Mouvements sociaux | Le trimestre de l’attente…

Malgré la légère baisse du taux de mobilisation sociale enregistré lors du premier trimestre de 2022 par rapport au premier trimestre de 2021, estimé à environ 20%, la récolte de ces trois mois demeure importante avec 3.068 mouvements de contestations, dont le taux des protestations anarchiques a atteint 88%, voire 100% dans certaines régions, telles que Sidi Bouzid, Tozeur, El Kef et autres. Cette légère régression s’explique par l’état d’attente que connaît le citoyen depuis le 25 juillet, en attendant de vraies solutions aux crises globales auxquelles il est confronté. Politiquement, rien n’alimente les tensions sociales plus que les tensions politiques et l’émergence de discours violents, haineux et incitatifs. La sévérité de la crise politique a atteint les signes d’un conflit de légitimité entre le Bardo et Carthage. Tous ces évènements se sont produits dans un contexte de crise économique sans précédent et d’absence persistante d’un discours de communication clair et transparent permettant au gouvernement Bouden d’envoyer des messages positifs à la rue. Cette situation s’est accompagnée par l’escalade du ciblage de certains secteurs, y compris le système judiciaire et les médias. Économiquement et socialement, le document précise que la pénurie des produits de base a été le gros titre du premier trimestre de cette année. Ces matières comprenaient des dérivés de céréales, tels que la farine, la semoule et les pâtisseries, ainsi que de l’huile subventionnée, du sucre, du riz, des œufs, de l’ail, ainsi que d’autres produits…

Et face au manque de clarté et de transparence sur les véritables causes de la pénurie, une hystérie de masse a eu lieu pour le stockage des aliments, ce qui a doublé l’ampleur de la pénurie. A ce niveau-là, il faut ajouter que la guerre russo-ukrainienne a doublé l’ampleur des défis et fait évoluer la situation tunisienne, en termes de disponibilité des dérivés céréaliers, de mal en pis, alors que les observateurs économiques indiquent que le prix du blé a augmenté de 80% d’avril à décembre 2021 et le prix du boisseau de blé a dépassé 12 dollars début mars. Il a connu 44% d’augmentation depuis le début de la guerre russo-ukrainienne le 24 février. Par conséquent, l’approvisionnement en blé en Tunisie est devenu menacé par la guerre, d’autant plus que la Tunisie importe plus de 50% de son blé tendre d’Ukraine. D’autre part, le cercle de la précarité s’élargit, si bien que le nombre de Tunisiens pauvres est officiellement annoncé pour atteindre 4 millions, soit environ 34% de la population. Ce pourcentage augmentera inévitablement si les critères de mesure de la pauvreté sont mis à jour, y compris l’adoption de l’indicateur de salaire insuffisant.  Le premier trimestre de cette année n’a pas été un bon départ pour répondre aux revendications de la population et leur accorder leurs droits économiques, sociaux et environnementaux à travers les différents indicateurs recensés. Cela signifie que l’élargissement du fossé entre l’acteur social et les autorités, signifie le développement par l’acteur social de ses mécanismes de protestation face à l’accumulation d’un état de désespoir de la capacité des institutions étatiques à répondre à ses demandes. Cela signifie aussi que l’acteur social aura recourt à des solutions alternatives à la recherche du salut individuel, c’est-à-dire un retour à l’augmentation du volume du drame social en recours, à la migration non-réglementaire, à la contrebande, au suicide et au secteur parallèle.

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