gestion de projets avec nous en tant que partenaires, et la surcharge de dossiers au niveau de chaque agence d’exécution de projet.

La pandémie de la  Covid-19 a impacté certainement l’exécution de vos projets ? 

Des retards causés par la crise sanitaire ont effectivement existé, mais c’est du passé. Avec tous nos partenaires, nous sommes passés à la vitesse supérieure. La crise nous a également donné une occasion d’intervenir dans le secteur clé de la santé. Les acquis de la coopération dans d’autres domaines dans le passé, tel que l’introduction de la méthode Kaizen dans les hôpitaux, ont été réalisés avec une initiative d’envergure et une excellente coordination entre les départements concernés du gouvernement, ce que je félicite.

Quel est l’apport de l’aide publique au développement (APD) accordé par le Japon pour le développement  de l’économie et l’amélioration de  l’environnement des affaires en Tunisie ?

L’aide publique au développement a contribué à la réalisation de plusieurs projets dont  l’approvisionnement stable en électricité pour les activités sociales et économiques ainsi que le projet d’aménagement de la ligne ferroviaire de la banlieue sud de Tunis, Borj Cédria, opérationnelle aujourd’hui, qui a été financée par la Jica,  facilitant le déplacement de beaucoup de personnes pour aller travailler ou étudier au centre de Tunis.Nous donnons également beaucoup d’importance au développement des ressources humaines pour une bonne qualification dans des domaines comme l’infrastructure Soft ou le trésor. L’infrastructure soft du développement au sein d’une économie est essentielle, et la Jica y apporte sa coopération par plusieurs interventions telles que le projet d’assistance technique de Kaizen dans les industries, et par de nombreuses formations et bourses au Japon, etc.Les ressources humaines et les infrastructures structurantes sont parmi les éléments essentiels du développement économique et d’investissement.

Pouvez-vous nous donner un aperçu sur les futurs projets de la Jica en Tunisie ? Quelles conclusions tirez-vous de cette expérience ?

En tant que partenaire solide, la Jica souhaite accompagner le gouvernement tunisien dans la réalisation des objectifs de développement socioéconomique escomptés et à relever les défis. Nos interventions restent toujours basées sur les politiques du gouvernement partenaire, tout en optimisant ou maximisant la valeur ajoutée de notre intervention dans les principaux piliers, et ce, pour faire face à de nouveaux challenges ou besoins tels que le changement climatique, l’économie verte, la digitalisation, l’innovation, etc… Nous accordons également une importance à la consolidation des acquis de la coopération réussie et fructueuse entre les deux pays dans divers domaines dont l’approvisionnement en électricité et en eau, l’assainissement, l’introduction de Kaizen dans les industries et le secteur de la santé, le développement des pêches artisanales, etc.

Tags

Laisser un commentaire