La prière sans la foi

Editorial La Presse

Ii ne fait aucun doute que ceux qui prétendent aujourd’hui vouloir sauver le pays après avoir vidé ses caisses n’ont pas de place dans le dialogue national. C’est d’ailleurs ce que ne cesse de proclamer haut et fort le Président de la République, convaincu du fait que certains acteurs politiques ont trop à faire avec leurs propres défaillances pour s’occuper de celles des autres.         

Evidemment, personne n’est exempt de la dégradation d’un environnement incapable de véhiculer un projet politique, encore moins social. Ce qui implique de facto des responsabilités multiples et partagées pratiquement à tous les niveaux.

Sur fond de confusion, de déceptions et d’échecs répétés, le parcours des partis politiques qui se revendiquent aujourd’hui dans la peau de sauveurs est l’histoire d’éternelles tribulations. Des partis politiques décollés de la réalité des Tunisiens et de plus en plus incapables de renouveler leurs centres d’intérêt au-delà de ce qu’ils ne cessent de laisser entrevoir. Bref de répondre à tout ce que les Tunisiens appellent de tous leurs vœux.

Le phénomène se poursuit : ceux qui continuent à bénéficier des privilèges, mais qui ne les méritent pas, cristallisent les tensions à des fins personnelles et politiques. Les signes de la vertu sans la vertu. La prière sans la foi. La raison d’être de tout un paysage est devenue liée à des facteurs extrapolitiques et ses lendemains ne sont pas rassurants. A bien des égards, on est dans un environnement d’excès, de dépassement et de dérèglement. La victimisation et la théorie du complot s’y invitent de plus en plus. Elles orientent les discours sur fond de polémiques, d’accusations, de dénonciations et de diffamations. Mais le plus contraignant dans cet excès de thèse de conspiration, c’est qu’elle touche des personnes plus que jamais discréditées. Des acteurs de la scène politique sans foi ni loi et qui continuent à se revendiquer autour d’arguments infondés, de croyances absurdes ou encore de vérités camouflées. Ceux qui donnent aujourd’hui des leçons de démocratie ridiculisent la vie politique avec leur jugement inapproprié et à coups de justifications inaudibles. 

On ne sait pas, on ne sait plus ce qu’il convient d’imaginer pour un paysage politique dont les bases fondatrices sont sapées. Souhaitons-lui quand même de trouver les hommes et les femmes idoines pour remettre de l’ordre dans un environnement sens dessus dessous… 

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